©Dimitar Dilkoff/AFP
Sous l’emblématique dalle de La Défense, le plus grand quartier d’affaires d’Europe, se cache un monde souterrain méconnu du grand public. Une métamorphose sans précédent s'y opère avec l'inauguration de l'exposition Les Extatiques. Ce réseau souterrain gigantesque, souvent comparé à une «cathédrale engloutie», devient le théâtre d’une rencontre exceptionnelle entre l’art contemporain et l’architecture urbaine.
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La Défense, connue pour son horizon de gratte-ciel et son esplanade où trônent déjà près de 70 œuvres d’art à ciel ouvert, révèle désormais une nouvelle facette de sa richesse artistique. Le collectif Interstices y a rassemblé un éventail d’œuvres, allant de la photographie à la sculpture, en passant par les installations et les vidéos. Une vingtaine d’artistes ont contribué à cette exposition, offrant ainsi une immersion inédite dans l’art contemporain.
L’exposition prend place dans une immense galerie obscure de 5.000 m2, une partie des espaces dits «résiduels» émergés lors de la conception de La Défense dans les années 1960. Ces volumes, sans fonction initiale et encadrés par des volumes techniques et la voirie, ont été réinvestis par Paris La Défense dans une démarche de valorisation de ces espaces inédits. Noellie Faustino, directrice du pôle événementiel de Paris La Défense, compare cette initiative aux Journées du patrimoine, soulignant l’accès exceptionnel qu’elle offre à des lieux habituellement fermés au public.
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L’exposition Les Extatiques explore les thématiques de l’abandon et de la reprise par la nature, à travers des sites industriels oubliés, reflétant ainsi les conditions d’occupation actuelles de la planète et la question de la finitude des ressources. Nicolas Obadia, cofondateur du collectif Interstices, insiste sur l’intention de provoquer une réflexion sur l’impact de l’activité humaine sans pour autant adopter un ton moralisateur.
Les visiteurs, plongés dans une atmosphère presque fantomatique à près de 15 mètres sous terre, découvrent un ensemble d’œuvres variées. Des photos grand format d’explorations urbaines («urbex») côtoient des images végétales réalisées à la rouille, des fresques de paysages urbains postapocalyptiques, des sculptures à base de matériaux de récupération et des installations lumineuses. Parmi les œuvres marquantes, «Image latente» d’Alexandre Urbrain offre une expérience visuelle et sonore unique avec des projections en trois dimensions sur un écran d’eau.
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La sécurité étant une priorité, l’accès à la «cathédrale» est limité à 19 personnes par visite, guidées par des membres du collectif Interstices et en présence de plusieurs artistes. Un parcours immersif qui comprend une étape dans l’ancien atelier de Raymond Moretti, où repose «Le Monstre», une structure monumentale de près de 20 tonnes, témoignant du génie créatif qui a animé La Défense depuis ses débuts.
Les Extatiques offre ainsi une rare opportunité de découvrir les dessous d’un quartier emblématique, en y mêlant l’histoire, l’art contemporain et la réflexion sur notre rapport à l’espace urbain et à l’environnement. Cette exposition, qui se tiendra jusqu’au 25 février, est une invitation à explorer les profondeurs cachées de La Défense et à contempler l’art sous un angle nouveau, au cœur de la ville.
Avec AFP
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