©(Photo by KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
Elio Di Rupo, ancien Premier ministre belge, partage des solutions pour sortir du blocage politique en France, où l'absence de majorité claire à l'Assemblée nationale complique la formation d'un gouvernement.
Le blocage politique en France, où aucune majorité claire ne s'est dégagée du vote législatif, fait sourire en Belgique, pays habitué aux interminables palabres pour bâtir un gouvernement et où les chefs de partis ont dû apprendre «empathie» et «souplesse», souligne un vétéran de la scène belge.
Dans un entretien avec l'AFP, Elio Di Rupo, qui fut Premier ministre de la Belgique de 2011 à 2014 et vient d'être élu eurodéputé, énonce quelques recettes belges susceptibles d'éclairer les Français confrontés à une situation inédite à l'Assemblée nationale, dominée par trois blocs pour l'heure tous trois minoritaires.
L'élu socialiste wallon rappelle notamment l'existence en Belgique d'une phase de discussions post-élections arbitrée par le roi qui est politiquement «neutre».
Le souverain confie traditionnellement à une ou deux personnalités non clivantes – sorte de «sages», dit Elio Di Rupo – le soin d'organiser un premier tour de table avec tous les partis pour trouver les partenaires potentiels d'une majorité dans un paysage de plus en plus morcelé au fil des élections.
«Dans la logique belge, ces informateurs missionnés par le chef de l'État tentent de trouver une majorité à l'assemblée en étudiant le programme des uns et des autres et en voyant quels compromis sont possibles», explique M. Di Rupo qui aura 73 ans jeudi.
Vient seulement ensuite l'élaboration d'un accord de gouvernement entre quatre, cinq, parfois sept partis partenaires, qui devront faire émerger le Premier ministre faisant consensus entre eux. Pas forcément le chef du parti le plus représenté au Parlement.
Elio Di Rupo relève qu'en 2014, sa formation politique, le Parti socialiste, était arrivée en tête des élections législatives en Belgique francophone... avant d'être rejetée dans l'opposition par une coalition de centre droit reposant majoritairement sur des partis flamands.
La «belgicisation» de la France
«J'ai toujours dit que la politique n'est pas une science, mais un art», plaisante l'ancien Premier ministre, jugeant qu'en France, c'est sans doute au sein de la coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP) qu'il y a «beaucoup de travail» à faire pour comprendre la nécessité d'aller vers l'autre.
«Il faut de la souplesse. Sans renoncer aux éléments majeurs qui constituent l'identité d'une formation politique, il y a des zones qui permettent des compromis avec d'autres ».
Au lendemain du second tour des législatives en France, remportées par le NPF qui compte néanmoins moins de 200 sièges sur 577, un éditorialiste de la RTBF, Bertrand Henne, a évoqué la «belgicisation» de la politique française.
Relevant les propos triomphalistes de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, membre du NFP) promettant d'appliquer «tout le programme», «rien que le programme» de la coalition, il a aussi ironisé sur une forme de rigidité en France. «Cela revient à dire qu'il ne veut pas gouverner», a-t-il résumé.
Dix jours plus tard, les partenaires de la gauche française, socialistes, écologistes et communistes, peinent toujours à surmonter leurs divergences et à s'entendre sur un candidat pour le poste de Premier ministre. Souvent par médias interposés, ils se reprochent mutuellement d'être à l'origine du blocage.
«Toutes ces expressions publiques sont inutiles et enrayent la machine», regrette Elio Di Rupo.
«La grande question est de savoir si on essaie de former un gouvernement un tant soit peu stable dans l'intérêt des Français ou si on continue les guéguerres».
Le blocage politique en France, où aucune majorité claire ne s'est dégagée du vote législatif, fait sourire en Belgique, pays habitué aux interminables palabres pour bâtir un gouvernement et où les chefs de partis ont dû apprendre «empathie» et «souplesse», souligne un vétéran de la scène belge.
Dans un entretien avec l'AFP, Elio Di Rupo, qui fut Premier ministre de la Belgique de 2011 à 2014 et vient d'être élu eurodéputé, énonce quelques recettes belges susceptibles d'éclairer les Français confrontés à une situation inédite à l'Assemblée nationale, dominée par trois blocs pour l'heure tous trois minoritaires.
L'élu socialiste wallon rappelle notamment l'existence en Belgique d'une phase de discussions post-élections arbitrée par le roi qui est politiquement «neutre».
Le souverain confie traditionnellement à une ou deux personnalités non clivantes – sorte de «sages», dit Elio Di Rupo – le soin d'organiser un premier tour de table avec tous les partis pour trouver les partenaires potentiels d'une majorité dans un paysage de plus en plus morcelé au fil des élections.
«Dans la logique belge, ces informateurs missionnés par le chef de l'État tentent de trouver une majorité à l'assemblée en étudiant le programme des uns et des autres et en voyant quels compromis sont possibles», explique M. Di Rupo qui aura 73 ans jeudi.
Vient seulement ensuite l'élaboration d'un accord de gouvernement entre quatre, cinq, parfois sept partis partenaires, qui devront faire émerger le Premier ministre faisant consensus entre eux. Pas forcément le chef du parti le plus représenté au Parlement.
Elio Di Rupo relève qu'en 2014, sa formation politique, le Parti socialiste, était arrivée en tête des élections législatives en Belgique francophone... avant d'être rejetée dans l'opposition par une coalition de centre droit reposant majoritairement sur des partis flamands.
La «belgicisation» de la France
«J'ai toujours dit que la politique n'est pas une science, mais un art», plaisante l'ancien Premier ministre, jugeant qu'en France, c'est sans doute au sein de la coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP) qu'il y a «beaucoup de travail» à faire pour comprendre la nécessité d'aller vers l'autre.
«Il faut de la souplesse. Sans renoncer aux éléments majeurs qui constituent l'identité d'une formation politique, il y a des zones qui permettent des compromis avec d'autres ».
Au lendemain du second tour des législatives en France, remportées par le NPF qui compte néanmoins moins de 200 sièges sur 577, un éditorialiste de la RTBF, Bertrand Henne, a évoqué la «belgicisation» de la politique française.
Relevant les propos triomphalistes de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, membre du NFP) promettant d'appliquer «tout le programme», «rien que le programme» de la coalition, il a aussi ironisé sur une forme de rigidité en France. «Cela revient à dire qu'il ne veut pas gouverner», a-t-il résumé.
Dix jours plus tard, les partenaires de la gauche française, socialistes, écologistes et communistes, peinent toujours à surmonter leurs divergences et à s'entendre sur un candidat pour le poste de Premier ministre. Souvent par médias interposés, ils se reprochent mutuellement d'être à l'origine du blocage.
«Toutes ces expressions publiques sont inutiles et enrayent la machine», regrette Elio Di Rupo.
«La grande question est de savoir si on essaie de former un gouvernement un tant soit peu stable dans l'intérêt des Français ou si on continue les guéguerres».
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