La masse monétaire a connu une croissance phénoménale en un mois au Liban, augmentant de 439% entre décembre 2023 et janvier 2024. Pour quelles raisons? Et qu’est-ce que cela signifie?
Un rapport récemment publié révèle que le Liban a connu une augmentation significative de la masse monétaire en circulation qui s’est vue multipliée par plus de cinq fois en un mois seulement. Ainsi, la mesure M4 des billets en circulation et des comptes bancaires dans le pays a augmenté de 439% en janvier 2024, par rapport à décembre 2023 où elle avait augmenté de 0,1%, selon les données de la Banque du Liban (BDL).
La masse monétaire correspond au volume de monnaie (fiduciaire et scripturale) circulant dans une économie à un moment donné. Au Liban, cette masse est évaluée et réglementée par la BDL.
La masse monétaire est évaluée entre autres à partir de la consolidation des bilans comptables de la banque centrale, des établissements de crédit et des institutions financières. Ces données contribuent à dresser un bilan monétaire mis à jour tous les mois.
Pour le président du Mouvement international des entreprises libanaises (MIDEL) et doyen de la Faculté de gestion et de management à l’USJ, Fouad Zmokhol, ce gonflement de la masse monétaire est «très normal vu les augmentations salariales accordées au secteur public», sans oublier «l’implémentation du nouveau budget, l’officialisation du taux de change du dollar contre la livre libanaise à 89.500 et le passage du taux de conversion des impôts et taxes à 89.500 livres».
De son côté, l’économiste en chef de la Byblos Bank, Nassib Ghobril, considère que «tout ce brouhaha concernant la masse monétaire n’est pas justifié». Selon lui, du fait que la BDL a modifié le taux de change de 15.000 livres à 89.500 livres pour un dollar depuis fin janvier 2024, tous les bilans officiels ont changé et ont été majorés. Celui de la BDL et les bilans consolidés des banques commerciales ont augmenté proportionnellement à la hausse du taux de change. «C’est donc la même chose pour la masse monétaire», explique-t-il. L’économiste estime que toutes ces considérations sur les raisons de cette augmentation ne sont pas en phase avec la réalité. Il rappelle que la BDL avait publié une circulaire stipulant que les bilans de toutes les sociétés et institutions devaient être calculés au taux de change de 89.500 livres à partir des chiffres de janvier 2024. «Cela s’applique également aux chiffres que la BDL publie concernant la monnaie en circulation, affirme-t-il. La seule raison, pour lui, de cette augmentation est la majoration du taux de change. Il souligne par ailleurs que «cela n’aura aucun effet sur la stabilité de ce dernier sur le marché parallèle».
Cela entraînera-t-il une inflation? «Non», répond-il, «étant donné que l’inflation est déjà très élevée». Il assure que cette augmentation de la masse monétaire est purement technique. «Il s’agit d'une modification des chiffres et non de l’activité économique», conclut M. Ghobril.
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