©(Photo by Alexander KAZAKOV / POOL / AFP)
La nomination de l’économiste russe Andreï Belooussov au poste de ministre de la Défense montre que le président Vladimir Poutine mise sur l’économie de guerre pour remporter sa longue guerre en Ukraine.
Le limogeage, dimanche soir, du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et la nomination de l’économiste Andreï Belooussov à ce poste montrent que le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, se prépare à une longue confrontation en Ukraine et mise sur l’économie de guerre pour la remporter, estiment des analystes.
À ce stade, il est difficile de savoir si la nomination du ministre sortant de la Défense Sergueï Choïgou à la tête du Conseil de sécurité nationale est une rétrogradation, tandis que l’avenir de Nikolaï Patrouchev, personnage obscur mais puissant qui occupait ce poste depuis 2008, est également incertain. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a affirmé que ce dernier a été démis de ses fonctions car il avait accepté «un nouveau poste» qui serait révélé dans les «prochains jours».
Le changement, annoncé quelques jours seulement après l’investiture de M. Poutine pour un cinquième mandat, à la suite d’élections en mars jugées truquées par les opposants, survient alors que la Russie cherche à ébranler Kiev avec des avancées dans le nord-est de l’Ukraine.
Andreï Belooussov occupait depuis 2020 le poste de vice-Premier ministre chargé de l’Économie. Comme ses récents prédécesseurs, il n’a pas d’expérience dans l’armée ou dans les services de sécurité. Mais au moment où la Russie compte porter le budget de défense à quelque 30% des dépenses totales du gouvernement, Vladimir Poutine «doit s’orienter encore plus vers une économie de guerre et des dépenses militaires efficaces – et Andrei Belooussov est l’un des dirigeants économiques en qui il a le plus confiance», explique à l’AFP Ben Noble, professeur agrégé de politique russe à l’University College de Londres.
«L’objectif de Poutine est d’améliorer l’efficacité de la production d’armes et de répondre de manière optimale aux besoins militaires», renchérit Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet de conseil R.Politik. «Dans ce contexte, Belooussov est un choix logique», estime-t-elle.
Pour les analystes, cette nomination signale que le Kremlin prépare la Russie à une guerre de plusieurs années contre l’Ukraine, où l’équilibre entre approvisionnement et production d’armes pourrait déterminer qui sortira vainqueur. «Le principal point à retenir est que Vladimir Poutine se prépare à une longue confrontation avec l’Occident», résume Ben Noble.
M. Belooussov croit fermement à la doctrine selon laquelle la Russie est entourée d’un «cercle d’ennemis» et il est le seul parmi l’équipe d’économistes du président Poutine à soutenir l’annexion de la Crimée en 2014, qui a été suivie par des sanctions sévères, relève une source citée par le site d’information en langue russe The Bell.
M. Choïgou, figure éminente du gouvernement russe des années 1990 avant même l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, a longtemps été considéré comme un proche du président.
Mais l’époque où les deux hommes partageaient saunas et expéditions torse nu dans la nature sauvage de la Sibérie natale du ministre de la Défense sortant est révolue. La réputation de M. Choïgou a en effet été entachée par les diatribes du défunt chef des mercenaires de Wagner, Evguéni Prigojine, qui l’avait traité de «sac à ordures» et par l’arrestation du vice-ministre de la Défense, Timur Ivanov, soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin.
Pour autant, sa nomination comme chef du Conseil de sécurité nationale montre qu’il n’est pas totalement exclu de l’élite même s’il «reste à voir quel rôle politique et stratégique il jouera concrètement», relève Ben Noble.
Par ailleurs, des doutes subsistent sur l’importance future du Conseil, dont le chef adjoint n’est autre que l’ancien président Dmitri Medvedev, qui a lui-même perdu de son influence politique.
«Cette nomination montre que l’importance réelle du Conseil de sécurité dans la hiérarchie n’est peut-être pas aussi grande que ce que les observateurs pensent généralement», estime ainsi Tatiana Stanovaya.
M. Belooussov n’ayant pas d’expérience militaire, sa nomination éloigne encore davantage le ministère de la Défense de la prise de décision sur le champ de bataille et renforce le pouvoir de l’état-major militaire dirigé par le général Valery Guerassimov. «L’armée a toujours été la prérogative du chef d’état-major, il poursuivra ses activités et aucun changement n’est pour l’instant envisagé à cet égard», a assuré M. Peskov.
