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- Gush Katif, ou le fantasme du retour des colonies à Gaza
Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, un nom est souvent répété par certains soldats et responsables politiques: Gush Katif, l’ancien ensemble de colonies au sud de Gaza. Un nom synonyme de traumatisme pour une partie de la société israélienne, dont l’esprit revanchard est exacerbé par le conflit en cours.
Ces mots prononcés le 1er novembre 2023 ont valu au ministre israélien du Patrimoine, Amihai Eliyahu, une suspension des réunions gouvernementales. Au cœur du propos, un nom chargé de sens, régulièrement repris par certains soldats israéliens à Gaza: Gush Katif.
Derrière ce nom, un traumatisme inhérent à une partie de la société israélienne. Gush Katif désigne le principal ensemble de colonies anciennement établies à Gaza, un bloc de 17 installations localisées au sud de l’enclave, près de Khan Younès et du poste-frontière de Rafah.
Une situation délicate
Leur installation débute dans le sillage de la conquête du territoire par l’armée israélienne, au cours de la guerre des 6 jours, en 1967. À partir de cette date, des colons s’installent progressivement dans la bande de Gaza.
La population s’accroît progressivement pour atteindre environ 8.000 colons en 2005. Mais le Gush Katif est en mauvaise posture et représente une épine dans le pied de l’État hébreu. La situation de ces colonies, davantage isolées que les autres, les rendent vulnérables au cours des périodes de tension, notamment face aux attaques régulières de groupes armés palestiniens.
Un soldat israélien, prenant position sur la jonction principale menant au bloc de colonies juives de Gush Katif, pointe son arme sur une voiture palestinienne, le 8 octobre 2002, alors que l'armée israélienne a fermé la route principale entre le nord et le sud de la bande de Gaza et arrêté les voitures pour des contrôles de sécurité. (Fayez NURELDINE, AFP)
Mais surtout, en 35 ans de colonisation, seuls 8.000 colons y ont établi leur foyer. Ils représentent 1% de la population de l’enclave. Un rapport démographique largement défavorable aux colons, qui rend caduques de telles installations à long terme.
Entre 1987 et 1993, la première Intifada révèle cette position de faiblesse. La seconde, entre 2000 et 2005, achève de convaincre le gouvernement israélien de la difficulté de maintenir cette position.
Un démantèlement vécu comme un traumatisme
En 2004, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, annonce son intention de démanteler l’ensemble des colonies situées dans l’enclave. Une décision motivée qui permet à Israël d’obtenir l’aval de son allié américain concernant la légitimité d’autres installations coloniales en Cisjordanie. Un an plus tard, en août 2005, Sharon met son plan à exécution.
Gush Katif est le lieu où la procédure est la plus ardue. Plusieurs colonies composant l’ensemble comptent parmi les plus réfractaires à l’ordre d’évacuation.
Un colon israélien est emmené par des policiers israéliens après avoir tenté, avec d'autres manifestants, de bloquer la route principale menant à la colonie du Gush Katif de Neve Dekalim, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 août 2005. (David FURST, AFP)
Dans celle de Neveh Dekalim, la plus importante de toutes, avec plus de 2.600 habitants, environ 2.000 ultranationalistes israéliens se retranchent dans une synagogue. Au total, l’ensemble des quelque 8.000 colons sont évacués au cours de l’été 2005, de gré ou de force.
L’évacuation du Gush Katif est vécue comme un trauma au sein d’une partie de l’opinion publique de l’État hébreu: c’est la première fois qu’un gouvernement, pourtant considéré comme étant favorable à la poursuite de la colonisation, expulse des colons israéliens.
Esprit revanchard
Mais, depuis le début de l’offensive terrestre, le rêve d’un retour des colonies du Gush Katif revient en force dans les esprits revanchards d’une partie de la société israélienne, favorable à l’idée d’un «Grand Israël». 18 années se sont écoulées depuis l’épisode traumatique et l’idéologie qui découle du sionisme religieux a fait son chemin.
Source: Institut de sondage israélien Migdam.
Selon un sondage publié le 15 novembre par l’institut de sondage Midgam, 44% des Israéliens seraient ainsi favorables à un retour des colonies juives à Gaza. À titre de comparaison, 39% seraient en défaveur.
