L’univers de Jacques Lacan dévoilé dans une exposition inédite
Le centre Pompidou-Metz accueille, dès ce dimanche, une rétrospective inédite consacrée à Jacques Lacan, figure emblématique de la psychanalyse du XXe siècle. Intitulée Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse, elle transcende les habituelles joutes politiques et met en lumière l’interaction entre l’art et la pensée du psychanalyste visionnaire.
L’exposition s’articule autour de L’Origine du monde de Gustave Courbet (1866), une pièce maîtresse autrefois possédée par Lacan. Selon Paz Corona, psychanalyste et associée aux commissaires de l’exposition, Lacan était un «penseur visionnaire» et un «grand curieux, ami de l’art». Le parcours thématique de l’exposition met en relation des œuvres anciennes commentées par Lacan lors de ses séminaires et des créations contemporaines résonnant avec sa pensée, abordant des concepts tels que «Le Stade du miroir» ou «Le Nom-du-Père».
Marie-Laure Bernadac, commissaire de l’exposition, révèle que l’enjeu était de représenter le psychanalyste «fascinant et très controversé». La passion de Lacan pour l’art, à travers laquelle il commentait de nombreuses œuvres, a été la clé de cette représentation. Lacan, également poète et étudiant en lettres, entretenait des liens étroits avec des artistes de l’avant-garde comme Salvador Dalí, André Masson, Georges Bataille, Pablo Picasso ou Dora Maar.

L’exposition s’ouvre sur une vidéo de 1974, montrant la seule intervention télévisée de Lacan, et invite les visiteurs à pénétrer dans une reconstitution de son cabinet, au décor de moquette rouge. Les commissaires soulignent que Lacan percevait les œuvres d’art comme des «objets-regards éblouissants», imprégnés de la culture visuelle et artistique de son époque.

L’exposition ne se contente pas de retracer la vie de Lacan, elle invite également à explorer et apprécier ses concepts clés comme le regard ou le corps morcelé. Paz Corona résume: «L’art sert à Lacan à faire voir ses concepts.» Un exemple frappant est la «palissade rossignolesque» de Raymond Hains (1997), illustrant les jeux de mots et d’esprit qui émaillent l’exposition.
Lacan, avec des thèmes comme la place de la femme ou Le Nom-du-Père, abordait déjà des questions aujourd’hui centrales dans le débat public. L’exposition met en lumière ces thématiques à travers des œuvres telles que Sans titre de Maurizio Cattelan (2007) ou les créations de Niki de Saint Phalle.
Les nombreux autres concepts lacaniens, tels que le phallus, les excréments, ou encore «Il n’y a pas de rapport sexuel», sont également représentés, comme dans la sculpture The Impossible III de Maria Martins (1946).
Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse offre une immersion profonde dans l’univers du psychanalyste et sera accessible jusqu’au 27 mai 2024.
Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire