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- L’éditorial – Tuer la poule aux œufs d’or
Dans un contexte de crise chronique, et existentielle, qui s’étale dans le temps, certains pôles politiques s’ingénient parfois à colporter de manière insidieuse des informations tronquées, ou même sans fondements. Objectif recherché: soit lâcher des ballons d’essai sur des sujets précis pour jauger les réactions des uns et des autres; soit continuer d’entretenir (artificiellement) l’attention d’une opinion publique partisane en façonnant sur mesure des «informations» susceptibles d’enclencher un quelconque débat dans le seul but d’«occuper» de la sorte la base populaire durant le temps qui coule.
Ce scénario «à la libanaise» a émergé subitement sur la scène locale à la suite d’indications selon lesquelles le gouvernement accordera des indemnisations de 20.000 dollars pour chaque «martyr» tombé durant cette nouvelle guerre déclenchée par le Hezbollah au Liban-Sud, le 8 octobre dernier, et de 40.000 dollars pour chaque habitation endommagée. L’information a évidemment provoqué une levée de boucliers dans les milieux souverainistes. Ces derniers se sont élevés contre toute tentative de verser de telles compensations qui seraient assumées par le Trésor, et donc par le contribuable libanais, à titre de dédommagements pour les pertes subies lors d’un conflit armé déclenché de manière unilatérale par la formation pro-iranienne, sans que nul ne soit consulté, alors que l’Exécutif n’a jamais songé à indemniser, dans cette même proportion, les familles des victimes de la gigantesque explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Une explosion, ironie du sort, dont ce même Hezbollah assume l’entière responsabilité du fait du stock de nitrate d’ammonium qu’il avait emmagasiné dans l’enceinte portuaire.
L’information sur ces indemnités appelées à être versées aux habitants du Liban-Sud a rapidement été démentie par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, qui a relevé, à juste titre, que l’État n’avait concrètement pas les moyens financiers d’assurer de tels fonds. Il reste que les rumeurs colportées à ce sujet reflètent deux faits significatifs, basés sur le fait qu’elles sont l’œuvre de ministres et de milieux gravitant dans l’orbite du Hezbollah.
À en croire certaines sources généralement bien informées, la formation chiite et son tuteur iranien ne seraient pas en mesure d’assumer eux-mêmes directement les indemnisations à leurs partisans ou seraient réticents à le faire pour cause de crise financière aiguë. Quant à une éventuelle reconstruction qui serait assurée par les pays du Golfe, elle reste difficilement envisageable après l’expérience de la guerre de juillet 2006. Les monarchies pétrolières avaient alors fourni les fonds nécessaires pour reconstruire, ce qui n’avait pas empêché par la suite le Hezbollah de mener des campagnes haineuses, voire de déclarer une guerre à outrance politico-médiatique, contre ces mêmes États qui avaient mis la main à la poche pour réparer les dégâts provoqués par l’aventure guerrière lancée pour servir les intérêts stratégiques de ceux, comble du cynisme, qui les traiteront en adversaires à abattre!
Face à l’impasse financière qui pointe de la sorte à l’horizon, et dans le but d’éviter l’ire de sa base populaire, qui serait suscitée par les destructions massives provoquées par la nouvelle aventure guerrière en tous points stérile, le Hezbollah a entrepris de propager les informations sur l’octroi de dédommagements directement par le gouvernement central. D’une pierre, deux coups: parallèlement à la consommation médiatique interne, il s’agissait aussi de tester les réactions des diverses factions locales à ce propos.
Mais plus grave encore que cette manœuvre politico-médiatique, l’affaire en question est très caractéristique de l’attitude, dévastatrice, qu’a le tandem chiite à l’égard de l’État. Ce dernier est ainsi perçu par l’axe Hezbollah-Amal comme une vache laitière, une poule aux œufs d’or, qu’il convient d’exploiter à plein rendement, quitte à l’anéantir et sans se soucier outre mesure des retombées d’une telle posture sur les intérêts les plus élémentaires de la population. L’État, miné et déconstruit par la formation pro-iranienne, est invité – et avec lui le contribuable – à assumer les conséquences financières d’une guerre que lui-même et l’écrasante majorité des Libanais n’ont pas voulue et au sujet de laquelle nul n’a été consulté! Le fer de lance sur la scène locale du pouvoir des mollahs donne ainsi la perception qu’il considère l’État comme sa propriété privée dont il peut disposer à sa guise. Sauf que «l’ADN» des Libanais, foncièrement attachés aux libertés et au pluralisme sociocommunautaire qui caractérise depuis des siècles le pays du Cèdre, ne saurait subir aussi facilement une mutation allant à contre-courant de l’Histoire.
