Ukraine: la guerre des mots se poursuit
©Le chef de cabinet adjoint du Kremlin Dmitry Kozak (G) et l'ambassadeur de Russie en France Alexey Meshkov donnent une conférence de presse à la résidence de l'ambassadeur de Russie à Paris mercredi. (AFP)

La guerre, celle des déclarations, reprend de plus belle entre les Occidentaux et la Russie. Mercredi, par contre, une réunion entre émissaires russe et ukrainien a eu lieu à Paris avec une médiation franco-allemande a apporté une lueur d'espoir. Côté américain, Washington a opposé une fin de non-recevoir à Vladimir Poutine en refusant une des principales demandes de Moscou: celle de fermer la porte de l'Otan à l'Ukraine. Par contre, les Etats-Unis assurent avoir proposé une "voie diplomatique sérieuse" pour éviter une nouvelle guerre.



L'heure de vérité approche donc, au moment où menaces, bruits de bottes, mais aussi lueurs d'espoir s'alternent à un rythme effréné.Dans la même journée de mercredi, Washington a ainsi dit s'attendre à une possible attaque des forces russes d'ici "mi-février", tandis qu'à Paris, une réunion des émissaires russe et ukrainien sur le conflit en cours dans l'est de l'Ukraine a abouti à un rare engagement commun à préserver le cessez-le-feu.

"Tout indique" que le président russe Vladimir Poutine "va faire usage de la force militaire à un moment donné, peut-être entre maintenant et mi-février", a lancé la vice-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman. Elle a souligné que l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin le 4 février pourrait influer "sur son calendrier", pour éviter d'offenser le président chinois Xi Jinping au cours de cet événement majeur pour la Chine.

Les tensions n'ont cessé de monter ces derniers mois, Moscou étant accusé par les Occidentaux d'avoir déployé plus de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une potentielle offensive. La Russie exige, quant à elle, des garanties pour sa sécurité, dont le rejet de l'adhésion de ce pays à l'Otan.

Les Américains et l'Alliance atlantique ont remis en parallèle mercredi deux lettres distinctes aux Russes, qui exigeaient une réponse écrite aux projets de traités qu'ils avaient adressés mi-décembre aux Occidentaux.

Or les Etats-Unis ont "clairement fait savoir" qu'ils défendaient "le principe de la porte ouverte à l'Otan", a martelé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Autrement dit, pas question de s'engager formellement à ne jamais laisser l'Ukraine entrer dans l'Alliance.

Le secrétaire d'Etat a réitéré les avertissements occidentaux d'une riposte sans précédent contre la Russie en cas d'invasion du pays voisin.

Pour autant, il a assuré que cette missive américaine offrait "une voie diplomatique sérieuse si la Russie le souhaite", et s'est dit prêt à parler à nouveau "dans les prochains jours" avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Le gouvernement américain propose de relancer des négociations formelles sur le "contrôle des armements", et de discuter de "mesures de transparence réciproques" sur les "postures militaires" et "les exercices militaires" en Europe.

"Nous tendons à nouveau la main à la Russie pour essayer de poursuivre une voie de dialogue (...) mais nous nous sommes également préparés pour le pire", a résumé pour sa part le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.

La Russie va-t-elle saisir cette main tendue, ou jugera-t-elle le rejet de ses exigences-clés comme un casus belli?


"C'est un arbitrage qui sera fait par Poutine lui-même", a estimé Marie Dumoulin, du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations. "Personne, même au sein du système russe, ne sait dans quel sens ira la décision."

Le vice-ministre des Affaires étrangères Alexandre Grouchko a dit à l'agence Interfax que la diplomatie russe allait maintenant "étudier" la réponse occidentale, en relevant que le camp adverse avait "pris près d'un mois et demi pour analyser" les demandes de Moscou.

Parallèlement à cette étape cruciale, des négociateurs russe et ukrainien, réunis à Paris avec les médiateurs français et allemand, ont affirmé dans un communiqué commun leur "respect inconditionnel du cessez-le-feu" entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, promettant de se revoir "à Berlin dans deux semaines".

Les discussions "n'ont pas été simples", a estimé l'envoyé spécial russe Dmitri Kozak en espérant "des résultats" en février. C'est "le premier document significatif sur lequel nous réussissons à tomber d'accord depuis décembre 2019", s'est quant à lui réjoui le négociateur ukrainien Andriï Iermak.

La France a salué "un bon signal" de "réengagement" des Russes malgré des "conditions difficiles", avant l'entretien prévu vendredi entre le président français Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

Renforçant le sentiment d'une possible déflagration imminente, Washington a "exhorté" mercredi ses ressortissants en Ukraine à "envisager de partir maintenant" pour éviter d'être piégés "dans une zone de conflit.

En face, Sergueï Lavrov a promis des "mesures de riposte nécessaires" si l'Occident poursuit sur cette "voie belliqueuse", dénonçant une "hystérie" occidentale quant à l'imminence supposée d'une intervention militaire russe en Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a aussi minimisé l'impact d'éventuelle sanctions personnelles de Washington contre Vladimir Poutine, envisagées mardi par le président américain Joe Biden. Elles ne seraient "pas douloureuses politiquement" pour le chef de l'Etat russe, bien que "destructrices" pour les relations entre Moscou et les Occidentaux, a-t-il prévenu.

Avec AFP

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