Créée en décembre 2015 par Aurélien Zouki et Éric Deniaud, Géologie d'une fable a, depuis, été représentée plus de 250 fois au Liban, en Égypte, à Abou Dhabi, en France, en Belgique, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, au Portugal, au Danemark et en Colombie. Elle a reçu, en 2020, deux prix lors du festival de théâtre du Liban. Elle sera jouée à l’Alba le 30 avril 2024.
Aurélien Zouki
Acteur, metteur en scène, danseur et marionnettiste, Aurélien Zouki est l’un des fondateurs du collectif Kahraba dont la pièce Géologie d’une fable mêle conte, danse, modelage d’argile et manipulation de figures sculptées. Le son composé par Emmanuel Zouki occupe une place essentielle offrant une multitude de sons, de musiques, de chants et d’ambiances. Le spectacle sollicite la mémoire collective liée aux traditions du conte et entraîne le public dans un voyage imaginaire aux confins de l’enfance et de l’onirisme. «Cette pièce, confie Aurélien Zouki, est née d’un désir partagé entre Éric et moi de travailler en direct avec le public l’argile qui existe dans notre atelier puisqu’on fabrique des marionnettes.» C’est à partir de cette matière première que les deux interprètes, archéologues et géologues remontent la généalogie des fables à la recherche de leur origine, retraçant l’histoire dans une succession de paysages minéraux. Une série de figures animales prennent vie entre leurs mains. «Pour écrire leurs fables, ajoute-t-il, La Fontaine et Marie de France se sont inspirés d’Ésope, qui s’est nourri lui-même des fables persanes connues sous le nom de Kalila wa Doumna et qui arrivent d’Inde, traduites du Panchatantra. C’était ce voyage d’histoires et de fables qui nous intéressait, cette transmission de savoirs qui a traversé les frontières à l’opposé de ce qu’on vit aujourd’hui, un monde qui ferme les frontières et rend la transmission du patrimoine de plus en plus difficile.»
Éric Deniaud et Aurélien Zouki.
Le théâtre l’ayant happé dès l’enfance, Aurélien Zouki s’est installé en 1998 à Paris, après ses études au Lycée franco-libanais, pour suivre une formation dans une école de théâtre. Il découvre, lors de sa rencontre avec Éric Deniaud la marionnette et la manipulation d’objets et, en 2010, suit une formation de danse contemporaine à Beyrouth. «En 2007, dit-il, nous avons créé avec Camille Brunel, Rima Maroun et Éric Deniaud, le collectif Kahraba qui rassemble acteurs, danseurs, marionnettistes, metteurs en scène et artistes visuels avec ce rêve naïf de l’unité dans la diversité. Notre théâtre interroge de manière poétique le monde dans lequel nous vivons et tend un fil entre l’art populaire au sens le plus noble du terme et la recherche de nouvelles formes esthétiques.»
Kahraba crée des spectacles au dispositif technique léger qui leur permet de se déplacer à travers le Liban et d’installer leur petit théâtre itinérant dans une bibliothèque publique ou dans la cour d’une école.
«Nous allons à la rencontre de différents publics, précise le dramaturge. L’essentiel est d’être dans un langage accessible à tous. Nous avons créé en 2011 le festival de plein air gratuit «Nihna wel amar jiran» et fondé avec le mécène Robert Eid, Hammana Artist House, un espace de création, de résidence et de formation dédié aux arts de la scène et aux arts visuels que nous dirigeons depuis 2017.»
C’est en rassemblant les désirs, les inspirations et les intuitions artistiques des uns et des autres liés à un thème que fonctionne Kahraba. «Parfois ce sont des rencontres humaines qu’on a pu faire», confie Aurélien Zouki. Et d’ajouter qu’écrire pour la scène procède d’une dramaturgie à plusieurs niveaux: «C’est quelquefois la matière elle-même qui nous amène une évidence ou la recherche comme de se plonger dans les fables, ou encore une improvisation au plateau qui nous fait écrire une scène en particulier. Avec tous ces éléments, nous cherchons la cohérence et les résonances. Nous écrivons un spectacle qui ne sera peut-être pas une histoire conventionnelle, mais une narration abstraite et poétique avec une évolution du récit et la métamorphose des éléments sur scène.»
«Géologie d'une fable».
Les arts visuels font partie intégrante du langage théâtral et selon Zouki l’enjeu consiste «à toucher le spectateur en le faisant participer au voyage qu’on propose. Le mouvement d’une matière, l’énergie qui se dégage d’un corps qui danse, la manipulation d’un masque, tout cela participe d’une lecture à plusieurs niveaux. On laisse une part au spectateur pour compléter la pièce avec son propre imaginaire et faire les liens avec ses propres références.»
«Géologie d'une fable».
Tout théâtre est politique, il est le lieu d’expression de ceux qui sont privés de parole et Zouki revendique une liberté de pensée et d’action en dehors de tout courant. «Je fais partie de ceux qui défendent l’aspect essentiel du théâtre dans nos sociétés. En tant qu’artistes, nous proposons une expérience qui touche au cœur de la vie intime du spectateur, l’amène à penser librement et à se défaire de la paresse intellectuelle. Dans un monde qui cherche à isoler les individus, à les faire vivre dans la peur, proposer aujourd’hui des expériences qui leur permettent de se retrouver, de se rassembler, de se reconnaître les uns les autres dans leurs différences est un acte politique, quelle que soit la pièce jouée.»
Dans le cadre du festival «Les rendez-vous théâtraux de la Bekaa», deux créations de Kahraba, Songe d’une forêt oubliée et Les Veilleurs seront jouées en juin à Zahlé, Baalbek et au Hermel les 14, 15 et 16 juin.
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