Les Gardiens de la révolution iraniens ont annoncé avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles «terroristes» en Irak et en Syrie dans la nuit de lundi à mardi, tuant au moins «quatre civils» au Kurdistan irakien selon les autorités locales de la région autonome.

Les frappes menées par l’Iran dans la nuit de lundi à mardi interviennent dans un contexte régional tendu, sur fond de guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien qui fait craindre un embrasement régional entre les alliés des deux camps.

À Washington, une responsable a dénoncé «une série de frappes imprudentes et imprécises». «Aucun personnel ni aucune installation américaine n’ont été visés», a toutefois précisé Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

Dans la périphérie d’Erbil, capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, les Gardiens de la révolution iraniens ont assuré avoir visé et détruit «un quartier général d’espionnage» qu’ils ont attribué à Israël, tout comme a été ciblé «un rassemblement de groupes terroristes anti-iraniens», selon l’agence de presse officielle Irna.

Le département d’État américain a souligné que les États-Unis étaient «opposés» à ces «frappes irresponsables» qui «sapent la stabilité de l’Irak ».

Par ailleurs, le Corps des gardiens a annoncé sur son site Internet, Sepah News, avoir identifié en Syrie «les lieux de rassemblement des commandants et des principaux éléments liés aux récentes opérations terroristes, en particulier l’État islamique (EI)» et les avoir «détruits en tirant un certain nombre de missiles balistiques».

Il a expliqué que cette attaque s’était faite en «réponse aux récents crimes de groupes terroristes qui ont injustement martyrisé un certain nombre de nos chers compatriotes à Kerman et Rask».

Le 3 janvier, des assaillants ont perpétré un attentat-suicide contre la foule rassemblée à Kerman, dans le sud de l’Iran, lors d’une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, l’ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

L’attaque, revendiquée par l’EI, a fait environ 90 morts et de nombreux blessés.

«Violation de la souveraineté»

Au Kurdistan d’Irak, au moins «quatre civils» ont été tués et six autres blessés dans les tirs de missiles iraniens, ont annoncé les autorités de la région autonome dans un communiqué, précisant que certains blessés se trouvaient dans un «état critique».


Un correspondant de l’AFP à Erbil a entendu plusieurs fortes explosions, les missiles ayant touché un quartier résidentiel huppé dans la périphérie d’Erbil, au nord-est de la capitale du Kurdistan.

Le Conseil de sécurité du Kurdistan a accusé Téhéran de recourir à des «justifications sans fondements» pour ses bombardements répétés contre la région.

Le Premier ministre de la région Masrour Barzani a appelé «le gouvernement de Bagdad à adopter une position ferme contre cette violation de la souveraineté irakienne», assurant qu’il allait être en contact avec «nos partenaires au sein de la communauté internationale pour mettre un terme à ces attaques brutales».

Plus tôt, le parti aux manettes à Erbil, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), avait rapporté la mort de civils, dont un magnat de l’immobilier, Peshraw Dizayee, son épouse et d’autres membres de sa famille, leur domicile ayant été touché.

Il y a un an, Téhéran bombardait les positions de plusieurs groupes armés de l’opposition kurde iranienne, accusés notamment d’être impliqués dans le mouvement de contestation déclenché après la mort en détention de Mahsa Amini.

«Opérations d’espionnage»

Tôt mardi, les Gardiens de la révolution ont assuré avoir visé et détruit au Kurdistan d’Irak une cible israélienne – «le quartier général des espions du régime sioniste (Mossad)», selon Irna.

Le site visé aurait été utilisé pour «développer des opérations d’espionnage et planifier des actions terroristes dans la région».

Selon Irna, l’attaque à Erbil intervient en représailles aux assassinats récents de plusieurs commandants des Gardiens de la révolution, mais aussi de chefs de «l’axe de résistance», nom donné aux alliés de Téhéran dans sa lutte contre Israël.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP

 
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