Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture et homme de télévision, s’est éteint jeudi à l’âge de 76 ans, après une longue bataille contre un cancer. Neveu de l’ancien président François Mitterrand, il était une figure emblématique du paysage culturel français.
Né le 21 août 1947 à Paris, Frédéric Mitterrand a su se faire un nom grâce à la télévision. Son émission Étoiles et toiles, diffusée sur TF1 à partir de 1981, a marqué les esprits par sa célébration flamboyante des stars du cinéma et son analyse perspicace des grands films. Sa voix lancinante et son phrasé reconnaissable entre tous ont captivé les téléspectateurs, leur transmettant sa passion pour le 7ᵉ art.
En 1988, il quitte TF1 pour rejoindre Antenne 2 et le service public. Mais son amour pour le cinéma ne se limite pas au petit écran. Enfant, il apparaît dans Fortunat aux côtés de Michèle Morgan et Bourvil. Plus tard, il passe derrière la caméra pour réaliser Lettres d’amour en Somalie (1981) et l’opéra Madame Butterfly (1995).
Malgré son admiration pour son oncle François Mitterrand, Frédéric refuse de suivre ses traces en politique. Il adhère au MRG en 1993 et soutient Jacques Chirac à la présidentielle de 1995. Sa carrière prend un tournant lorsque Nicolas Sarkozy le nomme à la tête de la Villa Médicis à Rome en 2008, avant de lui confier le ministère de la Culture quelques mois plus tard.
En tant que ministre, il affronte les intermittents du spectacle, fait adopter la loi Hadopi et supervise de grands chantiers comme le Mucem à Marseille et la Philharmonie à Paris. Il restera en poste jusqu’à la défaite de la droite à l’élection présidentielle de 2012.
Écrivain à ses heures, Frédéric Mitterrand n’hésitait pas à se livrer sur sa vie privée. Son récit de 2005 sur ses errances sexuelles en Thaïlande et au Maghreb avait suscité la polémique, l’obligeant à se défendre de toute relation avec des mineurs ou d’apologie de la pédocriminalité.
Sa disparition a suscité une vague d’hommages. Nicolas Sarkozy a salué «un homme profondément cultivé et délicat, un être à part, sensible et attachant, une personnalité inclassable». Jack Lang, son prédécesseur socialiste à la Culture, a évoqué «une amitié de plus de 60 ans» et «une affection inaltérable».
Frédéric Mitterrand laisse derrière lui une empreinte indélébile dans le monde de la culture. Cinéphile passionné, homme de télévision charismatique et ministre engagé, il a consacré sa vie à l’art sous toutes ses formes. Sa voix unique et son érudition manqueront à tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires