©(Photo DIMITAR KYOSEMARLIEV / AFP)
Les yeux sont rivés sur les élections européennes, mais les Bulgares ont commencé aussi à voter dimanche pour élire leurs députés. Il s’agit des sixièmes législatives en trois ans qui devraient signer le retour des conservateurs.
Le vent de changement qui soufflait sur le pays des Balkans à l’été 2020 est bel et bien retombé. Et celui qui avait été chassé du pouvoir après des manifestations contre la corruption, l’ex-Premier ministre Boïko Borissov, revient en force.
Les sondages créditent son parti conservateur Gerb d’environ 25% des intentions de vote.
Soit dix points d’avance sur les réformateurs de la coalition Continuons le changement/Bulgarie démocratique (CC/BD), qui n’ont pas réussi à maintenir l’élan né il y a trois ans sur fond de lassitude des électeurs.
À la veille du scrutin, qui a débuté à 07H00 heure locale (04H00 GMT), Stefan Dinev confie son exaspération.
«Quand sont les élections déjà?», ironise ce dentiste de 39 ans. «J’ai toujours voté, mais là je suis à bout», dit-il à l’AFP, alors que les analystes évoquent déjà le spectre de septièmes élections à l’automne.
«Homme fort»
Devant la succession de scrutins et une crise politique sans précédent depuis la fin du communisme, c’est le vétéran «Boïko» qui tire son épingle du jeu.
Ancien pompier et garde du corps, ce colosse au crâne rasé renvoie l’image d’un «homme fort» et c’est ce que recherchent précisément 49% des Bulgares selon une récente étude de l’institut Open Society.
S’il assure ne plus aspirer au poste de Premier ministre, le responsable de 64 ans a promis pendant la campagne de tout faire pour former un gouvernement «stable» et mettre fin au «chaos», à un moment de grandes incertitudes en Europe avec la guerre en Ukraine.
De quoi séduire dans ce pays le plus pauvre de l’UE, où le marasme actuel a mis en suspens les réformes, repoussé l’adhésion à la zone euro et compromis l’accession pleine et entière à l’espace de libre circulation Schengen.
«Il faut que la situation se calme enfin. On a tenté toutes sortes d’expériences pour le remplacer, mais personne n’a réussi», lance Blagovesta Petkova, une institutrice de 44 ans, en allusion aux Premiers ministres qui se sont succédé depuis le départ de M. Borissov.
Mais ses détracteurs brandissent ses liens avec le député Delyan Peevski, un ancien magnat des médias visé par des sanctions américaines et britanniques pour corruption.
À la tête du parti de la minorité turque MDL (15% des intentions de vote), il s’est dit «prêt à gouverner».
«Ecœurée»
«C’est le fléau de la Bulgarie», réagit auprès de l’AFP l’ex-Premier ministre Nikolay Denkov, issu du camp réformateur.
Avec Boïko Borissov, M. Peevski n’a qu’un but selon lui: «préserver le statu quo», notamment au niveau de la justice et des services de renseignement, de crainte qu’on ne fouille dans des affaires qui pourraient les incriminer.
«Les Bulgares doivent se souvenir qu’ils sont descendus dans la rue» contre un tel tandem, insiste M. Denkov.
Dans le même sens, Julia Yanakieva, une traductrice de 29 ans, se dit «écœurée devant le retour triomphal» des deux hommes. «Pourquoi donc avons-nous protesté? Comment se fait-il que notre peuple se résigne si facilement?», se désespère-t-elle.
De l’avis des experts, les réformistes de CC/BD risquent eux d’être sanctionnés dans les urnes pour avoir accepté de gouverner avec leurs ennemis de Gerb, après les avoir tant voués aux gémonies.
Les deux forces avaient mis de côté en juin 2023 leurs différends pour former un gouvernement pro-occidental et barrer la route aux cabinets intérimaires mis en place par le président Roumen Radev sensible aux thèses du Kremlin. Mais cette fragile union n’aura duré que neuf mois.
La campagne, associée à celle des européennes, a été marquée par une vague de propagande et de désinformation anti-UE dans un pays où la nostalgie de l’époque communiste reste forte. Dans ce contexte, les nationalistes prorusses de Vazrajdane (Renaissance) sont crédités de quelque 15% des voix.
