La crise avec l'Irak est sur le point de se raviver sur fond de non-paiement par le Liban des sommes dues au titre de l'accord relatif à la fourniture de gasoil au profit d'Électricité du Liban (EDL). Les autorités libanaises, notamment le Premier ministre sortant, le ministère de l'Énergie et le ministère des Finances, semblent agir comme si la partie irakienne devait leur fournir du carburant gratuitement, négligeant ainsi leurs obligations financières et le respect de l’accord.
Dans ce contexte, le chef du gouvernement chargé de l’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, prévoit de se rendre en Irak pour rencontrer son homologue irakien, Mohammad Chia al-Soudani, et discuter des modalités de poursuivre la coopération dans le domaine de la fourniture de carburant pour le secteur de l'électricité. Cette visite intervient alors que l'Irak exprime son mécontentement à l’égard des autorités libanaises à plusieurs niveaux, notamment en raison des retards observés dans la mise en œuvre du mécanisme permettant la fourniture de services et de produits libanais à l'Irak dans le cadre de l'accord relatif au carburant.
En effet, les fonds approuvés, totalisant plus de 500 millions de dollars, sont actuellement déposés sur un compte spécial à la Banque centrale libanaise en faveur de la Banque centrale irakienne, et n'ont pas encore été utilisés – un retard imputable au gouvernement libanais. En outre, l’Irak est mécontent du retard pris dans le transfert des fonds, dont 164 millions de dollars, ce qui a provoqué la crise récente.
Par ailleurs, le ministère de l’Énergie n’est pas en reste. Ce dernier a lancé un appel d'offres pour l'achat de gasoil destiné à EDL, indépendamment de l'accord avec l'Irak, prévoyant un paiement d'environ 35 millions de dollars à partir des fonds collectés par EDL. Partant, les autorités irakiennes se sont interrogées sur la capacité du Liban à honorer cette échéance financière de l'appel d'offres, alors qu’il n’a pas respecté ses engagements envers l'Irak selon l'accord précédemment établi.
En ce qui concerne les répercussions de cette affaire avec l'Irak, il semblerait que le conseil d'administration d'EDL ait rejeté l'appel d'offres lancé par le ministère de l'Énergie pour l'achat de gasoil pour EDL, qui a été effectué en dehors de l'accord avec l'Irak. Le ministère a prétexté que cette démarche visait à acquérir davantage de carburant afin d'augmenter les heures d’approvisionnement en électricité. Cependant, le conseil d'administration a décidé que les fonds disponibles pour EDL devraient être versés soit aux Irakiens, qui continuent à fournir du gasoil au Liban à des prix préférentiels, soit à Middle East Power, une entreprise appartenant à Tahsin Khayat. Cette mesure vise à résoudre le différend avec cette société et à l’inciter à opérer les centrales à moteur inversé de Zouk et de Jiyeh, puisque le gasoil est disponible pour ces deux installations.
D'autre part, le conseil d'administration d'EDL a exprimé sa surprise face au battage médiatique entourant l'offre franco-qatarie d'établir une centrale solaire de 100 mégawatts. Selon des sources au sein du conseil d'administration, le projet est prometteur sur le papier, mais il risque de se révéler inefficace dans la pratique en raison du mauvais état du réseau de transmission et de distribution. Par conséquent, une grande partie de la capacité de cette centrale solaire pourrait ainsi être techniquement perdue.
Ces mêmes sources ont également indiqué qu'une proposition était en discussion au sein du conseil d'administration d'EDL, selon laquelle Qatar Energy et Total-Energies devraient abandonner le projet de centrale solaire et plutôt amener un navire FSRU de gazéification à l'usine de Deir Ammar. Cela permettrait d'exploiter la centrale à pleine capacité, soit environ 400 mégawatts, en utilisant du gaz à des prix plus avantageux que ceux du gasoil. Parallèlement, l'Irak continuerait de fournir du gasoil à la centrale de Zahrani pour l'exploiter à pleine capacité, de manière similaire à Deir Ammar. Cette initiative viserait à augmenter significativement les heures d’alimentation en électricité, de générer davantage de revenus pour EDL et de réduire les coûts du combustible utilisé.
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