Alors que le Liban fait face à de multiples crises, le festival Al-Bustan a tenu tête à l’adversité en célébrant cette année un double anniversaire hautement symbolique: ses 30 ans d’existence, ainsi que le centenaire de la disparition de Puccini. C’est dans ce contexte éprouvant, mais porteur d’un message de résilience, que les lumières se sont allumées, mercredi soir, sur la scène de l’auditorium Émile Boustani.
Sous la houlette de Laura Lahoud, digne fille de Mirna Boustani, illustre fondatrice du festival, l’édition anniversaire a pu avoir lieu en dépit d’un contexte épineux, en particulier les tensions géopolitiques au Liban-Sud, qui aurait pu mettre a mal le déplacement des artistes, mais ce ne fut heureusement pas le cas.
En prélude à quinze jours de concerts d’exception, la soirée d’ouverture a tenu toutes ses promesses avec un florilège vibrant des plus belles œuvres de Puccini. Les voix cristallines de la soprano Valentina Boi et du ténor Marco Berti ont ainsi transporté un public conquis, offrant une échappée musicale aussi émouvante que salvatrice en ces temps troublés.
Plusieurs stars internationales ont fait le déplacement spécialement pour l’événement ou le feront dans les jours à venir, bravant les tensions politiques actuelles. C’est le cas du pianiste virtuose Boris Berezovsky, du prodige Alexandre Kantorow, lauréat de nombreuses récompenses, ou encore du jeune violoniste suédois Daniel Lozakovich, tous attendus prochainement à Beyrouth.
En ce mercredi soir, dans une salle comble vibrant à l’unisson des voix cristallines de la soprano et du ténor, on sentait souffler un vent d’espoir. «Quand le ténor a entonné Nessun Dorma dans son final puissant, j’en ai eu des frissons partout», confie Leila M. Comme elle, de nombreux spectateurs ont tenu à être présents pour réaffirmer l’importance de la culture de la vie.
Dans les allées bruissantes de l’auditorium, entre deux morceaux, les sourires se lisaient sur tous les visages. Celui de Laura Lahoud, émue et fière d’avoir mené à bien ce festival en dépit des difficultés, comme celui des artistes visiblement heureux de partager avec le public libanais leur passion commune pour la musique.
Sur scène, les rappels et les ovations se sont enchaînés. Les légendaires arias de Puccini, issus de ses opéras les plus connus, résonnaient comme un message d’espoir, celui d’un Liban meurtri certes, mais dont l’âme artistique et résiliente était plus vivace que jamais.
Une soirée placée sous le signe de l’émotion donc, mais aussi et surtout sous celui de l’espoir indéfectible en ces lendemains musicaux que le festival Al-Bustan ne manquera pas de continuer à tisser, contre vents et marées.
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