Par Vessela SERGUEVA, AFP
Le vent de changement qui soufflait sur le pays des Balkans à l’été 2020 est bel et bien retombé. Et celui qui avait été chassé du pouvoir après des manifestations contre la corruption, l’ex-Premier ministre Boïko Borissov, revient en force.
Les sondages créditent son parti conservateur Gerb d’environ 25% des intentions de vote.
Soit dix points d’avance sur les réformateurs de la coalition Continuons le changement/Bulgarie démocratique (CC/BD), qui n’ont pas réussi à maintenir l’élan né il y a trois ans sur fond de lassitude des électeurs.
À la veille du scrutin, qui a débuté à 07H00 heure locale (04H00 GMT), Stefan Dinev confie son exaspération.
«Quand sont les élections déjà?», ironise ce dentiste de 39 ans. «J’ai toujours voté, mais là je suis à bout», dit-il à l’AFP, alors que les analystes évoquent déjà le spectre de septièmes élections à l’automne.
«Homme fort»
Devant la succession de scrutins et une crise politique sans précédent depuis la fin du communisme, c’est le vétéran «Boïko» qui tire son épingle du jeu.
Ancien pompier et garde du corps, ce colosse au crâne rasé renvoie l’image d’un «homme fort» et c’est ce que recherchent précisément 49% des Bulgares selon une récente étude de l’institut Open Society.
S’il assure ne plus aspirer au poste de Premier ministre, le responsable de 64 ans a promis pendant la campagne de tout faire pour former un gouvernement «stable» et mettre fin au «chaos», à un moment de grandes incertitudes en Europe avec la guerre en Ukraine.
De quoi séduire dans ce pays le plus pauvre de l’UE, où le marasme actuel a mis en suspens les réformes, repoussé l’adhésion à la zone euro et compromis l’accession pleine et entière à l’espace de libre circulation Schengen.
«Il faut que la situation se calme enfin. On a tenté toutes sortes d’expériences pour le remplacer, mais personne n’a réussi», lance Blagovesta Petkova, une institutrice de 44 ans, en allusion aux Premiers ministres qui se sont succédé depuis le départ de M. Borissov.
Mais ses détracteurs brandissent ses liens avec le député Delyan Peevski, un ancien magnat des médias visé par des sanctions américaines et britanniques pour corruption.
À la tête du parti de la minorité turque MDL (15% des intentions de vote), il s’est dit «prêt à gouverner».
«Ecœurée»
«C’est le fléau de la Bulgarie», réagit auprès de l’AFP l’ex-Premier ministre Nikolay Denkov, issu du camp réformateur.
Avec Boïko Borissov, M. Peevski n’a qu’un but selon lui: «préserver le statu quo», notamment au niveau de la justice et des services de renseignement, de crainte qu’on ne fouille dans des affaires qui pourraient les incriminer.
«Les Bulgares doivent se souvenir qu’ils sont descendus dans la rue» contre un tel tandem, insiste M. Denkov.
Dans le même sens, Julia Yanakieva, une traductrice de 29 ans, se dit «écœurée devant le retour triomphal» des deux hommes. «Pourquoi donc avons-nous protesté? Comment se fait-il que notre peuple se résigne si facilement?», se désespère-t-elle.
De l’avis des experts, les réformistes de CC/BD risquent eux d’être sanctionnés dans les urnes pour avoir accepté de gouverner avec leurs ennemis de Gerb, après les avoir tant voués aux gémonies.
Les deux forces avaient mis de côté en juin 2023 leurs différends pour former un gouvernement pro-occidental et barrer la route aux cabinets intérimaires mis en place par le président Roumen Radev sensible aux thèses du Kremlin. Mais cette fragile union n’aura duré que neuf mois.
La campagne, associée à celle des européennes, a été marquée par une vague de propagande et de désinformation anti-UE dans un pays où la nostalgie de l’époque communiste reste forte. Dans ce contexte, les nationalistes prorusses de Vazrajdane (Renaissance) sont crédités de quelque 15% des voix.
Par Vessela SERGUEVA, AFP
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