Pour les municipales, qui devraient se tenir en mai 2024, le principe des quotas pourrait être appliqué. Avancée par l’association Fifty-Fifty, la proposition de loi qui prône les quotas féminins pour les élections municipales a été adoptée par cinq partis politiques libanais et sera soumise, dans une seconde étape, aux commissions parlementaires chargées d’en discuter.
Dix députés, dont 4 femmes et six hommes, de tous bords politiques (à l’exception des Forces libanaises et du Hezbollah) ont accepté de mettre en place un système de quotas, proposé par l’association Fifty-Fifty, qui permettrait aux femmes de prendre part, de manière active, aux élections municipales. Il s’agit de Samy Gemayel et Elias Hankach (parti Kataëb), Bilal Abdallah, Raji Saad et Hadi Aboul Hosn (Parti socialiste progressiste), Nada Boustani et Simon Abi Ramia (Courant patriotique libre), Inaya Ezzeddine (mouvement Amal) et Najat Saliba et Halima Kaakour (indépendantes).
Interrogée par Ici Beyrouth, la présidente de Fifty-Fifty, Joëlle Abou Farhat explique que même si les Forces libanaises et le Hezbollah se montrent réticents quant à une telle proposition, ils ne s’y opposent pas complètement. «Le chef des FL, Samir Geagea considère que le processus devrait se faire de manière ‘organique’. Or, depuis 1953, date à laquelle les femmes libanaises ont obtenu le droit de vote et de participation à la vie politique, la participation de la femme dans la vie politique est souvent controversée, en raison du système patriarcal, féodal et confessionnel», constate Mme Abou Farhat. Et d’indiquer que le parti de M. Geagea pourrait reconsidérer sa position une fois la proposition de loi soumise aux commissions parlementaires.
Pareil pour le Hezbollah. D’après elle, le député Mohammad Raad a affirmé que son parti n’est pas prêt à signer une telle proposition, mais qu’il ne s’y opposera pas, une fois soumise à l’assemblée plénière. Selon ses explications, un des arguments de la formation pro-iranienne est qu’elle élabore une stratégie pour soutenir le rôle de la femme en son sein.
La loi 30-50
Selon la proposition de loi présentée par Fifty-Fifty, le quota de 30% serait appliqué pour les conseils municipaux composés de 9 et de 12 membres, puisqu’il s’agit, selon Mme Abou Farhat, «de villages et de régions où l’esprit patriarcal prévaut, ce qui s’avère décourageant pour les femmes qui ont l’intention de se présenter aux élections».
Pour ce qui est des conseils municipaux qui comptent 15, 18, 21 ou 24 sièges, le quota de 50% serait retenu.
Autre élément figurant dans la proposition de loi: faire en sorte que la présidence et la vice-présidence du conseil soient tenues par un homme et une femme. En d’autres termes, si une femme est élue à la tête de la municipalité, c’est à un homme que revient la vice-présidence du conseil et vice-versa.
Sur les 17 pays arabes, le Liban se trouve en 15e position par rapport au rôle qu’occupe la femme sur la scène politique. «Décadence dans un pays censé être un modèle de démocratie et de libertés», regrette Mme Abou Farhat. Il faut dire que le système politique actuel, ainsi que la réticence des partis politiques à faciliter l’accès des femmes à des positions clés au sein de leur organisme, rendent difficile l’implication des femmes dans la vie politique. Aujourd’hui, et avec l’adoption de cette proposition, le changement devient de plus en plus perceptible.
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