L’orange est la couleur de la lutte, c’est donc dans un combat que certains soldats israéliens semblent s’être engagés, un combat pour une idée: la refondation du Gush Katif. Mais une idée loin d’être soutenue par le premier ministre Benjamin Netanyahou, qui la juge irréaliste, pour les mêmes raisons qu’en 2005.
Ces mots prononcés le 1er novembre 2023 ont valu au ministre israélien du Patrimoine, Amihai Eliyahu, une suspension des réunions gouvernementales. Au cœur du propos, un nom chargé de sens, régulièrement repris par certains soldats israéliens à Gaza: Gush Katif.
Derrière ce nom, un traumatisme inhérent à une partie de la société israélienne. Gush Katif désigne le principal ensemble de colonies anciennement établies à Gaza, un bloc de 17 installations localisées au sud de l’enclave, près de Khan Younès et du poste-frontière de Rafah.
Une situation délicate
Leur installation débute dans le sillage de la conquête du territoire par l’armée israélienne, au cours de la guerre des 6 jours, en 1967. À partir de cette date, des colons s’installent progressivement dans la bande de Gaza.
La population s’accroît progressivement pour atteindre environ 8.000 colons en 2005. Mais le Gush Katif est en mauvaise posture et représente une épine dans le pied de l’État hébreu. La situation de ces colonies, davantage isolées que les autres, les rendent vulnérables au cours des périodes de tension, notamment face aux attaques régulières de groupes armés palestiniens.
Un soldat israélien, prenant position sur la jonction principale menant au bloc de colonies juives de Gush Katif, pointe son arme sur une voiture palestinienne, le 8 octobre 2002, alors que l'armée israélienne a fermé la route principale entre le nord et le sud de la bande de Gaza et arrêté les voitures pour des contrôles de sécurité. (Fayez NURELDINE, AFP)
Mais surtout, en 35 ans de colonisation, seuls 8.000 colons y ont établi leur foyer. Ils représentent 1% de la population de l’enclave. Un rapport démographique largement défavorable aux colons, qui rend caduques de telles installations à long terme.
Entre 1987 et 1993, la première Intifada révèle cette position de faiblesse. La seconde, entre 2000 et 2005, achève de convaincre le gouvernement israélien de la difficulté de maintenir cette position.
Un démantèlement vécu comme un traumatisme
En 2004, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, annonce son intention de démanteler l’ensemble des colonies situées dans l’enclave. Une décision motivée qui permet à Israël d’obtenir l’aval de son allié américain concernant la légitimité d’autres installations coloniales en Cisjordanie. Un an plus tard, en août 2005, Sharon met son plan à exécution.
Gush Katif est le lieu où la procédure est la plus ardue. Plusieurs colonies composant l’ensemble comptent parmi les plus réfractaires à l’ordre d’évacuation.
Un colon israélien est emmené par des policiers israéliens après avoir tenté, avec d'autres manifestants, de bloquer la route principale menant à la colonie du Gush Katif de Neve Dekalim, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 août 2005. (David FURST, AFP)
Dans celle de Neveh Dekalim, la plus importante de toutes, avec plus de 2.600 habitants, environ 2.000 ultranationalistes israéliens se retranchent dans une synagogue. Au total, l’ensemble des quelque 8.000 colons sont évacués au cours de l’été 2005, de gré ou de force.
L’évacuation du Gush Katif est vécue comme un trauma au sein d’une partie de l’opinion publique de l’État hébreu: c’est la première fois qu’un gouvernement, pourtant considéré comme étant favorable à la poursuite de la colonisation, expulse des colons israéliens.
Esprit revanchard
Mais, depuis le début de l’offensive terrestre, le rêve d’un retour des colonies du Gush Katif revient en force dans les esprits revanchards d’une partie de la société israélienne, favorable à l’idée d’un «Grand Israël». 18 années se sont écoulées depuis l’épisode traumatique et l’idéologie qui découle du sionisme religieux a fait son chemin.
Source: Institut de sondage israélien Migdam.
Selon un sondage publié le 15 novembre par l’institut de sondage Midgam, 44% des Israéliens seraient ainsi favorables à un retour des colonies juives à Gaza. À titre de comparaison, 39% seraient en défaveur.
L’orange est la couleur de la lutte, c’est donc dans un combat que certains soldats israéliens semblent s’être engagés, un combat pour une idée: la refondation du Gush Katif. Mais une idée loin d’être soutenue par le premier ministre Benjamin Netanyahou, qui la juge irréaliste, pour les mêmes raisons qu’en 2005.
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