©Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
Entravées dans leur action militaire au Mali par une junte de plus en plus hostile, la France et ses partenaires européens ne peuvent "pas rester en l'état" dans ce pays, a prévenu Paris vendredi, confirmant un climat d'incertitudes croissantes dans la région.
"Vu cette situation, vu la rupture du cadre politique et du cadre militaire (au Mali), nous ne pouvons pas rester en l'état", a averti le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur la radio RTL, en déplorant des "entraves" croissantes à la mission des "forces européennes, françaises, internationales".
Les relations sont devenues exécrables entre les Européens et la junte malienne.
Celle-ci a fait appel aux services du sulfureux groupe de mercenaires russes Wagner, a remis en cause les accords de défense liant Bamako à Paris et vient d'exiger des forces danoises, venues grossir les rangs du groupement européen de forces spéciales Takuba, de quitter le pays. Une "humiliation", jugent plusieurs sources françaises proches du dossier.
Toutefois, une éventuelle reconfiguration du dispositif militaire français et européen sera "une décision collective" après "des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens", a prudemment souligné le chef de la diplomatie française, sans prononcer le mot de retrait.
Depuis six mois, la France a entamé une réarticulation de son dispositif militaire au Mali, en quittant ses trois bases les plus au nord. Ses effectifs, de plus de 5.000 militaires au Sahel l'été dernier, ont commencé à décroître, avec l'objectif affiché de n'en garder que 2.500 à 3.000 d'ici 2023.
Une réduction de voilure compensée par l'arrivée de renforts européens au sein du groupement de forces spéciales Takuba, créé à l'initiative de Paris pour partager le fardeau au Mali et recentrer les efforts sur l'accompagnement au combat des soldats maliens.
Symbole d'une Europe de la défense chère à Emmanuel Macron, ce groupement est aujourd'hui dépendant du bon vouloir de la junte malienne pour continuer à exister, les prochains contingents européens à venir étant à la merci d'une interdiction de se déployer.
Vendredi s'est tenue une visioconférence entre la dizaine de pays européens participant à Takuba qui rassemble actuellement 800 militaires au Mali. En pleine présidence française de l'Union européenne et à trois mois de l'élection présidentielle française, la mort de l'opération constituerait un cuisant revers.
Mais quelle que soit l'issue de la crise, la France est soucieuse de présenter un front européen uni sur la question. Une manière d'éviter la comparaison avec l'Afghanistan, dont les Etats-Unis se sont retirés précipitamment l'été dernier sans concertation avec leurs alliés.
En façade, Paris temporise. Mais en coulisses la fébrilité est palpable. Les obstructions répétées de la junte, qui surfe sur un sentiment anti-français croissant dans la sous-région, pourraient finir par poser la question d'un retrait français du Mali, où Paris est engagé militairement depuis 2013, au prix de 53 morts et de milliards d'euros.
Le désengagement des 2.500 militaires français déployés au Mali "prendra des mois si tant est que ce soit décidé", mais ce n'est "pas à l'ordre du jour à ce stade", a seulement commenté vendredi l'état-major, en constatant : "à aucun moment les autorités maliennes ne nous ont dit +nous ne voulons plus des forces françaises+".
Sur le terrain, malgré neuf ans de présence ininterrompue, les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs. Et les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger voisins, avant de descendre vers le sud, dans le nord de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du Ghana.
La France réaffirme à cet égards être fermement décidée à poursuivre la lutte antijihadiste dans la région.
"Il faut poursuivre le combat contre le terrorisme (...). Il s'est diffusé dans toute la région", a fait valoir M. Le Drian. "Il faut nous organiser pour continuer à combattre le terrorisme avec tous ceux qui veulent bien le combattre avec nous".
De sources concordantes, des réflexions sont en cours sur la création d'un poste de commandement français pour superviser les activités de coopération militaire en Afrique de l'Ouest.
(Avec AFP)
"Vu cette situation, vu la rupture du cadre politique et du cadre militaire (au Mali), nous ne pouvons pas rester en l'état", a averti le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur la radio RTL, en déplorant des "entraves" croissantes à la mission des "forces européennes, françaises, internationales".
Les relations sont devenues exécrables entre les Européens et la junte malienne.
Celle-ci a fait appel aux services du sulfureux groupe de mercenaires russes Wagner, a remis en cause les accords de défense liant Bamako à Paris et vient d'exiger des forces danoises, venues grossir les rangs du groupement européen de forces spéciales Takuba, de quitter le pays. Une "humiliation", jugent plusieurs sources françaises proches du dossier.
Toutefois, une éventuelle reconfiguration du dispositif militaire français et européen sera "une décision collective" après "des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens", a prudemment souligné le chef de la diplomatie française, sans prononcer le mot de retrait.
Depuis six mois, la France a entamé une réarticulation de son dispositif militaire au Mali, en quittant ses trois bases les plus au nord. Ses effectifs, de plus de 5.000 militaires au Sahel l'été dernier, ont commencé à décroître, avec l'objectif affiché de n'en garder que 2.500 à 3.000 d'ici 2023.
Une réduction de voilure compensée par l'arrivée de renforts européens au sein du groupement de forces spéciales Takuba, créé à l'initiative de Paris pour partager le fardeau au Mali et recentrer les efforts sur l'accompagnement au combat des soldats maliens.
Recherche de consensus européen
Symbole d'une Europe de la défense chère à Emmanuel Macron, ce groupement est aujourd'hui dépendant du bon vouloir de la junte malienne pour continuer à exister, les prochains contingents européens à venir étant à la merci d'une interdiction de se déployer.
Vendredi s'est tenue une visioconférence entre la dizaine de pays européens participant à Takuba qui rassemble actuellement 800 militaires au Mali. En pleine présidence française de l'Union européenne et à trois mois de l'élection présidentielle française, la mort de l'opération constituerait un cuisant revers.
Mais quelle que soit l'issue de la crise, la France est soucieuse de présenter un front européen uni sur la question. Une manière d'éviter la comparaison avec l'Afghanistan, dont les Etats-Unis se sont retirés précipitamment l'été dernier sans concertation avec leurs alliés.
En façade, Paris temporise. Mais en coulisses la fébrilité est palpable. Les obstructions répétées de la junte, qui surfe sur un sentiment anti-français croissant dans la sous-région, pourraient finir par poser la question d'un retrait français du Mali, où Paris est engagé militairement depuis 2013, au prix de 53 morts et de milliards d'euros.
Le désengagement des 2.500 militaires français déployés au Mali "prendra des mois si tant est que ce soit décidé", mais ce n'est "pas à l'ordre du jour à ce stade", a seulement commenté vendredi l'état-major, en constatant : "à aucun moment les autorités maliennes ne nous ont dit +nous ne voulons plus des forces françaises+".
Sur le terrain, malgré neuf ans de présence ininterrompue, les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs. Et les violences se sont propagées au Burkina Faso et au Niger voisins, avant de descendre vers le sud, dans le nord de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du Ghana.
La France réaffirme à cet égards être fermement décidée à poursuivre la lutte antijihadiste dans la région.
"Il faut poursuivre le combat contre le terrorisme (...). Il s'est diffusé dans toute la région", a fait valoir M. Le Drian. "Il faut nous organiser pour continuer à combattre le terrorisme avec tous ceux qui veulent bien le combattre avec nous".
De sources concordantes, des réflexions sont en cours sur la création d'un poste de commandement français pour superviser les activités de coopération militaire en Afrique de l'Ouest.
(Avec AFP)
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