Les «commodities», votre alternative boursière

Le jargon financier regorge de termes empruntés de l’anglais et qui ont l’air complexes à première vue. Commodities en est un, et désigne des matières premières (MP) échangées en titres financiers négociables en bourse, ou alors, si vous avez une grande cave, en biens physiques. Il s’agit ici de scruter ce type d’actifs financiers.
Quelques principes fondamentaux
Les MP disponibles sur les marchés financiers peuvent être regroupées en plusieurs catégories. On y compte les métaux précieux (l’or, l’argent…), les métaux industriels (le cuivre, l’aluminium…), les produits énergétiques (pétrole, gaz…), ou encore agricoles (blé, soja…), et bien d’autres encore.
Quels sont les MP les plus actives? Questionné par Ici Beyrouth, Guy Rouhana, consultant en performance et technologie et trader expérimenté, révèle que les plus actives sont généralement les MP les plus volatiles, c’est-à-dire celles qui voient leur cours fluctuer le plus, où il y a donc de bonnes opportunités de profit. On a tendance à mettre dans cette catégorie le pétrole, le nickel et l’or. Mais cela dépend aussi de l’année et des circonstances qui privilégient le commerce de l’une ou l’autre de ces MP. Une guerre en Ukraine fait surgir les spéculations sur le blé.
M. Rouhana ajoute que la spéculation joue un rôle important dans la détermination des prix, un constat déjà émis par l’économiste espagnol Juan Ramon Rallo. Ce dernier indique que les spéculateurs achètent de grandes quantités de biens pour les revendre quand ils se raréfient, contribuant ainsi à la stabilisation des prix sur le long terme, en empochant une confortable marge au passage. N’empêche que cela reste un jeu risqué.
Politique monétaire
La politique monétaire entre également en jeu et affecte le niveau général des prix. L’évolution du pouvoir d’achat aussi. D’autres facteurs qui entrent en jeu sont le climat, la pluie, la sécheresse, les ouragans, et tout ce qui peut contribuer à augmenter ou à réduire la production d’une culture donnée, entraînant une hausse ou une baisse des prix. Mais en bourse, on peut toujours spéculer sur la hausse comme sur la baisse.
Le marché des MP étant mondial, la mobilité des capitaux tend à réduire les différences des prix entre les pays. Une tonne de blé ou de fer a une valeur sensiblement équivalente à un moment donné, n’importe où au monde (hormis les coûts subséquents de l’assurance, du transport ou des taxes).
La rareté joue un rôle crucial dans la détermination des prix. Elle peut être mesurée grâce au coefficient stock-flux, calculé en divisant la quantité existante d’un bien par sa production annuelle.
M. Rouhana donne l’exemple de l’or, un métal précieux qui a un coefficient stock-flux assez élevé, aux alentours de 60, selon plusieurs sources. Cela signifie que la quantité totale d'or disponible (le stock) est 60 fois plus élevée que la quantité d'or nouvellement produite chaque année (le flux).

Mitiger le risque
Traiter avec des MP ne veut pas pour autant dire jouer au casino en prenant des risques élevés afin de récolter des gains faramineux, bien au contraire. M. Rouhana rappelle que les individus traitent souvent avec les MP pour mitiger le risque.
Par exemple, si un agriculteur veut se protéger contre le risque de dépréciation de la valeur de sa récolte (qu’il cultivera dans les mois prochains), il peut toujours acheter des put options, c’est-à-dire des contrats donnant à l'acheteur le droit de vendre une quantité donnée de son produit à un prix prédéterminé dans un délai donné.
Les aléas de la géopolitique ont, eux aussi, leur mot à dire. On a vu comment le déclenchement de la guerre en Ukraine a modifié les prix mondiaux de quelques matières: 44% pour le pétrole, 68% pour l'huile de palme et le blé, et presque 100% pour le gaz naturel et les engrais. D’autres produits, loin des zones de tension, n’ont pas été affectés, comme le maïs et le riz.
Les métaux industriels
Du côté des métaux, les sources spécialisées font des prévisions, sans que ce soient des certitudes (comme pour tout produit boursier). Parmi ces prévisions, en 2024, le nickel, le fer et le zinc devraient afficher des baisses de 21%, 9% et 6%, respectivement. Alors que les prix du cuivre, de l'étain et de l'aluminium devraient augmenter modestement de 5%, 4%, et 2%, respectivement.
À l'horizon 2025, les prix de l'aluminium et de l'étain devraient encore augmenter de 4%, tandis que les prix du fer et du plomb devraient poursuivre leur déclin. Parallèlement, les prix du nickel et du zinc devraient se redresser partiellement, tandis que les prix du cuivre se stabiliseront. Mais là aussi, tout dépend des activités économiques: relance de la construction et de l’immobilier, industrie métallurgique, etc. D’autres facteurs qui pourraient influer incluent de nouvelles restrictions commerciales, des taxes, des quotas d’importation…
Comment en profiter au Liban?
Comme d'autres actifs, les MP sont négociées en bourse via un broker accrédité et sérieux. Elles sont souvent négociées par le biais de contrats (derivatives, en anglais) répartis en plusieurs catégories. Elles peuvent également être négociées indirectement par le biais d'actions et de fonds d'entreprises qui exercent des activités liées à ces mêmes MP.
Selon le député Antoine Habchi, représentant de la région de Baalbeck, une denrée échangeable en bourse pourrait donner au Liban un avantage comparatif, à savoir le cannabis, objet d’une loi qui n’a malheureusement jamais été appliquée.
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