RE-MED: un remède possible contre la prolifération des déchets
Depuis trois ans, le projet méditerranéen RE-MED promeut, notamment au Liban, la gestion, le recyclage et la réutilisation, via des boucles d’économie circulaire, des déchets de construction et de démolition. Une initiative intéressante, qui doit être présentée à la COP28 qui se tient actuellement à Dubaï.
Il s’agit d’un projet qui pourrait permettre au Liban d'améliorer enfin la façon dont il s’occupe de ses déchets. Un projet suffisamment important pour être présenté à la COP28 qui se déroule à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre. Ce projet, c’est RE-MED, une initiative méditerranéenne pour le recyclage des déchets de construction et de démolition.
Démarré en septembre 2020 et achevé ce mois-ci, en décembre 2023, RE-MED a été initié par la France, l’Italie et l’Union européenne (UE) pour bénéficier à deux premiers pays, le Liban et la Tunisie. Il leur permettra d’améliorer leur collecte et leur traitement des déchets de construction via des séminaires et des conférences, des transferts de compétences, des aides financières et logistiques et des essais en laboratoire pour prouver la viabilité du concept et l’ouverture de nouveaux marchés. RE-MED a bénéficié d’un budget de 3,2 millions d’euros, financé à 90% par l’UE via diverses subventions.
Des aides et des incitations pour le Liban
Au Liban, les principaux bénéficiaires étaient au nombre de trois: le ministère de l’Environnement, dont le ministre, Nasser Yassine, s'est beaucoup investi dans le projet, selon les organisateurs; le syndicat des entrepreneurs des travaux publics; et le département de génie civil et environnemental de l’Université américaine de Beyrouth.

«Nous avons élaboré un guide de valorisation des déchets de construction pour le Liban et plusieurs autres guides de macro et microéconomie à l'intention des entreprises, pour les sensibiliser à l’économie circulaire», explique à Ici Beyrouth Oumaya Marzouk, coordinatrice principale de RE-MED. Le projet a, par exemple, permis de subventionner, à hauteur de 60.000 euros, une station de recyclage à Nabatieh (Liban-Sud). L’entreprise en charge du complexe, Fakih Brothers, a été aidée pour lancer la production de granulats recyclés issus de matériaux de construction, qu’elle peut désormais vendre aux entreprises de travaux publics.
Car là est tout l’objectif de RE-MED: montrer qu’il est possible d’utiliser les déchets de construction et de démolition, de les recycler pour ensuite les vendre à des entreprises du secteur, qui elles-mêmes produiront ce même type de déchets, lesquels seront une nouvelle fois recyclés, et ainsi de suite. En Tunisie, une première route pilote a été construite pour prouver l’intérêt et la fiabilité des matériaux recyclés. «Le pays était déjà prêt. Des lois avaient été passées, le public et les acteurs privés étaient sensibilisés, ce qui a grandement aidé», indique Oumaya Marzouk.
Un projet libanais encore naissant
Au Liban, le projet en est encore au stade préliminaire. «Nous espérons pouvoir prochainement tester le granulat recyclé pour prouver son intérêt et ouvrir un premier marché public. Nous avons commencé par former nos partenaires à l’économie circulaire: comment revendre, collecter les déchets, les valoriser, ce qu’est un marché public écologique... C’est quelque chose de nouveau dans le sud de la méditerranée, alors qu’ailleurs tout le monde connaît. On ne fait plus de routes sans matériaux recyclables. C’est impensable écologiquement et économiquement», ajoute Oumaya Marzouk.
Le projet a également permis la mise en place du RE-MED Community, une plateforme en ligne qui met en relation tous les acteurs, qu’ils soient libanais, tunisiens, français ou italiens. Entreprises, collectivités, transporteurs et experts y échangent leurs expériences et leurs connaissances sur le recyclage et l’économie circulaire. Des ressources qui pourraient s’avérer utiles pour le Liban s’il souhaite un jour se débarrasser enfin, voire réutiliser, ses nombreux déchets.
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