Le 13 avril 2024, le documentaire Confessions d’une guerre sera projeté en avant-première à Beyrouth, en présence des personnes qui y témoignent.
Près de 34 ans après la fin des combats, d’anciens combattants de la guerre civile libanaise (1975-1990), autrefois ennemis, se sont réunis pour livrer leurs témoignages poignants dans le documentaire Confessions d’une guerre, réalisé par Sean Thompson. Ce film, initialement prévu pour octobre 2023, sortira finalement au Cinéma Royal de Bourj Hammoud le 13 avril 2024, triste date anniversaire du déclenchement du conflit.
Plus de 200 heures d’entretiens ont été enregistrées auprès d’ex-combattants de différents camps, aujourd’hui unis par un sentiment de culpabilité, de remords et une volonté de transmettre leur expérience aux jeunes générations. Parmi eux, Colette Tannous, Ziad Saab, Elie Abi Tayeh, Asaad al-Chaftari ou encore Nassim Asaad. Tous affirment avoir cru se battre pour une juste cause, pour un Liban meilleur. Mais le bilan est amer: un pays détruit et déchiré, où aucune véritable réconciliation n’a eu lieu après la fin des hostilités.
Pour les anciens ennemis, participer à ce documentaire est un moyen de «raconter ce qui s’est passé», de «guérir et demander pardon». Ils espèrent ainsi contribuer à ce que «la nouvelle génération ne reproduise pas les mêmes erreurs». Car, pour eux, «la guerre n’est pas la solution et ne mène qu’à la mort et la destruction».
Le déclenchement de nouveaux affrontements en octobre 2023 a retardé la sortie du film, mais a aussi renforcé sa pertinence et son message universel. Car, au-delà du Liban, Confessions d’une guerre montre «l’inutilité, l’absurdité et la dévastation de toutes les guerres», soulignent les producteurs Jérôme Gary et Denise Jabbour. «Nous avons tous à tirer des leçons des Libanais».
La coproductrice libanaise Denise Jabbour, née en 1974, a elle-même grandi au cœur du conflit, à Beyrouth-Ouest. Témoin de «l’horreur et la cruauté de la guerre», mais aussi de «la beauté et la force des Libanais», elle croit au «pouvoir du dialogue» qu’offre ce documentaire. Pour son homologue américain Jérôme Gary, c’est la remarque d’un jeune homme affirmant que «personne n’avait jamais parlé de la guerre civile» qui a motivé ce projet, afin de «soutenir les Libanais» dans ce difficile travail de mémoire.
Le producteur exécutif, David McKillop, voit dans ce film «un cri d’appel du Liban à l’humanité et un avertissement retentissant sur la destruction inutile que provoquent les guerres civiles». Car, selon lui, «les blessures de ces guerres ne guérissent jamais, mais continuent de saigner à travers les générations». Et les maux d’hier – «manque de confiance, mensonges, divisions» – continuent d’affliger le Liban et le monde.
Le réalisateur Sean Thompson abonde: «Il n’y a pas de vainqueur dans les guerres civiles. Les voisins deviennent des ennemis, les villes se transforment en ruines et les rêves brisés des parents deviennent un fardeau pour leurs enfants.» Après avoir trié les 200 heures de témoignages non pas par camp, mais par les sentiments partagés des anciens ennemis, il voit en eux «un exemple de sagesse» pour tous.
En brisant des décennies de silence, Confessions d’une guerre entend poser les bases d’un «dialogue honnête» et d’une convergence nécessaires pour «reconstruire le Liban dont nous rêvons». Un message d’espoir et de paix qui, 34 ans après, résonne tristement avec l’actualité libanaise et au-delà.
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