©(Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Le Parlement européen, nouvellement élu en juin, se réunit mardi pour choisir ses dirigeants dans un contexte international tendu. Sous la pression d’une extrême droite renforcée mais divisée, les eurodéputés vont élire leur présidente, Roberta Metsola étant la favorite, et leurs 14 vice-présidents.
C’est la rentrée à Strasbourg: le Parlement européen, renouvelé en juin, élit mardi ses dirigeants sous pression d’une extrême droite renforcée, soucieuse de peser dans les débats malgré ses divisions et le «cordon sanitaire».
Cette plénière, qui marque le début d’une nouvelle législature de cinq ans, s’ouvre dans un climat international tendu, après la tentative d’assassinat contre l’ex-président américain Donald Trump, les menaces du Kremlin contre des villes européennes et les visites de Viktor Orban à Moscou et Pékin.
Le Premier ministre nationaliste hongrois, dont le pays assure, depuis le 1ᵉʳ juillet, la présidence tournante de l’UE, ne s’exprimera pas devant les 720 eurodéputés. Son intervention a été repoussée à l’automne, officiellement en raison des nombreux votes procéduraux prévus.
Ces derniers seront scrutés avec attention: les droites radicales et nationalistes ont fortement progressé aux élections européennes, même si la coalition centriste PPE (droite, 188 sièges), Renew (libéraux, 77) et S&D (sociaux-démocrates, 136) reste majoritaire.
La conservatrice maltaise Roberta Metsola, 45 ans, présidente du Parlement européen depuis 2022, est favorite pour être reconduite mardi pour deux ans et demi.
La désignation de ses 14 vice-présidents – chargés de présider des sessions en orchestrant votes et prises de parole – s’annonce plus complexe avec... jusqu’à 4 tours de scrutin et de fortes exigences des deux grands groupes d’extrême droite.
ECR (78 eurodéputés), associé à la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, comptait un vice-président depuis 2022: il en réclame désormais deux, malgré les résistances de la gauche.
Bardella président de groupe
Une nouvelle formation, «Patriotes pour l’Europe», a détrôné l’ECR, s’imposant comme troisième force avec 84 eurodéputés, issus notamment de Vox (Espagne), du Fidesz de Viktor Orban et du Rassemblement national (France), avec Jordan Bardella à sa tête.
Selon la clé de répartition traditionnelle, deux vice-présidents devraient lui revenir.
Une ligne rouge absolue pour les groupes de la majorité centriste, qui entendent s’accorder sur des candidats alternatifs pour faire barrage aux siens.
Parmi les Patriotes, des profils attisent la controverse, dont le général italien Roberto Vannacci, issu de la Ligue de Matteo Salvini et auteur d’un livre truffé de déclarations homophobes, misogynes et antimigrants.
Les eurodéputés «Patriotes» pourraient également être exclus la semaine prochaine des présidences de commissions parlementaires.
«Le concept bruxellois de démocratie et respect des traditions parlementaires parfaitement appliqué», a ironisé Kinga Gál, vice-présidente hongroise du groupe. «Une pratique antidémocratique privant des millions de citoyens de représentation», s’insurge un porte-parole, Alonso de Mendoza.
À l’inverse, ECR appelle à «ne pas exclure ceux qui déplaisent à une majorité donnée».
Les élus d’ECR eux-mêmes, volontiers atlantistes et favorables au soutien militaire à l’Ukraine – à la différence des Patriotes –, devraient rester épargnés dans la répartition des postes.
«Mme Meloni n’était pas dans le cordon sanitaire, à l’inverse du groupe ID dont sont issus les Patriotes: ce qui pose problème, c’est qu’ils sont pro-Poutine, c’est ça la ligne rouge», observe Pascale Joannin, de la Fondation Schuman.
Écologistes courtisés
Ursula von der Leyen, qui espère obtenir jeudi le feu vert des députés pour un second mandat, n’a, quant à elle, pas exclu de collaborer avec certains partis d’ECR.
Si la coalition PPE-socialistes-libéraux surpasse la majorité absolue de 361 eurodéputés dont elle a besoin jeudi pour être reconduite, la dirigeante allemande doit aussi parer aux défections significatives attendues lors du scrutin à bulletins secrets.
De quoi la pousser à solliciter le soutien des écologistes (53 sièges), voire à compter sur des élus d’ECR. Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a déjà appelé ces derniers à la soutenir.
Or, libéraux, socialistes et Verts s’opposent farouchement à tout recours à ECR pour conforter la cheffe de l’exécutif européen. «C’est crucial de construire une majorité stable avec des partis prodémocratie, pro-UE», indique Mme Reintke, inquiète des velléités de l’extrême droite, même divisée, à «influencer l’agenda européen».
ECR, qui auditionnera mardi Mme von der Leyen, entend lui réclamer des gages: «Nous ne pourrons la soutenir si elle persiste dans son approche idéologique» sur le Pacte vert, indique son porte-parole Michael Strauss.
