©(Photo par EMMANUEL DUNAND / AFP)
Les élections législatives françaises montrent une concentration des députés de La France insoumise dans les grandes villes, notamment Paris et sa banlieue, tandis que le mouvement de gauche radicale perd du terrain dans les zones rurales et périurbaines, selon les résultats du premier tour.
La carte parle d’elle-même. Les 20 députés de La France insoumise qui ont été élus dès le premier tour l’ont tous été dans des grandes villes, principalement Paris et sa banlieue. De quoi faire craindre un recul du mouvement de gauche radicale dans les zones rurales et péri-urbaines.
«À la campagne, on n’a pas que des amis, ça vote moins pour nous», reconnaissait Jean-Luc Mélenchon début juin avant le scrutin des européennes, pour vanter, par contraste, les bons scores des Insoumis dans les grandes métropoles.
Les élections législatives de 2022, où LFI pouvait s’enorgueillir d’avoir fait élire sans trop de difficultés des députés dans des départements aussi ruraux que la Creuse ou le Gard, semblent maintenant bien loin.
Dans la Creuse, la députée LFI sortante Catherine Couturier a fini au premier tour dimanche avec 10 points de retard sur le candidat de l’extrême droite alors que, dans le Gard, Michel Sala compte huit points de retard sur la formation de Jordan Bardella.
D’autres sortants, comme Elise Leboucher dans la Sarthe, Léo Walter dans les Alpes-de-Haute-Provence ou encore Pascale Martin en Dordogne sont également en ballotage défavorable.
«Sans report républicain, je ne suis pas sûr que nous puissions passer ce second tour», reconnaît auprès de l’AFP Michel Sala, ancien maire d’un petit village de 200 habitants.
«Vers chez moi, vous mettez un tabouret avec écrit Bardella dessus, il fait 40% au premier tour», soupire Léo Walter, conseiller municipal dans un village de quelque 300 habitants. «Ce qui est ressenti par les gens c’est que les grands partis, dont La France insoumise, ne s’intéressent pas à la ruralité.»
«Dans les catégories populaires de la ruralité on n’a pas progressé c’est vrai, mais on n’a rien perdu par rapport à la dernière fois», met toutefois en avant le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard.
«Faire mieux»
Lors de la précédente mandature, sur les 75 députés du groupe insoumis, une petite vingtaine était élue dans des zones rurales, souvent dans des circonscriptions traditionnellement de gauche, passées en 2017 à la macronie et regagnées par LFI et la Nupes en 2022.
«On ne travaillait pas assez sur les questions de ruralité, donc nous nous sommes emparés du sujet», raconte Michel Sala.
«On peut et on doit faire mieux là-dessus», appuie Clémentine Autain qui, confortablement réélue dès le premier tour en Seine-Saint-Denis, s’est rendue dans le Gard soutenir Michel Sala.
«L’installation d’un paysage clivé entre les zones urbaines et les sous-préfectures doit nous alerter», prévient l’élue, «la question de l’accès aux services publics est extrêmement fédératrice».
«Ça bloque»
Autre voix importante sur le sujet, François Ruffin, chantre de l’union entre «la France des bourgs et la France des tours», a acté sa rupture avec La France insoumise, sur fond de nombreux désaccords, notamment sur cette question-là.
«Dans des terres populaires de province, ça bloque», a encore déclaré mercredi l’élu picard à propos de l’image de Jean-Luc Mélenchon.
Et parmi les opposants à la direction insoumise, beaucoup trouvent que cette dernière s’est trop concentrée pendant la campagne sur des circonscriptions déjà acquises à la gauche, très souvent attribuées à des proches du fondateur de LFI.
«Je me demande s’ils ne font pas exprès pour dégager tous les députés de province qui les ennuient», se demande l’entourage de François Ruffin, en référence à quelques élus proches du député sortant de la Somme.
«Au lieu de mettre des moyens militants et financiers à combattre (les frondeurs) Alexis Corbière et Danièle Simonnet, il serait mieux de concentrer toutes nos forces et notre énergie pour se battre dans les territoires menacés par l’extrême droite», appuie Clémentine Autain.
Dans la dernière ligne droite, des militants et des figures du mouvement se sont bien rendus dans plusieurs circonscriptions rurales pour aider les candidats insoumis en difficulté au second tour.
«Chez moi, il y a 350 militants arrivés lundi de Seine-Saint-Denis», souligne Léo Walter, qui précise que des cadres de LFI lui ont proposé leur aide sur le terrain.
«Je n’ai pas donné suite à ces demandes. La campagne que je mène n’est pas celle-là», explique-t-il, en précisant que la «stigmatisation de Mélenchon» par les chaînes de télévision a fait son œuvre, même si personnellement il «réfute toutes les accusations faites à l’encontre de LFI».
