Le centre Pompidou sur roues à travers la France
©Crédit photo: Jean-Christophe Verhaegen / AFP
Grâce au concept innovant du musée mobile, le centre Pompidou se déplace vers son public. Ce projet, baptisé MuMo, consiste en un camion transportant une vingtaine d'œuvres originales du centre Pompidou à travers la France, dans le but de présenter l'art aux populations éloignées des centres culturels. Pour inaugurer l'année, le MuMo s'est installé à Verdun (Meuse).
Stationné sur le parking d’une école durant les vacances, le camion, accompagné d’une grande remorque, se transforme en un espace muséal d’environ 45 mètres carrés une fois déployé, précédé d’un sas d’entrée rouge. Mercredi, à 16 heures, alors que le musée mobile ouvre ses portes, une dizaine de personnes attendent déjà, avides de découvrir l’exposition intitulée La Caravane du bizarre.
Myriam Stellato, résidente de Verdun, n’ayant jamais visité le centre Pompidou à Paris, exprime son intérêt pour cette initiative: «S’il se déplace un peu dans un camion mobile, ça peut être intéressant d’aller voir les œuvres», confie-t-elle à l’AFP. Pour cette retraitée de 68 ans, les déplacements vers des musées, en particulier parisiens, représentent un défi: «Il y a les déplacements qui sont toujours un peu problématiques», dit-elle. Mais avec le MuMo, «le musée vient à nous.» Marie-Claire Louis, une Verdunoise de 71 ans, se dit «interpellée» par le concept du musée mobile, qu’elle trouve «bien aménagé, bien conçu», facilitant l’accès à l’art pour ceux qui ne peuvent se rendre régulièrement à Paris ou au centre Pompidou. Parmi les œuvres présentées, elle a admiré des photographies de Dora Maar, des sculptures de sirène d’Henri Laurens, ou encore un «autoportrait» du peintre cubiste Gino Severini, parfois confondu avec Picasso. Inspirée par le Bibliobus de son enfance, Ingrid Brochard, fondatrice du MuMo, a conçu ce projet pour apporter l’art dans les zones rurales: «Ce ne sont pas les enfants qui se déplacent vers le musée, mais le musée qui se déplace vers eux», explique-t-elle. Le MuMo ajoute une dimension sociale, invitant tout le quartier à échanger autour des œuvres d’art.
Ingrid Brochard fondatrice du musée mobile.

Crédit photo: Jean-Christophe Verhaegen / AFP
Fabrice Perrin, directeur d’un centre de loisirs voisin, reconnaît l’importance de cette démarche, surtout pour les enfants et les adultes qui n’ont pas la chance ou le privilège de visiter le centre Pompidou à Paris. À Verdun, où l’art prend principalement la forme de la musique, l’arrivée du MuMo, avec son art moderne et contemporain, est considérée comme une innovation. Le musée mobile, dont 30% des étapes se déroulent dans des communes de moins de 2.500 habitants, est également présent dans les quartiers sensibles et répond aux demandes spécifiques. Les activités avec les enfants, ainsi que les portes ouvertes au public, sont proposées gratuitement. Selon Ingrid Brochard, les obstacles empêchant l’accès aux musées incluent le coût, la distance géographique et une certaine «barrière psychologique». Au MuMo, l’absence de cartels explicatifs permet une découverte libre des œuvres, bien que des médiatrices soient disponibles pour répondre aux questions.
La remorque spécialement conçue, qui conserve les œuvres même lorsqu’elle est repliée durant les trajets, respecte les normes d’hygrométrie et de sécurité nécessaires au transport des œuvres. Elle représente un investissement de 600.000 euros, financé par le mécène du MuMo, Art Explora. Les frais de fonctionnement sont pris en charge par l’État et les collectivités territoriales. Après ses étapes dans les Vosges, à Marseille, dans l’Aube ou en Meuse, le MuMo clôturera sa tournée automnale le 13 janvier à Massy (Essonne), avant de poursuivre sa mission dans d’autres régions de France avec une nouvelle exposition.
Avec AFP
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