Gebran Tuéni, ou le Liban qui aurait pu être
Gebran Tuéni, éminent journaliste et homme politique libanais, est évoqué avec une grande émotion, à l’occasion de la 18e commémoration de sa disparition tragique.
Ancien rédacteur en chef du prestigieux quotidien libanais, An-Nahar, Tuéni a courageusement traité des questions cruciales, défiant le statu quo et plaidant en faveur des valeurs démocratiques. Cependant, son parcours a été brusquement interrompu ce funeste 12 décembre 2005, lorsqu’il a été ciblé par un attentat à la voiture piégée à Mkallès, près de Beyrouth. Cet événement tragique a raisonné comme une onde de choc au Liban, marquant un sombre chapitre de l’histoire du pays et révélant les dures réalités auxquelles sont confrontés les journalistes dans leur quête de vérité et de justice.
Marwan Hamadé, oncle maternel et allié politique de Gebran, souligne le schéma troublant qui a visé des personnalités clés pour le renouveau du Liban. «Ce qui s’est produit, c’est qu’ils ciblaient chaque personne, chaque leader, chaque intellectuel, chaque journaliste ou homme politique qui aurait pu incarner l’espoir d’une renaissance du Liban à cette époque. Gebran était un atout, non seulement pour le redressement du Liban mais aussi pour la mise en place d’un nouveau système, ou du moins pour l’amélioration du système.»
M. Hamadé poursuit en soulignant l’importance de Tuéni dans ce contexte, le décrivant comme «le plus représentatif d’une transition entre l’ancien Liban et celui qu’il aurait dû être, ou aurait pu être, si toute cette génération n’avait pas été éliminée.»
May Chidiac, consœur et survivante d’une tentative d’assassinat, se penche sur l’évolution du paysage médiatique au Liban. «Gebran ne serait pas réellement satisfait du paysage médiatique actuel», affirme-t-elle, le dépeignant comme «une icône médiatique». Mme Chidiac déplore également l’état actuel des médias libanais, estimant qu’ils ont perdu une grande partie de leur indépendance et de leur crédibilité.
Abordant la question de la polarisation politique et des profondes divisions politiques qui gangrènent le pays, Mme Chidiac déclare: «Hélas, nous devons admettre que nous sommes inquiets pour notre avenir, une préoccupation que Gebran aurait certainement abhorrée, parce qu’il croyait en l’unité du Liban et en la nécessité d’être solidaires pour défendre notre souveraineté.»

Shirine Abdallah, l’ancienne assistante personnelle de Gebran Tuéni, qui a collaboré étroitement avec lui pendant une période significative, nous fait part de ses réflexions sur l’impact qu’aurait pu avoir le journaliste visionnaire sur le Liban. «Après avoir passé une semaine à travailler avec Gebran, j’ai compris ce qu’il allait devenir et ce qu’il pouvait apporter au Liban.»
Évoquant les débuts de leur collaboration, Mme Abdallah décrit la passion et l’engagement inébranlables de Gebran pour le Liban. «J’ai travaillé avec lui, lui disant que j’avais décidé de le soutenir, qu’il le veuille ou non, et c’est ainsi que les choses se sont passées.»
Elle ajoute: «Je n’ai jamais regretté le choix que j’ai fait à l’époque de travailler avec Gebran. Son absence est une grande perte, aussi bien pour moi que pour le journal, et incontestablement pour le Liban. Nous continuerons à pleurer la perte de Gebran jour après jour.»
Alors que nous revenons sur la vie et l’héritage de Gebran Tuéni, il est impossible d’ignorer les circonstances entourant son assassinat tragique, une piqûre de rappel brutale des dangers affrontés par les personnes qui s’engagent à défendre les principes de la démocratie et de la transparence au Liban.
En cette journée, nous honorons sa mémoire et les principes fondamentaux qu’il défendait.
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