©La mezzo-soprano Karine Deshayes dans «Norma» 2024. Crédit photo: Sébastien Bozon/AFP
Sous la direction artistique de Marie-Eve Signeyrole, l'Opéra national du Rhin revisite Norma, chef-d'œuvre de Bellini, en évoquant le spectre de Maria Callas, éternelle icône du rôle.
À l’Opéra national du Rhin, une nouvelle mise en scène de Norma par Marie-Eve Signeyrole fait revivre le légendaire personnage immortalisé par Maria Callas. Karine Deshayes, récompensée par trois Victoires de la musique classique, y fait ses débuts dans le rôle-titre, après l’avoir interprété en version concert en juillet 2022 au Festival d’Aix-en-Provence. Cette production renouvelle l’opéra de Bellini, créé en 1831, en le transposant dans un contexte contemporain.
La mezzo-soprano incarne une Norma tourmentée par des sentiments contraires: orgueil, colère et désespoir. Dans cette adaptation, la druidesse gauloise, qui a rompu ses vœux de chasteté pour avoir secrètement des enfants avec le proconsul romain Pollione, découvre la trahison de ce dernier avec son amie Adalgisa.
Marie-Eve Signeyrole, qui avait déjà dirigé plusieurs productions à l’Opéra national du Rhin, choisit un cadre moderne pour cette version de la création. Elle déplace l’action du récit au vingtième siècle, dans un théâtre en résistance durant une occupation. Cette mise en scène évoque également la vie de Maria Callas, trahie par Aristote Onassis au profit de Jackie Kennedy, enrichissant ainsi le parallèle entre les deux femmes. Des extraits des correspondances de Maria Callas sont intégrés pour souligner les similitudes entre sa vie personnelle et celle de Norma. «Maria Callas, c’est un exemple pour nous», confie Karine Deshayes. «Elle fait partie des grandes figures qui ont marqué le rôle», ajoute-t-elle.
Le rôle de Norma, l’un des plus exigeants du répertoire lyrique, offre à Karine Deshayes un défi de taille. Chaque acte requiert près de 45 minutes de chant intense, explorant à la fois les registres graves et aigus. «La voix est très sollicitée. Cela demande vraiment des exigences techniques, des choses qu’on doit maîtriser pour, après, se mettre vraiment au service du personnage et du rôle», explique la mezzo-soprano.
«Femme amoureuse, femme blessée, mère, guerrière qui mène sa troupe, qui mène sa vie, qui assume ses fautes... Le rôle est vraiment intense. On passe par toute une palette de sentiments et c’est ça qui est génial à jouer», raconte-t-elle.
La production voit également les performances de Benedetta Torre (Adalgisa), Norman Reinhardt (Pollione) et Önay Köse (Oroveso), sous la baguette du chef italien Andrea Sanguineti et l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Norma est présentée à l’opéra de Strasbourg du 11 au 20 juin, puis à La Filature à Mulhouse les 28 et 30 juin, clôturant ainsi la saison 2023/24 de l’Opéra national du Rhin.
Avec AFP
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