L'élégante sortie de Saad Hariri de l’arène politique n’a pas fini d’alimenter les analyses tant sur son impact à long terme sur un Liban déchiqueté par les conflits politiques que sur ses causes profondes. Des causes qui ramènent toujours à l’Arabie saoudite. Ce qui était une hypothèse il y a quelques jours, alors que la rumeur d’un retrait du chef du Courant du futur de la vie politique commençait à se préciser, avant qu’il n’en fasse l’annonce officielle, lundi, est devenue aujourd’hui une certitude : Riyad a poussé le leader sunnite à la sortie. Ce dernier devait au final payer le prix d’un conflit personnel et politique de longue date avec l’homme fort du royaume, Mohammad Ben Salmane.
Entre ses déboires financiers en Arabie saoudite où Saudi Oger, l’entreprise de construction fondée par son père, Rafic Hariri, a fait faillite et ses choix politiques à cause desquels Riyad, qui voulait à tout prix affaiblir le Hezbollah et son parrain iranien au Liban, a fini par tourner le dos au pays du Cèdre, Saad Hariri s’est retrouvé incapable de compter sur un appui saoudien indispensable pour qu’il puisse aspirer à son tour à être l’homme fort dans un Liban soumis à toutes les secousses.
Avec la suspension de son action politique, cependant, le Liban a beaucoup à perdre. L’Arabie saoudite aussi. Car Riyad qui cherchait à soustraire le Liban à une influence iranienne grandissante, vient de donner au Hezbollah, qui cherchait par tous les moyens à affaiblir Saad Hariri et le Courant du futur, un levier important pour asseoir son influence sur le pays, par le biais notamment des législatives de mai 2022.
On peut ainsi imaginer dès à présent quelle sera la composante sunnite de la Chambre après le scrutin : un assemblage hétéroclite de figures représentant notamment le camp du 8 Mars, donc du Hezbollah, et de personnalités sans poids réel au sein de leur communauté. Or c’est cette Chambre qui va devoir élire en octobre 2022 un nouveau président de la République. « Qui va représenter la communauté sunnite aux consultations pour le choix d’un nouveau chef de l’Etat » ? s’interroge dans ce contexte un ancien ministre chiite de l’opposition. « Nous savons que le Hezbollah qui est l’instrument de l’Iran au Liban pèse de tout son poids dans la balance pour atteindre ces desseins. Or l’Arabie saoudite devrait aussi avoir son mot à dire dans cette échéance cruciale pour le Liban. Y a-t-il quelqu’un qui la représente actuellement au Liban » ? poursuit cette même personnalité, qui fait état de sondages effectués dernièrement et dont les résultats montrent que Saad Hariri se place en tête des personnalités les plus populaires au sein de sa communauté.
L’appui à Rifi et à Geagea
De mêmes sources, on s’étonne que Riyad n’ait pas bien réfléchi aux conséquences d’une politique qui consiste à tourner le dos à l’homme fort de la communauté sunnite au Liban au moment où le Hezbollah ne songeait qu’à l’affaiblir. Même lorsqu’il soutenait sa candidature à la tête du gouvernement, le Hezbollah le faisait dans la perspective de mieux le contrôler et de lui faire porter toutes la responsabilité de l’échec des politiques de redressement.
Pourquoi Riyad a choisi ce timing pour porter le coup de grâce au leader sunnite ? Selon les informations qui ont circulé avant l’arrivée du chef du Courant du futur à Beyrouth, mercredi dernier, Riyad a demandé au leader sunnite, en tournée dans le Golfe avant les législatives, de soutenir le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi que des personnalités sunnites, comme l’ancien ministre Achraf Rifi, deux farouches opposants au Hezbollah, mais aussi de sévères critiques de la politique de Saad Hariri, aux prochaines élections. C’était là la condition saoudienne pour soutenir la campagne électorale de ce dernier. Le chef du Courant du futur devait refuser catégoriquement, préférant se retirer de l’arène parlementaire et politique en même temps que son parti. « Il faut comprendre la position de Saad Hariri », commente l’ancien ministre chiite en expliquant que « sans un support régional de poids, ce dernier ne peut pas faire face au Hezbollah, qui bénéficie d’un soutien extérieur de poids ».
Selon l’analyse de cette figure de l’opposition, le leader sunnite ne peut pas non plus compter sur un appui égyptien et français de taille, car ni Le Caire ni Paris ne vont le préférer à MBS. Le chef du Futur a malheureusement raté de nombreuses occasions qui s’étaient présentées à lui, notamment les différentes initiatives françaises dont il n’a pas su profiter. Au final, toute l’action menée par le leader sunnite depuis la conclusion du compromis présidentiel qui a ouvert les portes de Baabda au fondateur du CPL, Michel Aoun, n’aura servi qu’au Hezbollah.
En suspendant son implication dans la vie politique et parlementaire, Saad Hariri ne fait que cependant que fermer à demi la porte derrière lui, à en croire des sources médiatiques proches de Moscou. En attendant une conjoncture plus favorable, ce dernier aurait ainsi fait le choix de suivre l’exemple de son père, qui n’avait pas voulu diriger le premier gouvernement du mandat du président Emile Lahoud, en 1998, quand même il bénéficiait d’une majorité parlementaire en sa faveur. A l’époque, Rafic Hariri qui était hostile à l’élection d’Emile Lahoud à la tête de l’Etat avait préféré opéré un repli politique. Il aurait dit à l’époque : « Je les laisse. C’est eux qui finiront par me solliciter ».
