©Le siège du ministère russe des AE, à l'allure très stalinienne, à Moscou. (AFP)
Mardi, les Etats-Unis ont menacé de frapper la Russie là où ça fait mal: l'accès à la haute technologie, le secteur financier et ses exportations d'hydrocarbures. Jeudi, Washington a assuré que le gazoduc Nord Stream 2, cher à Moscou, serait mort-né en cas d'invasion russe de l'Ukraine, appelant la Russie à "revenir à la table des négociations" malgré sa première réaction plutôt froide au rejet américain de ses exigences clés.
S'appuyant sur ces propos et sur ses "conversations" avec l'Allemagne, le gouvernement américain s'est montré encore plus catégorique.
"Je veux être claire avec vous aujourd'hui: si la Russie envahit l'Ukraine, d'une manière ou d'une autre, Nord Stream 2 n'ira pas de l'avant", a prévenu la numéro 3 de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.
Les Occidentaux continuent donc de mettre la pression sur la Russie, qui s'est montrée pour le moins réservée au lendemain de la réception des réponses écrites des Etats-Unis et de l'Otan à ses demandes pour sortir de l'impasse actuelle.
"La balle est dans leur camp", "nous espérons que Moscou va étudier ce que nous leur proposons et revenir à la table des négociations", a dit Victoria Nuland, réaffirmant qu'en cas de "rejet" de cette "offre de dialogue", les sanctions seraient "très douloureuses".
Quelque 100.000 militaires russes campent à la frontière ukrainienne avec leurs blindés depuis fin 2021, si bien que les Etats-Unis jugent que le président russe Vladimir Poutine pourrait passer à l'action d'ici "mi-février".
La Russie dément tout projet d'invasion, mais s'estime menacée par l'expansion de l'Otan depuis 20 ans ainsi que par le soutien occidental à son voisin ukrainien.
Elle a réclamé la fin formelle de l'élargissement de l'Alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et un retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.
Les Etats-Unis et l'Otan ont, sans surprise, formellement rejeté mercredi ces demandes clés de Moscou, tout en ouvrant à nouveau la porte à des négociations sur des limites réciproques au déploiement des missiles de courte et moyenne portée des deux puissances nucléaires rivales en Europe ainsi qu'aux exercices militaires aux abords du camp adverse.
"On ne peut pas dire que nos points de vue aient été pris en compte", a regretté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a, lui aussi, constaté l'absence d'une "réponse positive" à la principale revendication russe.
Mais il n'a pas fermé la porte au dialogue, relevant qu'on pouvait "espérer le début d'une conversation sérieuse sur des questions secondaires".
Le président Biden s'est entretenu jeudi au téléphone avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a dit dans un tweet avoir évoqué les "récents efforts diplomatiques pour une désescalade" et des "mesures conjointes pour l'avenir".
Parmi les lueurs d'espoir, le président Zelensky avait salué plus tôt l'exercice diplomatique "constructif" de la veille à Paris, des négociateurs russes et ukrainiens s'étant retrouvés pour la première fois depuis des mois, sous égide franco-allemande, pour parler du conflit entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.
Avancée timide mais rare, les émissaires ont annoncé un nouveau rendez-vous pour début février à Berlin.
La France y a vu "un bon signal" russe, avant un entretien entre les présidents Emmanuel Macron et Vladimir Poutine prévu vendredi.
"C'est une bonne chose que la Russie ait décidé de négocier" sur ce dossier, s'est aussi réjouie Victoria Nuland.
La Russie peut se satisfaire du soutien explicite de la Chine, qui a défendu les "préoccupations raisonnables" du Kremlin.
Mais Washington a aussi appelé Pékin "à utiliser son influence sur Moscou" pour éviter un conflit en Ukraine, qui ne serait "pas bon pour la Chine non plus", en raison de son "impact important sur l'économie mondiale" et "le secteur énergétique".
Des les rues de Kiev, des Ukrainiens espéraient que la diplomatie et l'aide militaire occidentale empêcheraient une invasion russe.
"Je ne pense pas que la Russie passera à l'action, mais il est important d'obtenir dès maintenant le soutien de nos partenaires occidentaux, y compris des armes", a déclaré à l'AFP Andriï Chyfrouk, un responsable des achats publics.
Avec AFP
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