Le président arménien Armen Sarkissian a annoncé dimanche sa démission, évoquant son incapacité inhérente à ses fonctions largement honorifiques à "influer" sur la politique tant intérieure qu'étrangère de son pays, qui traverse une véritable crise.
Depuis la chute de l'URSS et l'indépendance de l'Arménie "soviétique", le pays est en proie à l'instabilité politique sur fond de confrontation armée avec l'Azerbaïdjan, une autre ex-république soviétique. La dernière guerre du Haut-Karabakh et la défaite cuisante des forces arméniennes a fragilisé davantage le pays. Le Premier ministre Nikol Pachinian a pu garder de justesse son poste après une consultation populaire. Pachinian s'est présenté en tant que réformateur et promis de mettre au pas la vieille élite politique gangrénée par la corruption.
"Il ne s'agit pas d'une décision motivée par l'émotion et elle découle d'une logique spécifique", a expliqué M. Sarkissian dans un communiqué diffusé sur son site internet officiel.
"Le président ne dispose pas des outils nécessaires pour influer sur les processus importants de la politique étrangère et intérieure dans des moments difficiles pour le peuple et le pays", a-t-il ajouté, le pouvoir exécutif étant pour l'essentiel dans les mains du chef du gouvernement.
Au cœur du désaccord entre MM. Sarkissian et Pachinian, il y a eu le limogeage du chef d'état-major de l'armée arménienne, le premier ayant refusé de signer un ordre du second en vue de le destituer, un coup dur pour un Premier ministre alors en difficulté.
Le chef de l'Etat avait à l'époque argué du fait que la crise que connaissait l'Arménie ne pouvait être désamorcée par de fréquents changements de personnes dans les structures dirigeantes de l'Etat.
Dimanche, Armen Sarkissian s'est insurgé contre une "réalité dans laquelle le président ne peut mettre son veto à des lois qu'il juge mauvaises pour le peuple et pour le pays".
"J'espère que les modifications dans la Constitution seront finalement mises en œuvre et que le prochain président et l'administration présidentielle seront en mesure d'agir dans un environnement plus équilibré", peut-on encore lire dans le communiqué.
La Constitution précise que le Parlement - qui est dominé par des partis proches de Nikol Pachinian - doit organiser un vote pour désigner le prochain chef de l'Etat dans les 35 jours.
Ancien professeur de physique, Armen Sarkissian, né en 1953 à Erevan, a été Premier ministre en 1996-1997, avant d'être élu à une large majorité par les parlementaires président en mars 2018, après avoir été ambassadeur au Royaume-Uni.
L'annonce de sa démission est intervenue peu après une visite aux Emirats arabes unis à l'issue de laquelle son bureau avait fait savoir qu'il prendrait un congé pour se soumettre à des contrôles médicaux, sans fournir d'autres détails.
L'argent envoyé par les Arméniens de l'étranger a eu un impact considérable, contribuant à la construction d'écoles, d'églises et à la réalisation d'autres projets d'infrastructures, y compris au Nagorny-Karabakh. Dans de nombreux pays, il existe en effet aujourd'hui une importante communauté arménienne, qui y jouit d'une réelle influence politique, après un exil massif dans le monde entier à la suite des massacres de la fin de l'époque ottomane.
La diaspora arménienne est aujourd'hui évaluée à dix millions de personnes (contre trois millions d'habitants en Arménie), principalement en Russie, aux Etats-Unis et en France.
Avec AFP
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