De mêmes sources, on indique que si Saad Hariri avait réellement voulu renoncer à une carrière politique, il aurait présenté sa démission du Parlement et aurait demandé aux membres de son bloc parlementaire de le faire.
Entre ses déboires financiers en Arabie saoudite où Saudi Oger, l’entreprise de construction fondée par son père, Rafic Hariri, a fait faillite et ses choix politiques à cause desquels Riyad, qui voulait à tout prix affaiblir le Hezbollah et son parrain iranien au Liban, a fini par tourner le dos au pays du Cèdre, Saad Hariri s’est retrouvé incapable de compter sur un appui saoudien indispensable pour qu’il puisse aspirer à son tour à être l’homme fort dans un Liban soumis à toutes les secousses.
Avec la suspension de son action politique, cependant, le Liban a beaucoup à perdre. L’Arabie saoudite aussi. Car Riyad qui cherchait à soustraire le Liban à une influence iranienne grandissante, vient de donner au Hezbollah, qui cherchait par tous les moyens à affaiblir Saad Hariri et le Courant du futur, un levier important pour asseoir son influence sur le pays, par le biais notamment des législatives de mai 2022.
On peut ainsi imaginer dès à présent quelle sera la composante sunnite de la Chambre après le scrutin : un assemblage hétéroclite de figures représentant notamment le camp du 8 Mars, donc du Hezbollah, et de personnalités sans poids réel au sein de leur communauté. Or c’est cette Chambre qui va devoir élire en octobre 2022 un nouveau président de la République. « Qui va représenter la communauté sunnite aux consultations pour le choix d’un nouveau chef de l’Etat » ? s’interroge dans ce contexte un ancien ministre chiite de l’opposition. « Nous savons que le Hezbollah qui est l’instrument de l’Iran au Liban pèse de tout son poids dans la balance pour atteindre ces desseins. Or l’Arabie saoudite devrait aussi avoir son mot à dire dans cette échéance cruciale pour le Liban. Y a-t-il quelqu’un qui la représente actuellement au Liban » ? poursuit cette même personnalité, qui fait état de sondages effectués dernièrement et dont les résultats montrent que Saad Hariri se place en tête des personnalités les plus populaires au sein de sa communauté.
L’appui à Rifi et à Geagea
De mêmes sources, on s’étonne que Riyad n’ait pas bien réfléchi aux conséquences d’une politique qui consiste à tourner le dos à l’homme fort de la communauté sunnite au Liban au moment où le Hezbollah ne songeait qu’à l’affaiblir. Même lorsqu’il soutenait sa candidature à la tête du gouvernement, le Hezbollah le faisait dans la perspective de mieux le contrôler et de lui faire porter toutes la responsabilité de l’échec des politiques de redressement.
Pourquoi Riyad a choisi ce timing pour porter le coup de grâce au leader sunnite ? Selon les informations qui ont circulé avant l’arrivée du chef du Courant du futur à Beyrouth, mercredi dernier, Riyad a demandé au leader sunnite, en tournée dans le Golfe avant les législatives, de soutenir le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi que des personnalités sunnites, comme l’ancien ministre Achraf Rifi, deux farouches opposants au Hezbollah, mais aussi de sévères critiques de la politique de Saad Hariri, aux prochaines élections. C’était là la condition saoudienne pour soutenir la campagne électorale de ce dernier. Le chef du Courant du futur devait refuser catégoriquement, préférant se retirer de l’arène parlementaire et politique en même temps que son parti. « Il faut comprendre la position de Saad Hariri », commente l’ancien ministre chiite en expliquant que « sans un support régional de poids, ce dernier ne peut pas faire face au Hezbollah, qui bénéficie d’un soutien extérieur de poids ».
Selon l’analyse de cette figure de l’opposition, le leader sunnite ne peut pas non plus compter sur un appui égyptien et français de taille, car ni Le Caire ni Paris ne vont le préférer à MBS. Le chef du Futur a malheureusement raté de nombreuses occasions qui s’étaient présentées à lui, notamment les différentes initiatives françaises dont il n’a pas su profiter. Au final, toute l’action menée par le leader sunnite depuis la conclusion du compromis présidentiel qui a ouvert les portes de Baabda au fondateur du CPL, Michel Aoun, n’aura servi qu’au Hezbollah.
En suspendant son implication dans la vie politique et parlementaire, Saad Hariri ne fait que cependant que fermer à demi la porte derrière lui, à en croire des sources médiatiques proches de Moscou. En attendant une conjoncture plus favorable, ce dernier aurait ainsi fait le choix de suivre l’exemple de son père, qui n’avait pas voulu diriger le premier gouvernement du mandat du président Emile Lahoud, en 1998, quand même il bénéficiait d’une majorité parlementaire en sa faveur. A l’époque, Rafic Hariri qui était hostile à l’élection d’Emile Lahoud à la tête de l’Etat avait préféré opéré un repli politique. Il aurait dit à l’époque : « Je les laisse. C’est eux qui finiront par me solliciter ».
De mêmes sources, on indique que si Saad Hariri avait réellement voulu renoncer à une carrière politique, il aurait présenté sa démission du Parlement et aurait demandé aux membres de son bloc parlementaire de le faire.
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