Mardi 26 mars, l’écrivain Charif Majdalani, fondateur de la Maison internationale des écrivains à Beyrouth, recevait dans le salon arabe du musée Sursock, la poétesse et romancière Ersi Sotiropoulos, l’une des figures de proue de la littérature grecque contemporaine.
La soirée a débuté par une présentation des livres de l’écrivaine, par Charif Majdalani, suivie d’un débat et d’une lecture bilingue de ses textes; en français, par l’auteur de Beyrouth 2020: Journal d’un effondrement, et en grec par Ersi Sotiropoulos. Elle s’est clôturée par un échange avec le public et une séance de dédicace.
Avec son style fluide et dense, le grand écrivain libanais a relaté le parcours littéraire de la romancière grecque couronnée de prix prestigieux, notamment le prix Dante Alighieri, en se focalisant sur ses trois derniers ouvrages, publiés aux éditions Stock: Eva, publié en 2009, récompensé par le prix de l’Académie d’Athènes et traduit du grec par Marie-Madeleine Rigopoulos; Ce qui reste de la nuit, prix Méditerranée 2017, et Je crois que tu me plais, tous deux traduits du grec par Gilles Decorvet.
Charif Majdalani a mis en avant les axes de similarité entre les deux villes, Beyrouth et Athènes, frappées par des crises économiques abyssales. L’écrivaine a noté que les gens à Beyrouth, malgré les catastrophes successives, «sont plus habités par la joie de vivre, plus insouciants, plus pressés de vivre l’instant».
Les romans d’Ersi Sotiropoulos, objets de la rencontre-débat
Eva raconte l’errance du personnage féminin éponyme du roman, après une soirée passée dans une boîte de nuit en compagnie de son mari, la veille de Noël. Lassée d’une vie conjugale routinière, l’héroïne va embrasser un inconnu qui réveille en elle une énergie atrophiée. Elle se met à vagabonder dans les bas-fonds athéniens, avec le désir insidieux d’explorer les parties obscures de son psychisme. Elle tombe sur un voleur qui subtilisera son portefeuille, un député corrompu, celui du parti «des ordures» et une prostituée ratatinée habillée de chiffons. Eva va fantasmer sur la caresse du pickpocket sur son corps. «Elle n’avait pas envie de rentrer. Derrière la communication qui se crée avec ces personnages pittoresques et étranges, c’est la ville et son destin qui se profilent», répond l’écrivaine aux questions de Charif Majdalani, qui choisit d’entretenir le suspense en s'abstenant de révéler la décision d’Eva.
Ce qui reste de la nuit, est un ouvrage consacré au grand poète d’Alexandrie, Constantin Cavafy, dont l’œuvre majeure fut méconnue de son vivant, voire curieusement dépréciée. La romancière raconte les trois derniers jours à Paris du poète grec, tourmenté par le déni qui entoure sa production, son homosexualité et sa relation avec une mère envahissante. Ersi Sotiropoulos affirme à l’assistance «qu’il était obsédé par la perfection au point de ne jamais publier ses recueils de poésie, qu’il retouchait constamment et d’avoir passé six ans à écrire un seul poème». Ces trois derniers jours à Paris ont été décisifs pour sa carrière, ajoute l’écrivaine «car il ne faut pas oublier que Paris, c’est la Mecque des artistes». Charif Majdalani évoque alors le rôle positif de Marguerite Yourcenar, éprise d’hellénisme, qui a traduit son œuvre, et la réaction négative de l’écrivain grec francophone Jean Moréas, qui le découragea d’écrire, alors que Cavafy lui vouait un véritable culte. «C’est sa secrétaire qui reçut le manuscrit, nuance Ersi Sotiropoulos, et qui en est responsable».
Je crois que tu me plais est un livre extrêmement dense sur une correspondance amoureuse électronique entre une femme et un homme. L’autrice de Ce qui reste de la nuit, qui travaillait d’arrache-pied pour terminer ce livre qui a nécessité six ans d’écriture, avait entretenu des échanges par mails et textos avec un amant. Un jour, elle découvre l’ampleur de l’ouvrage qui s’est constitué à partir de cette communication, où tous les sujets sont abordés sans tabou, y compris les fantasmes sexuels. En la questionnant sur le contenu du livre, Charif Majdalani fait un clin d’œil à sa vie privée. Ersi Sotiropoulos réplique que le livre est une fiction dans laquelle on trouve de tout, avant de partir d’un éclat de rire.
Épilogue
Ersi Sotiropoulos devait venir en résidence en 2019, explique Charif Majdalani à Ici Beyrouth, mais cela a été reporté à cause des cataclysmes successifs qui ont ébranlé le Liban. Elle est enfin venue, en 2024. Pour rappel, La Maison internationale des écrivains à Beyrouth, initiée et présidée par l’écrivain Charif Majdalani en association avec Nadine Chehadé, Céline Khoury et Carole Ammoun, avait réuni plus de trente écrivains de nombreux pays occidentaux et orientaux avant 2019. «En reprenant le cours normal de ses activités en 2022, la Maison des écrivains à Beyrouth a édité un ouvrage collectif intitulé Ce qui nous arrive regroupant cinq écrivains du Liban, de France, du Japon, d’Haïti et de Grèce, qui porte sur les différentes manières de vivre et de raconter l’enchaînement tragique des calamités», souligne l’écrivain. Ersi Sotiropoulos occupe une partie du livre collectif, avec un récit inspiré de la capitale Beyrouth.