Stuart Williams, avec AFP
Le limogeage, dimanche soir, du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et la nomination de l’économiste Andreï Belooussov à ce poste montrent que le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, se prépare à une longue confrontation en Ukraine et mise sur l’économie de guerre pour la remporter, estiment des analystes.
À ce stade, il est difficile de savoir si la nomination du ministre sortant de la Défense Sergueï Choïgou à la tête du Conseil de sécurité nationale est une rétrogradation, tandis que l’avenir de Nikolaï Patrouchev, personnage obscur mais puissant qui occupait ce poste depuis 2008, est également incertain. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a affirmé que ce dernier a été démis de ses fonctions car il avait accepté «un nouveau poste» qui serait révélé dans les «prochains jours».
Le changement, annoncé quelques jours seulement après l’investiture de M. Poutine pour un cinquième mandat, à la suite d’élections en mars jugées truquées par les opposants, survient alors que la Russie cherche à ébranler Kiev avec des avancées dans le nord-est de l’Ukraine.
Pourquoi Belooussov?
Andreï Belooussov occupait depuis 2020 le poste de vice-Premier ministre chargé de l’Économie. Comme ses récents prédécesseurs, il n’a pas d’expérience dans l’armée ou dans les services de sécurité. Mais au moment où la Russie compte porter le budget de défense à quelque 30% des dépenses totales du gouvernement, Vladimir Poutine «doit s’orienter encore plus vers une économie de guerre et des dépenses militaires efficaces – et Andrei Belooussov est l’un des dirigeants économiques en qui il a le plus confiance», explique à l’AFP Ben Noble, professeur agrégé de politique russe à l’University College de Londres.
«L’objectif de Poutine est d’améliorer l’efficacité de la production d’armes et de répondre de manière optimale aux besoins militaires», renchérit Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet de conseil R.Politik. «Dans ce contexte, Belooussov est un choix logique», estime-t-elle.
Vers une guerre longue
Pour les analystes, cette nomination signale que le Kremlin prépare la Russie à une guerre de plusieurs années contre l’Ukraine, où l’équilibre entre approvisionnement et production d’armes pourrait déterminer qui sortira vainqueur. «Le principal point à retenir est que Vladimir Poutine se prépare à une longue confrontation avec l’Occident», résume Ben Noble.
M. Belooussov croit fermement à la doctrine selon laquelle la Russie est entourée d’un «cercle d’ennemis» et il est le seul parmi l’équipe d’économistes du président Poutine à soutenir l’annexion de la Crimée en 2014, qui a été suivie par des sanctions sévères, relève une source citée par le site d’information en langue russe The Bell.
Choïgou déchu?
M. Choïgou, figure éminente du gouvernement russe des années 1990 avant même l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, a longtemps été considéré comme un proche du président.
Mais l’époque où les deux hommes partageaient saunas et expéditions torse nu dans la nature sauvage de la Sibérie natale du ministre de la Défense sortant est révolue. La réputation de M. Choïgou a en effet été entachée par les diatribes du défunt chef des mercenaires de Wagner, Evguéni Prigojine, qui l’avait traité de «sac à ordures» et par l’arrestation du vice-ministre de la Défense, Timur Ivanov, soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin.
Pour autant, sa nomination comme chef du Conseil de sécurité nationale montre qu’il n’est pas totalement exclu de l’élite même s’il «reste à voir quel rôle politique et stratégique il jouera concrètement», relève Ben Noble.
Par ailleurs, des doutes subsistent sur l’importance future du Conseil, dont le chef adjoint n’est autre que l’ancien président Dmitri Medvedev, qui a lui-même perdu de son influence politique.
«Cette nomination montre que l’importance réelle du Conseil de sécurité dans la hiérarchie n’est peut-être pas aussi grande que ce que les observateurs pensent généralement», estime ainsi Tatiana Stanovaya.
Qui mène la guerre?
M. Belooussov n’ayant pas d’expérience militaire, sa nomination éloigne encore davantage le ministère de la Défense de la prise de décision sur le champ de bataille et renforce le pouvoir de l’état-major militaire dirigé par le général Valery Guerassimov. «L’armée a toujours été la prérogative du chef d’état-major, il poursuivra ses activités et aucun changement n’est pour l’instant envisagé à cet égard», a assuré M. Peskov.
Stuart Williams, avec AFP
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