L’issue du scrutin s’annonce serrée.
Par Julien GIRAULT, AFP
C’est la rentrée à Strasbourg: le Parlement européen, renouvelé en juin, élit mardi ses dirigeants sous pression d’une extrême droite renforcée, soucieuse de peser dans les débats malgré ses divisions et le «cordon sanitaire».
Cette plénière, qui marque le début d’une nouvelle législature de cinq ans, s’ouvre dans un climat international tendu, après la tentative d’assassinat contre l’ex-président américain Donald Trump, les menaces du Kremlin contre des villes européennes et les visites de Viktor Orban à Moscou et Pékin.
Le Premier ministre nationaliste hongrois, dont le pays assure, depuis le 1ᵉʳ juillet, la présidence tournante de l’UE, ne s’exprimera pas devant les 720 eurodéputés. Son intervention a été repoussée à l’automne, officiellement en raison des nombreux votes procéduraux prévus.
Ces derniers seront scrutés avec attention: les droites radicales et nationalistes ont fortement progressé aux élections européennes, même si la coalition centriste PPE (droite, 188 sièges), Renew (libéraux, 77) et S&D (sociaux-démocrates, 136) reste majoritaire.
La conservatrice maltaise Roberta Metsola, 45 ans, présidente du Parlement européen depuis 2022, est favorite pour être reconduite mardi pour deux ans et demi.
La désignation de ses 14 vice-présidents – chargés de présider des sessions en orchestrant votes et prises de parole – s’annonce plus complexe avec... jusqu’à 4 tours de scrutin et de fortes exigences des deux grands groupes d’extrême droite.
ECR (78 eurodéputés), associé à la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, comptait un vice-président depuis 2022: il en réclame désormais deux, malgré les résistances de la gauche.
Bardella président de groupe
Une nouvelle formation, «Patriotes pour l’Europe», a détrôné l’ECR, s’imposant comme troisième force avec 84 eurodéputés, issus notamment de Vox (Espagne), du Fidesz de Viktor Orban et du Rassemblement national (France), avec Jordan Bardella à sa tête.
Selon la clé de répartition traditionnelle, deux vice-présidents devraient lui revenir.
Une ligne rouge absolue pour les groupes de la majorité centriste, qui entendent s’accorder sur des candidats alternatifs pour faire barrage aux siens.
Parmi les Patriotes, des profils attisent la controverse, dont le général italien Roberto Vannacci, issu de la Ligue de Matteo Salvini et auteur d’un livre truffé de déclarations homophobes, misogynes et antimigrants.
Les eurodéputés «Patriotes» pourraient également être exclus la semaine prochaine des présidences de commissions parlementaires.
«Le concept bruxellois de démocratie et respect des traditions parlementaires parfaitement appliqué», a ironisé Kinga Gál, vice-présidente hongroise du groupe. «Une pratique antidémocratique privant des millions de citoyens de représentation», s’insurge un porte-parole, Alonso de Mendoza.
À l’inverse, ECR appelle à «ne pas exclure ceux qui déplaisent à une majorité donnée».
Les élus d’ECR eux-mêmes, volontiers atlantistes et favorables au soutien militaire à l’Ukraine – à la différence des Patriotes –, devraient rester épargnés dans la répartition des postes.
«Mme Meloni n’était pas dans le cordon sanitaire, à l’inverse du groupe ID dont sont issus les Patriotes: ce qui pose problème, c’est qu’ils sont pro-Poutine, c’est ça la ligne rouge», observe Pascale Joannin, de la Fondation Schuman.
Écologistes courtisés
Ursula von der Leyen, qui espère obtenir jeudi le feu vert des députés pour un second mandat, n’a, quant à elle, pas exclu de collaborer avec certains partis d’ECR.
Si la coalition PPE-socialistes-libéraux surpasse la majorité absolue de 361 eurodéputés dont elle a besoin jeudi pour être reconduite, la dirigeante allemande doit aussi parer aux défections significatives attendues lors du scrutin à bulletins secrets.
De quoi la pousser à solliciter le soutien des écologistes (53 sièges), voire à compter sur des élus d’ECR. Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a déjà appelé ces derniers à la soutenir.
Or, libéraux, socialistes et Verts s’opposent farouchement à tout recours à ECR pour conforter la cheffe de l’exécutif européen. «C’est crucial de construire une majorité stable avec des partis prodémocratie, pro-UE», indique Mme Reintke, inquiète des velléités de l’extrême droite, même divisée, à «influencer l’agenda européen».
ECR, qui auditionnera mardi Mme von der Leyen, entend lui réclamer des gages: «Nous ne pourrons la soutenir si elle persiste dans son approche idéologique» sur le Pacte vert, indique son porte-parole Michael Strauss.
L’issue du scrutin s’annonce serrée.
Par Julien GIRAULT, AFP
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