Par Léo MOUREN, AFP
La carte parle d’elle-même. Les 20 députés de La France insoumise qui ont été élus dès le premier tour l’ont tous été dans des grandes villes, principalement Paris et sa banlieue. De quoi faire craindre un recul du mouvement de gauche radicale dans les zones rurales et péri-urbaines.
«À la campagne, on n’a pas que des amis, ça vote moins pour nous», reconnaissait Jean-Luc Mélenchon début juin avant le scrutin des européennes, pour vanter, par contraste, les bons scores des Insoumis dans les grandes métropoles.
Les élections législatives de 2022, où LFI pouvait s’enorgueillir d’avoir fait élire sans trop de difficultés des députés dans des départements aussi ruraux que la Creuse ou le Gard, semblent maintenant bien loin.
Dans la Creuse, la députée LFI sortante Catherine Couturier a fini au premier tour dimanche avec 10 points de retard sur le candidat de l’extrême droite alors que, dans le Gard, Michel Sala compte huit points de retard sur la formation de Jordan Bardella.
D’autres sortants, comme Elise Leboucher dans la Sarthe, Léo Walter dans les Alpes-de-Haute-Provence ou encore Pascale Martin en Dordogne sont également en ballotage défavorable.
«Sans report républicain, je ne suis pas sûr que nous puissions passer ce second tour», reconnaît auprès de l’AFP Michel Sala, ancien maire d’un petit village de 200 habitants.
«Vers chez moi, vous mettez un tabouret avec écrit Bardella dessus, il fait 40% au premier tour», soupire Léo Walter, conseiller municipal dans un village de quelque 300 habitants. «Ce qui est ressenti par les gens c’est que les grands partis, dont La France insoumise, ne s’intéressent pas à la ruralité.»
«Dans les catégories populaires de la ruralité on n’a pas progressé c’est vrai, mais on n’a rien perdu par rapport à la dernière fois», met toutefois en avant le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard.
«Faire mieux»
Lors de la précédente mandature, sur les 75 députés du groupe insoumis, une petite vingtaine était élue dans des zones rurales, souvent dans des circonscriptions traditionnellement de gauche, passées en 2017 à la macronie et regagnées par LFI et la Nupes en 2022.
«On ne travaillait pas assez sur les questions de ruralité, donc nous nous sommes emparés du sujet», raconte Michel Sala.
«On peut et on doit faire mieux là-dessus», appuie Clémentine Autain qui, confortablement réélue dès le premier tour en Seine-Saint-Denis, s’est rendue dans le Gard soutenir Michel Sala.
«L’installation d’un paysage clivé entre les zones urbaines et les sous-préfectures doit nous alerter», prévient l’élue, «la question de l’accès aux services publics est extrêmement fédératrice».
«Ça bloque»
Autre voix importante sur le sujet, François Ruffin, chantre de l’union entre «la France des bourgs et la France des tours», a acté sa rupture avec La France insoumise, sur fond de nombreux désaccords, notamment sur cette question-là.
«Dans des terres populaires de province, ça bloque», a encore déclaré mercredi l’élu picard à propos de l’image de Jean-Luc Mélenchon.
Et parmi les opposants à la direction insoumise, beaucoup trouvent que cette dernière s’est trop concentrée pendant la campagne sur des circonscriptions déjà acquises à la gauche, très souvent attribuées à des proches du fondateur de LFI.
«Je me demande s’ils ne font pas exprès pour dégager tous les députés de province qui les ennuient», se demande l’entourage de François Ruffin, en référence à quelques élus proches du député sortant de la Somme.
«Au lieu de mettre des moyens militants et financiers à combattre (les frondeurs) Alexis Corbière et Danièle Simonnet, il serait mieux de concentrer toutes nos forces et notre énergie pour se battre dans les territoires menacés par l’extrême droite», appuie Clémentine Autain.
Dans la dernière ligne droite, des militants et des figures du mouvement se sont bien rendus dans plusieurs circonscriptions rurales pour aider les candidats insoumis en difficulté au second tour.
«Chez moi, il y a 350 militants arrivés lundi de Seine-Saint-Denis», souligne Léo Walter, qui précise que des cadres de LFI lui ont proposé leur aide sur le terrain.
«Je n’ai pas donné suite à ces demandes. La campagne que je mène n’est pas celle-là», explique-t-il, en précisant que la «stigmatisation de Mélenchon» par les chaînes de télévision a fait son œuvre, même si personnellement il «réfute toutes les accusations faites à l’encontre de LFI».
Par Léo MOUREN, AFP
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