Les employés de la Caisse des indemnités du corps professoral dans les écoles privées, engagés dans une grève, ont présenté des excuses pour le retard dans le traitement des demandes pendant deux jours. Cet incident survient dans un contexte de difficultés financières affectant la caisse depuis 2019, marqué par une diminution des recettes et une dépréciation de leur valeur en devises libanaises, ainsi que des pertes financières subies dans les banques.
Les établissements scolaires continuent de payer leurs dus en devises locales, à raison de 6% par enseignant, en fonction des salaires réels qui varient entre 1 million et 4 millions de livres libanaises, tandis que des aides financières sont versées aux professeurs en dollars, indépendamment de leurs revenus. De même, 6% des salaires des enseignants sont prélevés pour alimenter cette caisse. Au vu de la situation actuelle, la valeur des frais opérationnels a augmenté de 4,5% par an à 45%, créant un déficit financier considérable – étant donné que les dépenses doivent désormais être versées en dollars pour la plupart, tandis que les revenus sont toujours versés en livres libanaises, sans aucune augmentation. Il est à noter que les dépenses sont susceptibles d’augmenter, compte tenu des besoins de revaloriser les salaires des employés de la caisse – dévalués du fait de la crise financière.
Les enseignants retraités ne sont pas les seuls à avoir hausser le ton: les employés de cette caisse ont, eux aussi, fait part de leur frustration grandissante, alors qu’ils gèrent les affaires de plus de 30.000 enseignants d’écoles privées et 15.000 retraités dont les salaires, d’après certaines sources syndicales, ne suffisent plus à leur survie. La raison principale de cette crise demeure le renvoi par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, de la loi sur l’aide financière à la caisse – dont le montant ,s’élève à 650 milliards de livres libanaises – au Parlement. Il en va de même pour la loi relative au corps professoral des écoles privées, dont les retraités ont porté plainte – par le truchement de leur avocat, Roland Esber – contre M. Mikati auprès du Conseil d’État, demandant la révocation des deux décrets de renvoi. Cela dit, le processus est long et la seule solution consiste en la tenue d’une séance plénière du Parlement pour renvoyer les deux lois au Conseil des ministres et demander que celles-ci soient publiées. À en croire certaines sources proches du syndicat des enseignants, la situation actuelle ne peut en aucun cas se prolonger; une solution juridique doit être envisagée au-delà des protocoles spécifiques entre le syndicat et l’union des établissements scolaires privés, et les salaires doivent être versés en devises étrangères pour sauver la caisse de la faillite au plus tôt.
L’accord entre le syndicat des enseignants et l’union des établissements scolaires privés – parrainé par le ministère de l’Éducation et approuvé par le gouvernement d’expédition des affaires courantes – a donné lieu à une subvention de la Caisse des indemnités du corps professoral dans les écoles privées, s’élevant à 100 milliards de livres libanaises. La caisse est ainsi parvenue à verser les augmentations salariales des enseignants retraités, à savoir 6 salaires pour le mois de janvier et 6 salaires pour le mois de février 2024. Selon ledit accord, les écoles se devaient de payer la somme de 180 milliards de livres avant le 15 février dernier. Or, plusieurs établissements ont enfreint cet accord; les enseignants retraités craignent désormais que la caisse ne puisse pas verser les augmentations dans les mois à venir, sachant qu’il lui faudrait un montant mensuel de 60 milliards de livres libanaises pour ce faire.
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