Présidentielle américaine 2024: zoom sur la convention démocrate


À la suite du retrait du président américain, Joe Biden, de la course présidentielle, le parti démocrate se trouve face à de multiples défis. À la veille de la convention démocrate qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago, Ici Beyrouth vous propose une fiche technique des conventions nationales américaines, placées au cœur du processus électoral.

Le président américain, Joe Biden, a décidé, le 21 juillet, de mettre fin à sa campagne de réélection, se retirant de la course présidentielle. Les données s’en trouvent bouleversées dans le paysage politique américain. Quels sont les défis qui s’imposent pour le parti démocrate, à la veille de sa convention prévue du 19 au 22 août? Quel est le rôle d’une telle convention au sein du processus électoral américain?
Qu’est-ce qu’une convention nationale?
Dans le système politique des États-Unis, une convention désigne un congrès, un grand rassemblement, organisé par un parti politique. Elle constitue l’une des étapes d’un long processus menant à l’élection du président des États-Unis, qui s’étend, selon un calendrier précis, de janvier jusqu’en novembre, date de l’élection présidentielle. Cette procédure se renouvelle tous les quatre ans.
Une convention nationale remplit deux fonctions: essentiellement, désigner le candidat qui représentera le parti à la présidentielle, mais aussi mettre en lumière le programme politique du parti.
Comme la scène politique américaine est dominée par deux grands partis nationaux, le parti républicain et le parti démocrate, les conventions républicaine et démocrate se tiennent durant l’été qui précède l’élection présidentielle. C’est pourquoi elles sont aussi désignées comme «les conventions de l’été».
Regroupant des dirigeants et notables du parti aux côtés de simples militants mais aussi des chanteurs ou des acteurs, les conventions aux États-Unis relèvent à la fois du spectacle et de l’événement politique. Elles sont intégralement retransmises par les médias.
Désignation des candidats, comment ça se passe?
Dans les deux grands partis américains, la course officielle à l’investiture dure de janvier à l’été, processus complexe structuré en plusieurs étapes.
Pour simplifier, la première phase est marquée par deux types de vote, les caucus (réunions à huis clos) et les élections primaires qui se déroulent dans chacun des 50 États et territoires des États-Unis. Les électeurs élisent alors les délégués des partis. Ces délégués s'engagent à soutenir le précandidat qui a remporté les suffrages dans l'État concerné et à voter pour lui lors de la convention de l’été.
La deuxième phase se déroule pendant la convention nationale: le programme du parti est voté puis les délégués votent pour les noms choisis par les électeurs de leur État. Le candidat qui obtient la majorité absolue voit ainsi son investiture à la présidentielle officialisée. Il pourra également annoncer son colistier qu’il présente au poste de vice-président.
Le duo candidat-colistier, élu au terme de la convention, constitue le «ticket» vainqueur de chaque parti.
La convention républicaine s’est déjà tenue du 15 au 18 juillet, à Milwaukee, dans le Wisconsin. Elle a consacré le ticket présidentiel Donald Trump-J.D. Vance (sénateur de l’Ohio).

Par ailleurs, la convention démocrate prévue du 19 au 22 août, à Chicago, dans l’Illinois, soulève maints questionnements à la suite du retrait de Joe Biden de la course à la présidence, annoncé le 21 juillet.
Même si M. Biden appuie officiellement sa colistière, Kamala Harris, plusieurs scénarios sont possibles. Selon les termes de l’ancien président Barack Obama, le parti démocrate va «naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir».

La convention démocrate 2024, une situation délicate
Maintenant que le président Biden a décidé de mettre un terme à sa campagne de réélection, trois voies s’ouvrent au parti démocrate pour le remplacer par un autre candidat.
La première consiste à effectuer, au début du mois d'août, un vote anticipé en ligne qui permettrait de désigner un nouveau représentant.
La deuxième serait que le parti se rallie autour d'un nouveau candidat avant la convention.
Si ces options n’aboutissent pas à une nomination, la troisième voie mènerait à une convention ouverte, un scénario que le parti n'a pas connu depuis 1968.
Une convention est dite ouverte lorsque aucun candidat n’atteint une majorité claire de délégués. L'événement se transforme alors en une miniprimaire au cours de laquelle les candidats se démènent pour persuader les délégués de voter pour eux, ce qui comporte un haut risque de chaos.
Pratiquement, on compte environ 4.000 délégués démocrates, incluant des travailleurs locaux du parti, des membres de syndicats, des élus et des collecteurs de fonds. Mais le parti démocrate définit deux types de délégués: les délégués engagés et les super-délégués.
Les premiers doivent soutenir le candidat que les électeurs de leur État ont sélectionné lors des primaires et des caucus.
Les seconds sont des dirigeants du parti, à savoir d'anciens présidents et vice-présidents, des gouverneurs démocrates, des membres du Congrès et des responsables du parti. Les super-délégués ne sont engagés envers aucun candidat et ne sont pas autorisés à voter lors du premier tour de scrutin à la convention.
Pour obtenir la nomination démocrate, un candidat doit remporter 1.968 délégués, soit la majorité des délégués engagés, lors du premier tour de vote.
Vous l’aurez compris, la situation est loin d’être simple.
À la suite des élections primaires, M. Biden se dirigeait vers la convention avec près de 3.900 délégués engagés. Ces derniers peuvent désormais voter pour le candidat de leur choix et ne sont pas obligés de soutenir Kamala Harris. D’ici la tenue de la convention, d’autres personnalités peuvent postuler à cette investiture.
Un enjeu historique
Dans ce contexte, on ne peut que relever la similarité de la situation actuelle avec celle de 1968, lorsque, le 31 mars, le président démocrate Lyndon Johnson a annoncé qu'il ne se représenterait pas à l'élection présidentielle de l'automne. Joe Biden serait donc le second président américain à ne pas se représenter à la présidence, mais le premier à s’être retiré de la course à une phase aussi avancée.
Le 6 juin de la même année, le sénateur Robert Kennedy, l’un des candidats en lice à l'investiture démocrate, est assassiné à Los Angeles. Par ailleurs, en 2024, c’est le candidat Donald Trump qui échappe à une tentative d’assassinat, le 13 juillet.
La convention démocrate du 26 août 1968, tenue à Chicago, s’inscrivait en pleine guerre du Vietnam. Celle d’août 2024, qui se déroulera dans la même ville, se profile sur fond de guerre à Gaza.
Pour le moment, la présidente de la convention nationale du parti démocrate, Minyon Moore, s’est voulue rassurante, affirmant qu’«il n'y a pas de moment plus important que cette année pour nous réunir en tant que parti et réaffirmer notre engagement envers le travail à venir», dans un communiqué publié le 21 juillet, juste après le désistement de Joe Biden.
Pour sa part, Mme Harris a assuré sa volonté de faire «tout ce qui est en mon pouvoir pour unifier le parti démocrate et pour battre Donald Trump», saluant «l’acte désintéressé et patriotique» du président.
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