À la veille de l’arrivée au Liban de l’émissaire américain Amos Hochstein, le problème de la mise en œuvre de la résolution 1701 refait surface. La question qui se pose est de savoir quelles sont les conditions objectives de la mise en application de cette résolution, alors que parallèlement, il est de nouveau question d’une délimitation terrestre des frontières entre le Liban et Israël, les deux parties ayant délimité leurs frontières maritimes en octobre 2022.
Il convient de rappeler que cette résolution, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 11 août 2006 au terme de la guerre entre le Hezbollah et Israël, appelle à la cessation totale des hostilités. En outre, elle demande au gouvernement libanais de déployer son armée dans le Liban-Sud tout en renforçant le mandat de la Finul.
Contacté par Ici Beyrouth, le général à la retraite Maroun Hitti a estimé qu’«il revient à l’Iran de décider du maintien ou du retrait du Hezb du Liban-Sud» car «la République islamique veut garder son emprise sur le pays par le biais du parti (le Hezbollah, NDLR) en acquérant de l’influence». Il a, dans ce cadre, rappelé que «le Hezb a perdu de son influence lors des dernières élections législatives. Maintenant, il tente par tous les moyens de recouvrer cette influence perdue». Et d’ajouter: «Si jamais le Hezbollah parvient à un cessez-le-feu avec Israël, il le fera pour le compte de Téhéran.»
Concernant l’éventuel marchandage, rapporté par diverses sources, du Hezb avec les médiateurs américains, consistant à appliquer la 1701 contre des acquis politiques internes, le général Hitti a estimé que «le Hezb accepterait ce marchandage qui sera néanmoins rejeté par une bonne partie de la population libanaise».
Dans cet ordre d’idées, le général Hitti a affirmé que «la 1701 n’a jamais été appliquée».
Il a plaidé en faveur de «l'adoption d'une toute nouvelle résolution, voire d'un changement du statut de la résolution 1701, en la plaçant sous le chapitre 7 plutôt que chapitre 6». Il convient de rappeler que le chapitre 6 prévoit uniquement le «déploiement» de la force intérimaire alors que le chapitre 7 autorise le «recours à la force» si l’une des deux parties viole la résolution. Par ailleurs, le général Hitti a stigmatisé «l’absence totale de l’État libanais, censé exiger le retrait et le désarmement du Hezbollah, ce dernier devant être intégré à une défense nationale et légitime».
Commentant l’éventuel marchandage du parti pro-iranien avec les États-Unis, le général à la retraite Khalil Hélou a estimé, de son côté, qu’il s’agit de «bavardage politique et médiatique», ajoutant que «cela reste toutefois une probabilité». Le général Hélou a souligné à Ici Beyrouth que «les médiateurs américains et français n’ont pas pour mission de s’ingérer dans les problèmes internes libanais». Leur rôle consiste à arrêter les tirs contre Israël à partir du territoire libanais, tout en assurant un retrait garanti du Hezb à une distance rassurante. Il a ajouté que «le Hezbollah, de son côté, n’a pas donné jusqu’à présent de réponse (au sujet du retrait). «Ce dernier conditionne toute négociation à l'arrêt de la guerre à Gaza, mais cela semble peu probable à court terme, car le Hamas persiste, conservant au moins 50% de sa capacité de combat.»
Le général Hélou a souligné «qu’au cas où la 1701 est appliquée, il n'y a aucune garantie qu'elle ne soit pas violée, tant du côté du Hezbollah que du côté d'Israël. Cela dépendrait de la stricte application de la résolution par l'armée libanaise et par un gouvernement ayant suffisamment de poids dans les négociations».
Quant à Manuel Kiredjian, ancien général de la Finul et officier de liaison entre l’armée Libanaise et la Finul de 2004 à 2008, également contacté par Ici Beyrouth, il a rappelé qu’au moment de «l'élaboration de la 1701, les parties concernées se sont mises d'accord sur les clauses de la résolution en question, confirmant leur engagement à la respecter». «La non-violation ne nécessite pas de garantie, car l'application de cette résolution repose sur l'intention et la volonté des deux parties concernées.»
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