L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'affrontent devant la CIJ
L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont exposer leur différend sur la «purification ethnique» devant la Cour internationale de justice lundi, à La Haye, sur fond de tensions militaires entre les deux pays.

L'Arménie a saisi la plus haute juridiction des Nations unies au sujet du territoire contesté du Haut-Karabakh pour mener une "campagne médiatique" contre l'Azerbaïdjan, a accusé Bakou lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ).

Les deux pays voisins et rivaux du Caucase exposent cette semaine et la semaine prochaine devant la Cour qui siège à La Haye un différend de longue date portant sur la "purification ethnique", alors même que les tensions militaires s'intensifient entre eux.

"Dès le début, l'Arménie avait pour objectif d'entamer cette procédure devant la Cour et d'utiliser le fait de cette procédure pour mener une campagne médiatique publique contre l'Azerbaïdjan", a déclaré devant les magistrats Elnur Mammadov, représentant de Bakou.
Poursuites en justice

L’invocation par l’Arménie de la compétence de la Cour était "prématurée", a poursuivi M. Mammadov.

"C'est parce que l'Arménie a failli à engager des négociations avec l'Azerbaïdjan pour tenter de régler ce différend", a-t-il ajouté.

Il y a certes eu des "négociations limitées", mais Erevan "a manqué de les poursuivre", a-t-il estimé.

Au début du mois, les deux parties se sont accusées d'avoir ouvert le feu le long de leur frontière commune, réduisant ainsi les espoirs de parvenir à un accord de paix durable après des décennies de combats sporadiques.

La bataille juridique devant la CIJ remonte à septembre 2021, lorsque les deux pays ont déposé plainte l'un contre l'autre en l'espace d'une semaine.

Les deux voisins s'accusent mutuellement de "nettoyage ethnique" et de violation de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD).

La CIJ, qui statue sur les différends entre Etats, a émis des ordonnances d'urgence en décembre 2021, appelant les deux parties à empêcher l'incitation et la promotion de la haine raciale.


Mais si les décisions de la CIJ sont contraignantes, elle ne dispose d'aucun moyen de les faire appliquer et les tensions se sont accrues, culminant avec l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan en septembre dernier dans le territoire contesté du Haut-Karabakh.

Bakou l'a repris lors de cette opération militaire d'une journée, ce qui a poussé toute la population arménienne de l'enclave, soit plus de 100.000 des 120.000 habitants, à fuir vers l'Arménie.
Accord à portée de main

Quelques semaines plus tard, l'Arménie a de nouveau saisi la CIJ, demandant à la Cour d'ordonner à l'Azerbaïdjan de retirer ses troupes du Karabakh et de permettre aux réfugiés arméniens de rentrer chez eux en toute sécurité.

En novembre, la Cour a ordonné à l'Azerbaïdjan de permettre à toute personne souhaitant retourner au Karabakh de le faire "en toute sécurité, sans entrave et dans les meilleurs délais".

Les audiences débutées lundi doivent se poursuivre jusqu'au 26 avril.

Elles concernent les objections soulevées par chacune des parties dans l'affaire initiale déposée par la partie adverse en septembre 2021.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev ont déclaré qu'un accord de paix global était à portée de main après l'offensive de l'année dernière au Karabakh.

Les anciennes républiques soviétiques se sont livrées à deux guerres pour le contrôle de cette région montagneuse, qui ont fait des milliers de victimes dans les deux camps et provoqué la fuite de centaines de milliers de personnes: une dans les années 1990, lors de l'éclatement de l'Union soviétique, et la plus récente en 2020.

Le conflit a également distendu les liens entre la Russie et l'Arménie, Erevan estimant que Moscou n'a pas fait assez d'efforts pour l'aider lorsqu'elle était attaquée.

En février, l'Arménie a d'ailleurs officiellement adhéré à la Cour pénale internationale (CPI), malgré les mises en garde de Moscou.

Elle est désormais tenue d'arrêter Vladimir Poutine s'il met le pied sur le territoire arménien, en vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI délivré à l'encontre du président russe en mars 2023.
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