A Gaza, les chrétiens refusent de quitter leurs églises
©(Photo de MAHMUD HAMS/AFP)
Malgré la guerre entre le Hamas et Israël, la communauté chrétienne de Gaza, comme l’ensemble des Palestiniens, tente de résister sur ses terres. Environ 1100 chrétiens palestiniens vivent à Gaza depuis la Nakba. Faisant fi de la demande d’évacuation de l’armée israélienne, ils refusent de quitter les deux Églises encore ouvertes de Gaza situées dans le nord de l’enclave.

Majoritairement orthodoxes, les chrétiens de Gaza représentent 0,05% de la population. Ils sont rassemblés au sein de l’Église de la Sainte Famille (catholique) située près de l’hôpital al-Chifa et de l’église St Porphyrius (orthodoxe). Cette dernière avait été touchée par des missiles israéliens le 19 octobre faisant 18 morts et des dizaines de blessés. L’armée israélienne avait alors déclaré que les bombardements visaient un centre de commandement du Hamas situé à proximité. Mais selon le média al-Monitor, le bâtiment mentionné par l’armée israélienne était abandonné.

Face à l’avancée de l’offensive israélienne, les chrétiens palestiniens peinent à garder espoir. « La situation à Gaza est tragique » confie à Ici Beyrouth Sœur Nabila. « Durant la trêve, nous sommes sortis et avons constaté l'ampleur des destructions massives causées par les bombardements. La plupart des familles chrétiennes ont vu leurs maisons démolies et les autres ont été tellement endommagées qu’elles sont devenues inhabitables ».

Mais cette communauté soudée refuse cependant d’aller dans le sud de peur de devoir dormir dans la rue. « La plupart des chrétiens sont restés dans le nord », confirme Sœur Nabila, soulignant vivre « une expérience difficile pleine de peur, d'horreur et de défis, mais en même temps pleine de foi et d'espoir ».


Religieuse de la congrégation du Saint Rosaire, Sœur Nabila travaille sans relâche pour soutenir les quelque 700 personnes déplacées ayant trouvé refuge dans le complexe de l’Église de la Sainte Famille, dont 50 personnes handicapées. Le 4 novembre, l’école catholique des Sœurs du Saint Rosaire dont elle est la directrice a été touchée par une frappe aérienne. Créée en 2000, cette école accueillait 1250 élèves, chrétiens et musulmans, offrant un enseignement aux familles pauvres. Selon le patriarcat orthodoxe de Jérusalem, au moins 19 lieux de culte, dont des mosquées et des églises, ont été pris pour cible à Gaza au cours des trois premières semaines du conflit.

Mais en dépit des bombardements intensifs, Sœur Nabila ne veut pas abandonner sa paroisse, d’autant qu’une partie des personnes dont elle s’occupe ne sont pas en capacité de se déplacer. Un ancrage territorial important pour elle, affirmant que « l’avenir de chacun réside dans sa patrie et non en dehors. Nous faisons partie intégrante de la société palestinienne ». D’autant que le territoire palestinien revêt une importance symbolique pour les chrétiens. « La principale préoccupation de l'Église, est de permettre aux chrétiens de rester sur leur terre, la terre du Christ » souligne-t-elle.

Un projet rendu difficile par le blocus que subit l’enclave et les réguliers affrontements entre le Hamas et Israël. Faces à ces difficultés, les chrétiens comme les autres gazaouis sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter l’enclave dans l’espoir d’un avenir meilleur. En 15 ans selon National Geographic, 70 % de la population chrétienne de Gaza s’est exilée. Un chiffre qui pourrait augmenter face aux opérations israéliennes dans l’enclave.

Mais malgré les difficultés, Sœur Nabila refuse de baisser les bras. « Ma foi m'aide à vivre la souffrance, à la partager avec les autres et à la vivre avec espoir, amour et service pour le bien des familles qui sont avec nous » conclut-elle. Un espoir fondé sur sa foi chrétienne.
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