La relation Etats-Unis-Israël a du plomb dans l'aile
©(Saul LOEB, AFP)
Malgré une unité affichée, Washington et Tel-Aviv ont de plus en plus de mal à cacher leurs divergences en public. Tandis que l'administration Biden insiste pour mener une désescalade des tensions au niveau régional, le gouvernement Netanyahou préfère quant-à lui opter pour une fuite en avant.

Le président Joe Biden et ses collaborateurs expriment de plus en plus de frustration face au manque de réponse du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de sa coalition d'extrême droite aux demandes des États-Unis.

Les tensions entre les deux pays semblent croître, avec des rapports indiquant que M. Biden serait de plus en plus impatient. En effet, plusieurs fonctionnaires américains affirment que les deux dirigeants n'ont pas eu de communication depuis le 20 décembre, date à laquelle le locataire de la Maison Blanche a mis fin brusquement à leur dernière conversation téléphonique.
Frustration américaine

La frustration de Biden découle de l'absence de réponses positives de M. Netanyahou et de sa coalition d'extrême-droite aux demandes récentes de la Maison Blanche, concernant la situation dans la bande de Gaza. Ce sentiment fut exacerbé après la dernière visite dans la région d'Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.

Un responsable du Département d'État a depuis déclaré que les États-Unis tentaient de maintenir un soutien public clair à Israël. Néanmoins, la Maison Blanche considère M. Netanyahou comme "peu reconnaissant" envers ses efforts.

M. Biden avait notamment demandé à Israël de passer d'une opération militaire de "haute intensité" à Gaza à une de "basse intensité". Concomitamment, l'Etat hébreu doit libérer les recettes fiscales palestiniennes qu'il retient.

Néanmoins, M. Netanyahou a rejeté cette demande.

La Maison Blanche est aussi déçue par la réticence du Premier ministre israélien à discuter sérieusement des plans d'après-guerre, en soutenant une Autorité palestinienne revitalisée à Gaza, une idée à laquelle ce dernier s'oppose. Selon Washington, cette perspective apparaît comme seule garante de la sécurité d'Israël à long terme.
"Nous voyons les choses de façon différente"

"Nous voyons évidemment les choses de façon différente", a lâché jeudi 18 décembre le porte-parole du Conseil national de la sécurité John Kirby. Celui-ci était interrogé sur des propos de M. Netanyahu, apportant une nouvelle fin de non recevoir aux sollicitations américaines.


"Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l'ensemble du territoire situé à l'ouest du Jourdain. Il s'agit d'une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l'idée de souveraineté (palestinienne)", avait auparavant affirmé M. Netanyahu, en précisant l'avoir dit directement aux Américains.



Mercredi 17 Janvier, au Forum économique de Davos, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait aussi réitéré son appel à trouver une "voie vers un État palestinien", faisant valoir qu'"il sera impossible d'obtenir une véritable sécurité sans cela".

Et lors de son voyage au Moyen-Orient la semaine dernière, le secrétaire d'État a plaidé auprès des autorités israéliennes le fait que des pays arabes, dont l'Arabie saoudite, se sont "engagés" à aider à la reconstruction de Gaza et à une future gouvernance palestinienne à la condition expresse qu'Israël trace une voie tangible vers un État palestinien.

M. Blinken a par ailleurs, indiqué que les dirigeants arabes, Arabie saoudite en tête, étaient favorables à une normalisation des relations avec Israël. Avec une condition préalable toutefois, puisqu’il “faudra pour cela que le conflit prenne fin à Gaza et qu'il y ait une voie concrète vers un État palestinien,”



Avec AFP
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