La position de l'Union européenne est concordante avec celle du Fonds monétaire international (FMI) concernant certains signes et développements récents au Liban, tels que l'adoption du
budget pour l'année 2024 dans les délais constitutionnels, la réforme de la loi sur le secret bancaire et la stabilisation du taux de change sur le marché parallèle.
Ces avancées laissent entrevoir des solutions possibles pour le Liban, pour peu qu'il y ait une volonté politique, tandis que les deux parties insistent sur l'importance de parvenir à un accord final entre le Liban et le FMI.
Malgré les divisions internes et les opinions divergentes à ce sujet, un tel accord est considéré comme la pierre angulaire d’un nouveau départ pour le Liban, ouvrant la voie à un plan de réformes et à l'obtention d'aides financières internationales et arabes ainsi que des bailleurs de fonds. Cela remettrait le Liban sur la voie de la reprise économique et restaurerait sa crédibilité sur la scène internationale.
La position des délégations de l'Union européenne et du FMI intervient à un moment où les divergences se creusent entre ceux qui insistent sur la nécessité de conclure un accord avec le FMI et ceux qui estiment que le temps est passé et que le Liban n'a plus besoin de cet accord.
En d’autres termes, cet accord, dont la valeur totale ne dépasse pas les trois milliards de dollars, ne présente plus aucun intérêt pour le Liban, vu que la plupart des termes qui le composent sont une conséquence de la crise, y compris la libéralisation du taux de change et la suppression complète des subventions, entre autres.
Ceux qui refusent actuellement de signer un accord avec le FMI estiment que la volonté politique fait défaut en ce qui concerne la mise en œuvre des engagements en matière de réformes fondamentales. Partant, quel est l'intérêt d'un accord sur papier si ses signataires ne sont pas en mesure de le concrétiser?
Ces milieux se posent des questions telles que: le gouvernement qui signe un accord avec le FMI peut-il contrôler la contrebande à la frontière avec la Syrie et résoudre le problème de l'évasion fiscale dans une économie devenue essentiellement basée sur l’argent liquide? Comment faire confiance à un gouvernement qui n'a pas réussi à mettre en œuvre la loi n°44 de 2017, adoptée par le Parlement sur la grille des salaires, concernant la suspension de tous types d'embauche dans le secteur public et procéder à une restructuration de ce secteur? Sachant que la même promesse a été réitérée dans la loi de budget de 2018, mais jusqu'à présent, aucune action n'a été entreprise pour restructurer ledit secteur.
Quoiqu’il en soit, le Liban bénéficie, à ce jour, d'un soutien technique du FMI. Cependant, parvenir à un accord final reste tributaire de la situation politique qui doit aboutir à l’élection d'un nouveau président de la République et à la formation d'un gouvernement disposant de tous ses pouvoirs, capable de reformer une équipe de négociations qui soutient les intérêts du Liban pendant les pourparlers, et non ceux du FMI. Tout accord, aussi nécessaire soit-il, doit bénéficier au Liban et ne pas compromettre ses intérêts.
Il faut savoir que les visites des responsables du FMI à Beyrouth se sont maintenues, la dernière en date étant celle du directeur exécutif du FMI, Mahmoud Mohieldin, qui a préparé la signature de l'accord préliminaire avec le FMI il y a deux ans, via deux réunions tenues avec le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre, Najib Mikati.
Lors de ces réunions, les discussions ont porté sur les dépôts bancaires, et M. Berry a souligné l'importance de protéger les droits des déposants, notamment pour restaurer la confiance dans le Liban et son secteur bancaire.
De son côté, M. Mohieldin a nié l'intention du FMI de révoquer l'accord signé avec le Liban. Les participants ont également abordé les préparatifs en cours pour une visite à Washington, sous la conduite du vice-Premier ministre, Saadé Chami, au cours de ce mois, pour participer aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
Les responsables du FMI ont tenu plusieurs réunions de coordination avec le gouvernement libanais, rencontrant de nombreux responsables financiers et bancaires dans le but de les encourager à trouver des solutions et à agir rapidement pour apporter les modifications nécessaires aux lois et aux législations libanaises.
Les émissaires du FMI ont reçu des promesses et des assurances qui les ont satisfaits, mais jusqu'à présent, ils attendent toujours la concrétisation de ces dernières.
Des sources suivant ces réunions ont révélé que les responsables du FMI ont exprimé leur mécontentement face au non-respect par l'État libanais de ses engagements antérieurs, ainsi que des kyrielles de promesses formulées lors des négociations, qui n'ont pas encore été concrétisées. Cela concerne notamment les lois sur le contrôle des capitaux, la restructuration des banques, et surtout la mise en œuvre d’un plan global de réforme financière.
Tous les regards sont désormais tournés vers les réunions de printemps qui se tiendront au cours ce mois à Washington, où le dossier libanais sera présent lors des discussions.
La délégation libanaise qui participera à ces réunions pourrait être sévèrement tancée en raison du non-respect par le Liban de ses engagements en matière de réformes, ce qui pourrait entraîner sa classification en tant que pays non coopératif. Les chances de parvenir à un accord final avec le FMI demeurent minces et tributaires des mesures que le Liban prendra pour remédier à la situation.
Les responsables du FMI prennent en considération le fait que le pays est en état de guerre depuis le 7 octobre et qu'il faut lui accorder du temps, mais trop point n’en faut. En effet, les autorités libanaises disposaient déjà de deux ans pour mettre en œuvre leurs engagements.
Il est important de noter que les fonds fournis par le FMI au Liban, distribués par tranches et sur plusieurs étapes, ne combleront qu'une infime partie de son déficit. L'essentiel, c’est que le Liban s'engage envers la communauté internationale, démontrant qu'il est désormais en mesure d'assurer sa viabilité et de s'engager dans des réformes indispensables pour pouvoir s'endetter de manière responsable.
Le FMI et ses représentants soulignent que des réformes structurelles sont indispensables pour éviter que le Liban ne sombre dans un cercle vicieux de crises récurrentes. Il est impératif d'avoir un leadership solide, étant donné que les réponses à la crise économique que traverse le Liban ne peuvent émaner que de l'intérieur du pays.
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