Ce scénario «à la libanaise» a émergé subitement sur la scène locale à la suite d’indications selon lesquelles le gouvernement accordera des indemnisations de 20.000 dollars pour chaque «martyr» tombé durant cette nouvelle guerre déclenchée par le Hezbollah au Liban-Sud, le 8 octobre dernier, et de 40.000 dollars pour chaque habitation endommagée. L’information a évidemment provoqué une levée de boucliers dans les milieux souverainistes. Ces derniers se sont élevés contre toute tentative de verser de telles compensations qui seraient assumées par le Trésor, et donc par le contribuable libanais, à titre de dédommagements pour les pertes subies lors d’un conflit armé déclenché de manière unilatérale par la formation pro-iranienne, sans que nul ne soit consulté, alors que l’Exécutif n’a jamais songé à indemniser, dans cette même proportion, les familles des victimes de la gigantesque explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Une explosion, ironie du sort, dont ce même Hezbollah assume l’entière responsabilité du fait du stock de nitrate d’ammonium qu’il avait emmagasiné dans l’enceinte portuaire.
L’information sur ces indemnités appelées à être versées aux habitants du Liban-Sud a rapidement été démentie par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, qui a relevé, à juste titre, que l’État n’avait concrètement pas les moyens financiers d’assurer de tels fonds. Il reste que les rumeurs colportées à ce sujet reflètent deux faits significatifs, basés sur le fait qu’elles sont l’œuvre de ministres et de milieux gravitant dans l’orbite du Hezbollah.
À en croire certaines sources généralement bien informées, la formation chiite et son tuteur iranien ne seraient pas en mesure d’assumer eux-mêmes directement les indemnisations à leurs partisans ou seraient réticents à le faire pour cause de crise financière aiguë. Quant à une éventuelle reconstruction qui serait assurée par les pays du Golfe, elle reste difficilement envisageable après l’expérience de la guerre de juillet 2006. Les monarchies pétrolières avaient alors fourni les fonds nécessaires pour reconstruire, ce qui n’avait pas empêché par la suite le Hezbollah de mener des campagnes haineuses, voire de déclarer une guerre à outrance politico-médiatique, contre ces mêmes États qui avaient mis la main à la poche pour réparer les dégâts provoqués par l’aventure guerrière lancée pour servir les intérêts stratégiques de ceux, comble du cynisme, qui les traiteront en adversaires à abattre!
Face à l’impasse financière qui pointe de la sorte à l’horizon, et dans le but d’éviter l’ire de sa base populaire, qui serait suscitée par les destructions massives provoquées par la nouvelle aventure guerrière en tous points stérile, le Hezbollah a entrepris de propager les informations sur l’octroi de dédommagements directement par le gouvernement central. D’une pierre, deux coups: parallèlement à la consommation médiatique interne, il s’agissait aussi de tester les réactions des diverses factions locales à ce propos.
Mais plus grave encore que cette manœuvre politico-médiatique, l’affaire en question est très caractéristique de l’attitude, dévastatrice, qu’a le tandem chiite à l’égard de l’État. Ce dernier est ainsi perçu par l’axe Hezbollah-Amal comme une vache laitière, une poule aux œufs d’or, qu’il convient d’exploiter à plein rendement, quitte à l’anéantir et sans se soucier outre mesure des retombées d’une telle posture sur les intérêts les plus élémentaires de la population. L’État, miné et déconstruit par la formation pro-iranienne, est invité – et avec lui le contribuable – à assumer les conséquences financières d’une guerre que lui-même et l’écrasante majorité des Libanais n’ont pas voulue et au sujet de laquelle nul n’a été consulté! Le fer de lance sur la scène locale du pouvoir des mollahs donne ainsi la perception qu’il considère l’État comme sa propriété privée dont il peut disposer à sa guise. Sauf que «l’ADN» des Libanais, foncièrement attachés aux libertés et au pluralisme sociocommunautaire qui caractérise depuis des siècles le pays du Cèdre, ne saurait subir aussi facilement une mutation allant à contre-courant de l’Histoire.
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