Le 77e Festival de Cannes s’est achevé en beauté, célébrant la diversité et l’engagement. De la Palme d’or décernée à un film sur une stripteaseuse au Prix spécial du jury pour un cinéaste iranien en exil, retour sur une édition mémorable.
Le rideau est tombé, samedi soir, sur le 77e Festival de Cannes et c’est un palmarès placé sous le signe de l’émancipation féminine et des luttes pour la liberté qui a été dévoilé. Dans une ambiance à la fois festive et solennelle, le jury présidé par la réalisatrice, scénariste et actrice américaine Greta Gerwig a récompensé des œuvres fortes et engagées, reflétant les préoccupations de notre époque.
La Palme d’or a été attribuée à Anora, du réalisateur américain Sean Baker. Cette comédie délirante suit le destin d’une stripteaseuse new-yorkaise qui se retrouve propulsée dans l’univers clinquant de Las Vegas après avoir épousé le fils d’un oligarque russe. En dédiant son prix à «toutes les travailleuses du sexe», Sean Baker a rappelé l’importance de donner une voix à celles et ceux qui sont souvent marginalisés.
Le cinéma français n’est pas en reste, avec deux récompenses majeures pour Emilia Perez de Jacques Audiard. Cette comédie musicale flamboyante, qui raconte la transformation d’un narcotrafiquant mexicain en femme généreuse et altruiste, a décroché le Prix du jury ainsi que le Prix d’interprétation féminine pour son quatuor d’actrices émouvantes. Karla Sofía Gascón, actrice transgenre, a livré un message poignant en rappelant que «nous avons tous la possibilité de changer pour devenir meilleurs».
C’est un autre combat de femmes qui a été distingué par le Grand prix, revenant à All We Imagine As Light de la réalisatrice indienne Payal Kapadia. Premier film indien en compétition depuis trois décennies, cette œuvre puissante dépeint la solidarité entre trois femmes confrontées au patriarcat. Un prix qui sonne comme un appel à une plus grande diversité dans la sélection cannoise.
L’émotion était palpable lors de la remise d’un Prix spécial du jury, par la réalisatrice et actrice libanaise Nadine Labaki, au film iranien Les Graines du Figuier Sauvage de Mohammad Rasoulof. Dans un discours émouvant, elle a souligné la responsabilité de l’art et rendu hommage au courage du réalisateur et de son équipe, qui ont réussi à réaliser ce film malgré la répression du régime iranien. Mohammad Rasoulof, très ému, a remercié le jury et dénoncé la situation du peuple iranien «pris en otage», tout en saluant la bravoure des actrices de son film. Il a rendu hommage aux artistes emprisonnés dans son pays et aux femmes qui défient le régime en ôtant leur voile. Un moment de grâce et de courage qui restera dans les mémoires.
D’autres films ont marqué cette édition par leur audace et leur singularité. The Substance de Coralie Fargeat, récompensé par le Prix du scénario, propose une relecture féministe et trash du mythe de la jeunesse éternelle, portée par une Demi Moore stupéfiante. Jesse Plemons a quant à lui reçu le Prix d’interprétation masculine pour sa palette de rôles saisissants dans Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos.
Enfin, cette cérémonie de clôture a été l’occasion de rendre hommage à deux monuments du 7e art. L’icône de la saga Star Wars, George Lucas, a reçu une Palme d’or d’honneur des mains de son ami Francis Ford Coppola, sous les ovations d’une salle comble et admirative.
En guise de conclusion, Sean Baker a tenu à rappeler l’importance de l’expérience collective du cinéma: «Les films sont faits pour être vus en salles et pas sur un téléphone portable.» Un message essentiel en ces temps de mutation de l’industrie, qui résonne comme une invitation à continuer de faire vivre la magie du grand écran.
Le Festival de Cannes 2024 aura été celui de la célébration des combats essentiels de notre temps, qu’il s’agisse des droits des femmes, de la liberté d’expression ou de la résistance à l’oppression. En braquant les projecteurs sur des œuvres fortes et nécessaires, il a rappelé le pouvoir du cinéma à éveiller les consciences et à rassembler autour de valeurs universelles. Le rendez-vous est pris pour une 78e édition qui s’annonce d’ores et déjà passionnante.
Palmarès du 77e Festival de Cannes:
– Palme d’or: Anora de Sean Baker.
– Grand prix: All We Imagine As Light de Payal Kapadia.
– Prix du jury: Emilia Pérez de Jacques Audiard.
– Prix de la mise en scène: Miguel Gomez pour Grand Tour.
– Prix spécial du jury: Mohammad Rasoulof pour Les Graines du figuier sauvage.
– Prix d’interprétation masculine: Jesse Plemons dans Kinds of Kindness.
– Prix d’interprétation féminine: Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz pour Emilia Perez de Jacques Audiard.
– Prix du scénario: The Substance de Coralie Fargeat.
– Palme d’or du court métrage à The Man Who Could Not Remain Silent de Nebojsa Slijepcevic.
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