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- L’éditorial – D’un mode de pensée à l’autre
«Les enfants (du Liban-Sud) ont besoin d’un cessez-le-feu immédiat»… Tel est le véritable cri d’alarme lancé par l’Unicef- Liban, en début de semaine, sur les réseaux sociaux. L’organisme international a accompagné cet appel de chiffres alarmants – pour le moins qu’on puisse dire – portant sur les retombées du conflit armé déclenché le 8 octobre dernier par le parti pro-iranien à la frontière avec Israël, sous le prétexte (fondamentalement fallacieux) d’atténuer la pression sur le Hamas dans sa guerre contre Israël à Gaza. L’Unicef fait état ainsi de non moins de 90.000 personnes déplacées au Liban-Sud des suites des combats des sept derniers mois, de 30.000 enfants contraints d’être tenus loin du foyer familial et de 70 écoles qui ont dû être fermées, ce qui a affecté la situation de plus de 20.000 élèves.
De manière quasiment concomitante à la publication de ces chiffres, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononçait un discours en vidéoconférence, comme à l’accoutumée, dans lequel il prétendait, en substance, le plus sérieusement du monde, que le mouvement Hamas est pratiquement «gagnant» (sic!) dans cette guerre dans laquelle il a entraîné la population de Gaza. À en croire le leader du parti chiite, l’organisation palestinienne a atteint, en effet, ses «objectifs politiques», en l’occurrence le gel du processus de normalisation entre Israël et certains pays arabes (plus spécifiquement l’Arabie saoudite) et la relance du dossier palestinien au niveau des instances internationales, notamment pour ce qui a trait au projet d’édification de l’État palestinien, comme l’a affirmé Hassan Nasrallah.
Aucune mention dans ce discours, aucune allusion même (ne fusse que passagère) aux lourdes pertes en vies humaines et aux destructions massives enregistrées au cours de ces sept mois de guerre foncièrement stérile (en termes de «libération» de territoires), tant en ce qui concerne le Liban-Sud que la bande de Gaza (plus de 30.000 morts, selon le bilan fourni par le Hamas, sans compter les quartiers entiers réduits intégralement en ruines…).
Nous nous trouvons ainsi, une fois de plus, face à deux modes de pensée totalement divergents, deux postures politiques radicalement différentes: d’une part, l’absence de toute considération qui devrait être accordée à l’individu, à l’Homme en tant que valeur absolue; et d’autre part, le souci de préserver en priorité les vies humaines.
Pour le leader du Hezbollah, ce qui compte en définitive, comme il ressort de son intervention, ce ne sont pas ce qu’il semble percevoir comme des «pertes collatérales» (les vies humaines et les lourds dégâts matériels), mais plutôt les acquis politiques. Sauf qu’il a omis de relever que dans ce dernier épisode du conflit israélo-palestinien qui a éclaté le 7 octobre dernier, c’est plutôt la République islamique iranienne – et non la population ou l’Autorité palestinienne – qui a marqué des points, au stade actuel… Car en réalité, c’est le pouvoir des mollahs qui s’est repositionné et qui a renforcé sa stature sur le double échiquier régional et international, au prix du sang palestinien et de la destruction de Gaza, au prix du sang libanais et de la destruction du Liban-Sud.
Hassan Nasrallah mentionne la relance du projet d’État palestinien comme un acquis enregistré par le Hamas. Il s’agit là, il convient de le souligner, d’une distorsion de la réalité. Comment occulter, en effet, que c’est ce même mouvement Hamas qui a torpillé en 1994 et 1995, avec l’extrême droite israélienne, le processus d’Oslo qui devait aboutir, précisément, à l’édification d’un État palestinien. C’est ce même Hamas qui continue de faire obstruction, dans les faits, à la solution des deux États.
On ne le répètera jamais suffisamment… Plus que jamais, ce sont deux projets de société, deux structures ou modes de pensée qui s’affrontent aujourd’hui, non seulement dans la région, mais aussi, de plus en plus, dans le monde. La «culture de la mort» (ou du martyre) contre la «culture de la vie»…
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