L’entorse au Code de la monnaie et du crédit

Nous assistons, actuellement, à des tentatives malsaines et, en tout cas, illégales, concernant les mécanismes de couverture des dettes de la Banque du Liban. Malsaines, parce que, par une posture d’équilibriste, on recherche un bouc émissaire auquel on fera injustement porter le fardeau des obligations de l’État envers la Banque du Liban, qui se chiffrent à 72 milliards de dollars américains... comment? En mettant en avant les prétendues vertus du citoyen et donc de l’épargnant ou aussi des banques privées, devant apporter, dans ce cas, leur participation au recouvrement des dettes, en augurant, hypocritement, le principe de la citoyenneté. Illégales, parce que personne ne pourrait feindre d’ignorer l’article 113 du Code de la monnaie et du crédit au Liban, qui stipule, de manière précise, qu’il incombe à l’État de s’acquitter des dettes de la BDL.
Il faudrait cesser, en l’occurrence, de jouer la dérobade. Il est, en effet, impensable que la Banque du Liban ne puisse être remboursée par l’État pour des crédits accordés, par cette dernière, au ministère des Finances, contre des dépenses de l’État approuvées par les Conseils des ministres successifs et avalisées par les commissions parlementaires concernées. Les banques privées au Liban ont certes, pour leur part, accepté d’investir, mais sur la base d’instruments émis par l’État, permettant des financements considérés crédibles. Ce qui n’a pas été le cas malheureusement.

Rappelons ici, à juste titre, que la dette souveraine est une dette émise par un émetteur souverain, c’est-à-dire, en général, un État. Elle représente ce que le gouvernement d’un pays doit. On peut aussi parler de dette nationale, de dette de pays ou de dette publique, car le mot «souverain» signifie gouvernement national.
Il est, par conséquent, totalement irresponsable, et même criminel, de tenter, par des moyens étranges, de faire participer les déposants, les banques privées et la Banque du Liban au recouvrement des pertes de cette dernière. L’État «riche» devant, à cet égard, s’appliquer à prendre les mesures adéquates qui s’imposent pour une restructuration totale des institutions et une bonne gestion des secteurs publics comme le port, l’aéroport, la foire, le tourisme ou la santé, l’électricité, l’eau… et j’en passe…
* Antoine Menassa est président de l’Association des hommes d’affaires libanais de France (Halfa).
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