C’est au CUM que le sportif de l’extrême Ara Khatchadourian est intervenu à l’invitation de l’ONG «Les amis des enfants pour célébrer son vingtième anniversaire et rendre hommage à sœur Emmanuelle. Une table ronde portant sur le thème des droits des enfants s’est déroulée en présence de la présidente d’ADE Muriel Tran Ercolano et de Frédéric Bousquet, vice-champion olympique de natation. L’ADE a obtenu auprès de l’ONU à New York le statut consultatif spécial qui lui permet de prendre part aux conférences internationales entrant dans son domaine d’action. Elle est soutenue par le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Éducation nationale afin d’intervenir dans les établissements scolaires.
Après la projection d’un court documentaire sur les actions de sœur Emmanuelle et la création d’ADE en juillet 2003, Muriel Tran Ercolano (Médaille d’honneur remise par le prince Albert II de Monaco en 2009 et prix Créadie en 2015) parle de son enfance torturée qu’elle raconte dans son livre Il suffit d’aimer pour préserver la vie. Sœur Emmanuelle lui a confié une mission qu’elle réalise tous les jours depuis vingt ans, celle de venir en aide aux enfants abandonnés aux violences du monde. Muriel Tran Ercolano avait écrit: «J’ai moi aussi mon Everest 'intérieur' à gravir en me dépassant.» Son engagement dans l’humanitaire s’est traduit par des actions dans de nombreux pays dont le Liban. Des personnalités parrainent son association, qu’il s’agisse de Monica Bellucci, Isabelle Adjani, Michel Boujenah, Boris Cyrulnik ou Georges Clooney, tous expriment leur admiration pour cette femme pleine d’amour et de générosité.
Répondant à son invitation, Ara Khatchadourian et Frédéric Bousquet, tous deux venus de Marseille, témoignent chacun de son expérience personnelle et montrent qu’il faut oser, croire et être déterminé pour atteindre ses objectifs.
Le parcours d’Ara Khatchadourian est celui d’un battant qui a tracé sa route en relevant les plus grands défis. Il a su «se dépasser», selon les mots de sœur Emmanuelle, pour devenir alpiniste, marathonien et nageur après l’âge de 40 ans: «J’ai eu une enfance très difficile dans un milieu défavorisé. J’avais 10 ans quand la guerre a éclaté au Liban. Il n’y avait que le scoutisme pour me donner envie de me battre. J’ai quitté l’école à 15 ans pour travailler dans un atelier de joaillerie. À 19 ans, je suis parti rejoindre mon oncle à Marseille avec 100 euros en poche et ne parlant pas un mot de français. J’ai travaillé jour et nuit car je voulais réaliser mon rêve. À 24 ans, j’ai ouvert ma première boutique à Marseille puis, quatre ans plus tard, une seconde bijouterie. Je n’avais pas de temps pour le sport. Et c’est à 40 ans que j’ai découvert la course à pied lors d’un marathon à Beyrouth. À mon retour à Marseille, j’ai commencé à m’entraîner et à enchaîner les marathons (Paris, Marrakech, Barcelone...)».
Animé par la passion de relever des défis et le besoin de se dépasser, Ara Khatchadourian va courir les 170 km de la Diagonale des fous puis gravir le Mont-Blanc, sa première ascension. Il confie: «J’ai gravi les 4.810 mètres du Mont-Blanc avec beaucoup de difficultés, mais une fois au sommet, j’ai assisté à un lever du soleil extraordinaire. J’ai alors décidé de gravir d’autres sommets.»
Il gravit le mont Ararat pour porter le drapeau de la paix, de l’Arménie et de la France qu’il remercie de l’avoir adopté. Puis ce sera le Kilimandjaro. Il ajoute: «L’association T’Cap qui favorise l’intégration des jeunes porteurs de handicap mental (la trisomie 21) m’a contacté pour raconter mes aventures. J’en suis devenu le parrain.»
En 2013, il décide de gravir l’Everest pour le centième anniversaire du génocide arménien et pour transmettre un message de paix, de mémoire et de reconnaissance. Mais l’Everest culmine à 8.848 mètres. «Je devais me préparer avant d’entreprendre cette ascension. J’ai donc gravi les plus hauts sommets en Amérique du Sud (en Bolivie, Équateur et au Pérou) puis au Kirghizstan», explique-t-il. Une fois prêt, il part pour l’Everest. «C’était le 25 avril 2015. Il y a eu un tremblement de terre et 23.000 morts à Katmandou. J’ai failli mourir», raconte-t-il.
À son retour à Marseille, le sportif de l’extrême n’a pas renoncé aux exploits. Il repart à Katmandou et, en mai 2016, atteint le sommet de l’Everest après 46 jours d’ascension extrêmement difficiles. Il fallait beaucoup de courage et de volonté pour continuer. «J’avais promis à des enfants hospitalisés de déposer un ours en peluche au sommet et je pensais à cette promesse quand j’étais sur le point de renoncer. J’ai pleuré tous les jours. Je pensais aussi à ceux qui croient en moi, aux donateurs et aux sponsors. Je devais aller jusqu’au bout», confie-t-il.
Ce compétiteur de l’extrême, qui se veut «citoyen du monde», a mis plusieurs mois à guérir de ses blessures après l’ascension de l’Everest avant d’être sur pied. Et le voilà qui repart pour un nouveau défi. Il veut dénoncer la violence dans le monde, transmettre un message de paix. Il enchaîne: «En avril 2018, je suis parti courir de l’Hôtel de ville de Marseille et j’ai traversé 11 pays: Monaco, Italie, Slovénie, Croatie, Serbie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Jordanie. Objectif: porter une lettre au président Erdogan lui demandant de reconnaître le génocide arménien. Je suis arrivé en Arménie le 21 juillet.»
L’idée d’apporter son soutien à sa ville d’adoption et à la capitale de sa naissance germe dans sa tête. «J’ai prévu de traverser la Méditerranée à la rame de Marseille à Beyrouth. J’avais promis à mon ami Akram Nehmé, président de l’association Achrafieh 2020 (qui vient en aide à plus de 1.000 familles à travers des initiatives sociales, culturelles et environnementales dans la dignité et la préservation des droits humains) de récolter des fonds. Le départ du Rowing for Peace s’est fait le 27 mai 2023. Je suis arrivé à Beyrouth le 22 août après avoir traversé plusieurs villes méditerranéennes», dit-il.
Outre ses conférences dans les entreprises et ses interventions dans les écoles, Ara Khatchadourian s’est lancé un nouveau défi dont il nous parle: «Le prochain sera Plank for Peace ou 'stop the war' en septembre 2024. Je veux récolter des fonds pour les associations dont je suis le parrain.»
À l’issue de la table ronde, des prix ont été remis pour les plus beaux dessins réalisés par des enfants des écoles de Nice qui ont participé au concours sur la solidarité entre jeunes.
Quelques mots de sœur Emmanuelle:
«Les enfants sont l’avenir de l’humanité.»
« Agir pour l’autre, tel est notre tremplin de joie.»
«Ton amour peut faire des miracles.»
«Jour après jour, profite de la minute présente pour t’épanouir et épanouir l’autre.»
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