En visite pour trois jours aux États-Unis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, se présentera mercredi devant le Congrès américain, avec trois principales cartes en main, à en croire les experts. Si le retrait du président actuel, Joe Biden, de la course présidentielle, a provoqué une «grande incertitude politique», pour reprendre les termes de M. Netanyahou, il n’en demeure pas moins que le soutien américain pour Israël demeure inébranlable. Un soutien dont l’ampleur sera constatée lors de la visite de M. Netanyahou à Washington, visite «très importante» telle que qualifiée par celui-ci.
Le voyage de Benjamin Netanyahou à Washington prend désormais une tournure inattendue après que le président des États-Unis a jeté l’éponge dimanche. Il semblerait aussi qu’elle soit déterminante pour le conflit en cours. Selon des informations recueillies par Ici Beyrouth et comme rapporté par une source politique, des responsables au sein du Hezbollah auraient fait comprendre qu’un «cessez-le-feu serait décrété après la visite de Netanyahou aux États-Unis, puisqu’un accord, dont on ignore les tenants et aboutissants, risque d’être conclu». Même si cela semble peu vraisemblable comme l’a confié à Ici Beyrouth (IB) un spécialiste des relations israélo-américaines et membre du cercle de réflexion londonien Chatham House, cette hypothèse s’inscrit dans le cadre de l’annonce, dimanche soir, par le Premier ministre israélien de l’envoi d’une délégation, jeudi, pour négocier un accord sur la libération des otages à Gaza.
Netanyahou devant le Congrès
Si l’annonce de Joe Biden semble satisfaire, selon certains observateurs, le Premier ministre israélien dont les relations avec la Maison Blanche se sont relativement détériorées au lendemain du 7 octobre dernier, la priorité pour M. Netanyahou demeure celle d’un renforcement du soutien américain à ses politiques.
Pour y parvenir, il pourrait miser, selon une source bien informée, sur trois éléments essentiels lors de son discours devant le Congrès américain, prévu le 24 juillet.
Primo, M. Netanyahou pourrait avancer la carte de la résolution adoptée par la Knesset, le 18 juillet dernier, en vertu de laquelle le Parlement israélien s’est fermement opposé à «la création d’un État de Palestine», qui pourrait constituer, selon le texte, «un danger existentiel pour l’État d’Israël et ses citoyens, perpétuer le conflit israélo-palestinien et déstabiliser la région».
Secundo, M. Netanyahou tenterait, d’après la source susmentionnée, de maximiser la menace que représente le Hamas et, plus largement, l’Iran, pour la sécurité d’Israël et, à plus grande échelle, de l’Occident.
Tertio, «il pourrait aborder le dossier de la situation au Moyen-Orient et du processus de normalisation des relations avec les pays de la région que Netanyahou considère indispensable pour une paix durable», indique-t-on de même source.
«Le Premier ministre israélien se présentera devant un Congrès qui, a priori, soutient l’État hébreu de manière bipartisane», explique David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), consultant en relations internationales et spécialiste de la région du Moyen-Orient. «Toute la question est de savoir si les démocrates, divisés sur la question israélienne, boycotteront le discours de Netanyahou, comme ils l’avaient prévu, ou si, au contraire, ils y assisteront, pour éviter de creuser davantage le fossé au sein de leur parti», explique à Ici Beyrouth un spécialiste des relations israélo-américaines et membre du cercle de réflexion londonien Chatham House. Il insiste par ailleurs sur la nécessité pour eux de «serrer les rangs à un moment où les efforts devraient être multipliés pour l’investiture d'un candidat du parti».
Du côté des démocrates, «même si les rapports entre Biden et Netanyahou ont connu des zones de turbulences, notamment sur les modalités de l’opération militaire jugées excessives par le président américain et sur les perspectives politiques relatives au ‘Jour d’après’, le soutien de Joe Biden pour Tel-Aviv n’a jamais faibli», souligne le chercheur Rigoulet-Roze.
Pour ce qui est des républicains, quand bien même les relations avec Donald Trump ont été relativisées après l’offensive du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, Netanyahou continue de «miser vraisemblablement sur la victoire de l’ancien locataire de la Maison Blanche», indique M. Rigoulet-Roze. Il convient de rappeler qu’en avril 2024, M. Trump a reproché au Premier ministre israélien de «ne pas avoir vu venir l’attaque du mouvement palestinien» qui a eu «un impact profond» sur la personne de Netanyahou. Une déclaration qui, dans le fond, ne remet pas en cause le soutien de Trump au dirigeant israélien, signale M. Rigoulet-Roze, avant de poursuivre: «Il suffit d’ailleurs de relever les propos des ministres d'extrême droite israéliens, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qui, à plusieurs reprises, ont déclaré que les relations avec une administration républicaine dirigée par Donald Trump en tant que président seraient bien meilleures qu’avec une administration démocrate».
En cas de victoire de ce dernier, la question de la colonisation serait, par ailleurs, «réglée» pour l’État hébreu. Alors que le président Biden avait émis des ordres de sanction à l’encontre de colons israéliens accusés de violences antipalestiniennes en Cisjordanie, Donald Trump lui, irait à l’encontre d’une telle prise de position, son administration ayant précédemment mis fin à la doctrine américaine établie en 1978, selon laquelle la colonisation israélienne de la Cisjordanie est contraire au droit international.
Lors de sa visite, le Premier ministre israélien devrait également s’entretenir avec Joe Biden – une rencontre prévue, selon des informations préliminaires, pour le 23 juillet – mais aussi avec sa vice-présidente, Kamala Harris, privilégiée par le président pour poursuivre la course présidentielle. «L’enjeu se présente davantage pour Harris, qui doit se positionner par rapport à la campagne à venir et à sa candidature», affirme M. Rigoulet-Roze.
Même si non confirmée, une réunion avec l’ancien président Trump pourrait, en outre, être à l’ordre du jour de cette visite.
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