Julianne Moore, Natalie Portman dans le provocateur «May December»
May December, le dernier long-métrage du réalisateur américain Todd Haynes, sort ce mercredi dans les salles françaises, offrant une immersion dans un récit complexe et provocateur. Ce film, qui  dure 1 heure et 57 minutes, a concouru à Cannes en mai dernier. Il se distingue par sa narration audacieuse et son exploration des thèmes controversés.
Le film marque le retour de Todd Haynes, un réalisateur renommé pour ses œuvres impactantes comme le thriller Dark Waters et la romance Carol. Avec May December, Haynes aborde un sujet délicat et peu exploré: la relation illicite entre une trentenaire et un garçon mineur, inversant ainsi le stéréotype cinématographique souvent célébré des hommes mûrs séduisant de jeunes adolescentes.
Julianne Moore, 63 ans, incarne avec brio le personnage de Gracie, une femme dont la vie a été bouleversée par une liaison pédophile avec un adolescent de 13 ans, un scandale jadis éclaboussé par les tabloïds. L’intrigue se déroule des années après l’incident, quand Gracie, inscrite au fichier des délinquants sexuels et méprisée par beaucoup, tente de mener une vie normale en vendant des gâteaux à ses voisins.
Le film gagne en intensité avec l’arrivée d’Elizabeth, jouée par Natalie Portman, 42 ans. Actrice de renom, Elizabeth projette de réaliser un film sur l’histoire controversée de Gracie, espérant offrir une perspective plus nuancée de son passé. En s’immergeant dans la vie de Gracie et de son mari, Joe Yoo (interprété par Charles Melton), Elizabeth découvre les complexités et les dénis qui tissent le quotidien de cette famille atypique.
May December se démarque par sa représentation moralement ambiguë des personnages féminins, comme le souligne Natalie Portman dans un entretien. Le film propose une perspective où les femmes sont vues comme des êtres humains complexes, capables de comportements réprouvés par la société. Cette approche renverse les stéréotypes et élargit le spectre de la représentation féminine au cinéma.

Todd Haynes, dans ses commentaires sur le film, met en lumière l’universalité du mécanisme de déni. Selon lui, c'est un aspect fondamental de la survie humaine, une nécessité pour maintenir la cohésion de la civilisation. Cette vision apporte une profondeur unique à May December, le plaçant parmi les films qui incitent à la réflexion et au débat sur des dilemmes moraux complexes.
Cependant, la sortie du film aux États-Unis n’a pas été exempte de controverses. Le scénario, inspiré librement d’une histoire réelle, a suscité des plaintes de la part de l’homme concerné, qui affirme ne pas avoir été consulté. Les actrices, interrogées par la presse américaine, ont exprimé leur regret tout en affirmant que le film reste une œuvre de pure fiction.
May December se positionne ainsi comme un film invitant les spectateurs à remettre en question leurs propres perceptions et jugements moraux. C’est un ajout majeur à la filmographie de Todd Haynes et une contribution significative au cinéma contemporain, démontrant qu’il est possible de traiter des sujets difficiles avec sensibilité et nuance.
Avec AFP
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