©Des renforts venant des autres régions kurdes ont été mobilisés pour arriver à bout de la résistance jihadiste. (AFP)
Cinq jours après l'assaut lancé par les jihadistes de Daesh (Etat islamique ou EI) pour libérer leurs prisonniers détenus dans la prison de Hassaké, les combats continuent de faire rage. Les forces du FDS, une coalition de combattants en majorité kurdes ainsi qu'une minorité arabe qui contrôle cette région du nord-est de la Syrie, font face à une résistance acharnée des membres de l'EI retranchés à l'intérieur de la prison de Ghwayran.
Les FDS sont aidées de soldats américains déployés en Syrie dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis. (AFP)
Les prisonniers ainsi qu'une partie des assaillants sont retranchés dans la partie nord de la prison et les forces kurdes cherchent à les encercler totalement, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les FDS sont aidées de soldats américains déployés en Syrie dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis.
Elles progressent lentement dans la prison de crainte d'une embuscade des jihadistes et jouent "sur le facteur temps pour pousser à une reddition des jihadistes", a précisé M. Abdel Rahmane.
"Ils n'ont d'autre choix que de se battre jusqu'au bout ou de se rendre. Si un règlement n'est pas trouvé, un massacre pourrait se produire et des centaines de personnes seront tuées", a-t-il ajouté.
Des efforts sont en cours pour permettre des soins médicaux pour les jihadistes blessés en prison, en échange de la libération par les jihadistes d'une quinzaine de gardes et membres du personnel pénitentiaire qu'ils retiennent encore, selon lui.
Des centaines de jihadistes ont réussi à fuir. Mais "plus de 850 terroristes parmi les détenus qui ont participé à la mutinerie et les assaillants se sont rendus", a affirmé Farhad Shami, porte-parole des FDS, dominées par les Kurdes.
Farhad Shami a confirmé des appels à la reddition des jihadistes et à libérer les membres du personnel pénitentiaire ainsi que les mineurs de différentes nationalités emprisonnés en raison de leurs liens avec l'EI. Plusieurs enfants avaient été recrutés et entraînés par l'EI en Syrie.
L'ONU et d'autres organisations internationales ont fait part de leur préoccupation, après que les FDS ont accusé les jihadistes d'utiliser ces mineurs comme "boucliers humains".
Des combats acharnés dans la prison et les secteurs environnants ont suivi entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui contrôlent cette prison et les assaillants faisant 166 morts en cinq jours; 114 jihadistes, 45 combattants des FDS et sept civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les affrontements, qui continuent épisodiquement, ont poussé à la fuite environ 45000 personnes vivant dans les secteurs proches, d'après l'ONU.
Quelque 3500 jihadistes étaient détenus dans cette prison, a indiqué l'OSDH. Et selon des groupes de défense des droits humains et l'ONU, des centaines de mineurs y sont également retenus.
Après l'assaut, les détenus se sont mutinés contre leurs gardiens. Certains se sont emparés d'armes dans une armurerie de la prison et ont participé aux combats. Un nombre d'assaillants est parvenu à entrer dans la prison, a précisé l'ONG.
L'assaut jihadiste contre la prison est la plus importante attaque menée par l'EI depuis sa défaite en 2019 en Syrie infligée par les FDS avec l'aide de la coalition internationale.
Les Kurdes, qui contrôlent des régions du nord et nord-est de la Syrie, réclament depuis des années le rapatriement de quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités, de pays européens et autres, détenus dans leurs prisons. En vain.
M. Shami a réitéré cet appel au rapatriement, en précisant que "les terroristes les plus dangereux au monde se trouvent dans la prison" de Ghwayran.
Pour Nick Heras, chercheur à l'Institut Newlines, l'assaut jihadiste devrait constituer "un signal d'alarme pour les Occidentaux, prouvant que les FDS n'ont pas les capacités suffisantes pour pouvoir héberger, soigner et garder seules des dizaines de milliers de prisonniers de l'EI indéfiniment."
"La prison de Ghwayran était une bombe à retardement."
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.
Le conflit a fait environ 500.000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
Avec AFP
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