Sécurité des étrangers: mécontentement diplomatique face au laxisme des autorités

 
Chaque Libanais est, jusqu’à preuve du contraire, soupçonné d’être un agent secret. Il en est de même pour chaque étranger se trouvant sur le sol libanais.
Au cours des derniers jours, une équipe de sécurité de l'ambassade néerlandaise, qui revenait d'un entraînement de tir à Kaslik (nord de Beyrouth), a été interceptée par des éléments du Hezbollah. Les derniers trois ont été par la suite remis au service de renseignement de l'armée, mais les détails exacts de l'incident et le lieu de l'interception ne sont pas connus.
Les informations officielles concernant de tels incidents, lorsqu’elles existent, manquent toujours, pour le moins que l'on puisse dire, de crédibilité et servent principalement à brouiller la vérité. Dans le même ordre d’idées, des éléments du Hezbollah ont intercepté un véhicule de la Finul à Hay el-Sellom. Selon les informations obtenues, les membres de la force intérimaire ont fait l’objet d’une enquête et leurs caméras ont été confisquées. Il est à noter que la Finul a protesté contre cet agissement. Dans les deux cas, les autorités libanaises n’ont pas jugé bon de clarifier ce qui s’est passé, sachant que ce même schéma s'est répété lors d'événements précédents.
Commentant ce silence pour le moins singulier, une source diplomatique occidentale indique que les autorités libanaises agissaient comme si elles n’étaient pas concernées par les décisions relatives aux questions de sécurité impliquant des ressortissants étrangers au Liban. À cela s'ajoute le fait qu'elles ne détiennent pas non plus le pouvoir en matière de paix et de guerre, ce qui commande la question suivante: quel est le pouvoir dont dispose encore cet État?

De même source, on rapporte que les responsables des Nations unies et les représentants des pays ayant des troupes au sein de la Finul, ainsi que les États ayant amené des équipes de sécurité et des militaires au Liban avec l’aval de l'État libanais, ont informé les autorités à Beyrouth que ces négligences face aux agressions dont leur personnel fait l’objet ne sont plus acceptables. Ils estiment que les autorités libanaises sont tenues de prendre des mesures pour prévenir la récurrence de tels incidents, qui peuvent parfois échapper à tout contrôle, comme ce fut le cas à Aqibié, au sud de la ville de Saïda, en décembre 2022. Ce jour-là, un Casque bleu irlandais avait été tué par des tirs contre le véhicule de la force internationale. L’accusé, qui avait été arrêté, a été libéré quelques mois plus tard.
Dans ce contexte, il est important de préciser que la résolution 1701 du Conseil de sécurité ne limite pas la liberté de déplacement de la Finul. Elle donne même au gouvernement libanais le pouvoir de demander une expansion des pouvoirs de ces forces. D’ailleurs, il a été beaucoup question dans le passé de la possibilité de déployer les Casques bleus le long des frontières est et nord du Liban, c'est-à-dire à la frontière syrienne. Selon la source, si le gouvernement libanais ne veut pas mettre en œuvre la résolution 1701, il devrait le déclarer officiellement, pour permettre au Conseil de sécurité de prendre la décision appropriée concernant le maintien des forces internationales au sud du fleuve de Litani.
En ce qui concerne les déplacements des groupes de sécurité et militaires étrangers, on souligne de même source que ces derniers sont entrés au Liban de manière légitime. Ils ont été déployés soit pour soutenir l'armée libanaise, soit pour servir de gardes auprès des ambassades et d’autres missions, ou encore pour aider à évacuer les ressortissants étrangers en cas d'escalade potentielle de la guerre entre Israël et le Hezbollah. Par conséquent, leur mission au Liban est officiellement légitimée par les autorités locales, qui n'ont pas restreint leurs déplacements ni émis d'avertissements concernant des zones spécifiques à éviter.
«Il se peut que le Liban soit désormais considéré comme une destination dangereuse, déconseillée aux étrangers. De plus, il semble que les autorités libanaises soient réticentes à agir ou peut-être incapables de garantir la sécurité du pays pour ses résidents et ses visiteurs», commente en conclusion le diplomate occidental.
 
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