Nucléaire: l'Iran et les USA envisagent des négociations directes
©Des membres de la délégation iranienne lors d'une réunion de l'AIEA à Vienne, en septembre 2021. (AFP)

Ce n'est pas encore la fin d'une saga qui semble s'éterniser, mais un changement de décor qui pourrait avoir un effet non négligeable sur le scénario de la fin. L'Iran a pour la première fois envisagé lundi de négocier directement avec les Etats-Unis, qui ont aussitôt dit être prêts à ces discussions "urgentes".


Jusque-là, les Iraniens avaient refusé net toute réunion avec les Américains, estimant que le pays ennemi devait "changer d'attitude" et retourner dans l'accord de 2015 avant d'envisager de lui parler sans intermédiaires. La déclaration du ministre iranien des Affaires Etrangères Hossein Amir-Abdollahian lundi était donc une inflexion de taille.



"Actuellement, l'Iran ne négocie pas directement avec les États-Unis, mais si durant les négociations, nous arrivons à un point où la conclusion d'un bon accord avec de solides garanties nécessite un certain niveau de discussions avec les Etats-Unis, nous le prendrons en considération", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne lors d'une conférence diffusée à la télévision d'État.

Il a reconnu que "la partie américaine" envoyait "des messages de diverses manières dont l'objectif est d'avoir des contacts directs avec l'Iran".

Cette déclaration intervient alors que les deux camps font enfin état de "progrès" dans les pourparlers qui se tiennent à Vienne, même si les Occidentaux mettent en garde contre le risque qu'ils soient trop tardifs pour permettre une percée décisive.

"Au rythme actuel des avancées nucléaires de l'Iran, nous n'avons presque plus de temps" pour parvenir à une entente, a ainsi prévenu lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

"Nous sommes prêts à les rencontrer directement", a-t-il ajouté, rappelant que Washington juge depuis le début que "ce serait plus productif". Selon lui, "se rencontrer directement permettrait une communication plus efficace, qui est urgente pour parvenir rapidement à une entente".

L'accord de 2015, conclu entre l'Iran d'une part et l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie d'autre part, offrait à la République islamique un allègement drastique des sanctions internationales en échange d'une limitation tout aussi draconienne de son programme nucléaire, afin de garantir qu'elle ne cherchait pas à se doter de la bombe atomique.

Mais en 2018, sous la présidence de Donald Trump qui le jugeait insuffisant, les États-Unis ont quitté l'accord et rétabli les sanctions économiques contre l'Iran, qui, en riposte, s'est progressivement affranchi des restrictions imposées à ses activités nucléaires.

L'actuel président américain Joe Biden veut revenir dans l'accord à condition que Téhéran renoue aussi avec ses engagements.

Des pourparlers se sont ouverts en avril à Vienne, et ont repris à l'automne après une pause de cinq mois, pour mettre en musique ce "retour mutuel" dans le texte de 2015.

Mais ils se déroulent entre Téhéran et les grandes puissances encore membres de l'accord conclu en 2015, tandis que les Américains y participent de manière indirecte sans jamais avoir rencontré jusqu'ici les Iraniens. L'Union européenne joue les médiateurs.

Avec AFP

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