La soirée a débuté par une présentation des livres de l’écrivaine, par Charif Majdalani, suivie d’un débat et d’une lecture bilingue de ses textes; en français, par l’auteur de Beyrouth 2020: Journal d’un effondrement, et en grec par Ersi Sotiropoulos. Elle s’est clôturée par un échange avec le public et une séance de dédicace.
Avec son style fluide et dense, le grand écrivain libanais a relaté le parcours littéraire de la romancière grecque couronnée de prix prestigieux, notamment le prix Dante Alighieri, en se focalisant sur ses trois derniers ouvrages, publiés aux éditions Stock: Eva, publié en 2009, récompensé par le prix de l’Académie d’Athènes et traduit du grec par Marie-Madeleine Rigopoulos; Ce qui reste de la nuit, prix Méditerranée 2017, et Je crois que tu me plais, tous deux traduits du grec par Gilles Decorvet.
Charif Majdalani a mis en avant les axes de similarité entre les deux villes, Beyrouth et Athènes, frappées par des crises économiques abyssales. L’écrivaine a noté que les gens à Beyrouth, malgré les catastrophes successives, «sont plus habités par la joie de vivre, plus insouciants, plus pressés de vivre l’instant».
Les romans d’Ersi Sotiropoulos, objets de la rencontre-débat
Eva raconte l’errance du personnage féminin éponyme du roman, après une soirée passée dans une boîte de nuit en compagnie de son mari, la veille de Noël. Lassée d’une vie conjugale routinière, l’héroïne va embrasser un inconnu qui réveille en elle une énergie atrophiée. Elle se met à vagabonder dans les bas-fonds athéniens, avec le désir insidieux d’explorer les parties obscures de son psychisme. Elle tombe sur un voleur qui subtilisera son portefeuille, un député corrompu, celui du parti «des ordures» et une prostituée ratatinée habillée de chiffons. Eva va fantasmer sur la caresse du pickpocket sur son corps. «Elle n’avait pas envie de rentrer. Derrière la communication qui se crée avec ces personnages pittoresques et étranges, c’est la ville et son destin qui se profilent», répond l’écrivaine aux questions de Charif Majdalani, qui choisit d’entretenir le suspense en s'abstenant de révéler la décision d’Eva.
Ce qui reste de la nuit, est un ouvrage consacré au grand poète d’Alexandrie, Constantin Cavafy, dont l’œuvre majeure fut méconnue de son vivant, voire curieusement dépréciée. La romancière raconte les trois derniers jours à Paris du poète grec, tourmenté par le déni qui entoure sa production, son homosexualité et sa relation avec une mère envahissante. Ersi Sotiropoulos affirme à l’assistance «qu’il était obsédé par la perfection au point de ne jamais publier ses recueils de poésie, qu’il retouchait constamment et d’avoir passé six ans à écrire un seul poème». Ces trois derniers jours à Paris ont été décisifs pour sa carrière, ajoute l’écrivaine «car il ne faut pas oublier que Paris, c’est la Mecque des artistes». Charif Majdalani évoque alors le rôle positif de Marguerite Yourcenar, éprise d’hellénisme, qui a traduit son œuvre, et la réaction négative de l’écrivain grec francophone Jean Moréas, qui le découragea d’écrire, alors que Cavafy lui vouait un véritable culte. «C’est sa secrétaire qui reçut le manuscrit, nuance Ersi Sotiropoulos, et qui en est responsable».
Je crois que tu me plais est un livre extrêmement dense sur une correspondance amoureuse électronique entre une femme et un homme. L’autrice de Ce qui reste de la nuit, qui travaillait d’arrache-pied pour terminer ce livre qui a nécessité six ans d’écriture, avait entretenu des échanges par mails et textos avec un amant. Un jour, elle découvre l’ampleur de l’ouvrage qui s’est constitué à partir de cette communication, où tous les sujets sont abordés sans tabou, y compris les fantasmes sexuels. En la questionnant sur le contenu du livre, Charif Majdalani fait un clin d’œil à sa vie privée. Ersi Sotiropoulos réplique que le livre est une fiction dans laquelle on trouve de tout, avant de partir d’un éclat de rire.
Épilogue
Ersi Sotiropoulos devait venir en résidence en 2019, explique Charif Majdalani à Ici Beyrouth, mais cela a été reporté à cause des cataclysmes successifs qui ont ébranlé le Liban. Elle est enfin venue, en 2024. Pour rappel, La Maison internationale des écrivains à Beyrouth, initiée et présidée par l’écrivain Charif Majdalani en association avec Nadine Chehadé, Céline Khoury et Carole Ammoun, avait réuni plus de trente écrivains de nombreux pays occidentaux et orientaux avant 2019. «En reprenant le cours normal de ses activités en 2022, la Maison des écrivains à Beyrouth a édité un ouvrage collectif intitulé Ce qui nous arrive regroupant cinq écrivains du Liban, de France, du Japon, d’Haïti et de Grèce, qui porte sur les différentes manières de vivre et de raconter l’enchaînement tragique des calamités», souligne l’écrivain. Ersi Sotiropoulos occupe une partie du livre collectif, avec un récit inspiré de la capitale Beyrouth.
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