Dans le cadre d'une étude exhaustive menée par la députée Najat Aoun Saliba, de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), révélant des conclusions critiques quant à l'impact des pannes de courant prolongées sur la qualité de l'air de la ville, l'Institut socio-économique pour le développement a tenu jeudi une conférence de presse.

La conférence avait pour objectif de lancer une campagne contre la pollution résultant des générateurs à diesel. «Il n'est pas juste que nous ayons à choisir entre le poison et l'électricité», a déclaré le Dr Najat Aoun Saliba. La recherche a révélé que les résidents de Beyrouth souffrent à plusieurs niveaux de la présence non contrôlée de générateurs à diesel, souvent placés à proximité des domiciles et dans les complexes résidentiels, en particulier après l’exacerbation de la crise de l’électricité au Liban.

L'étude fait état d’un vacarme constant, de vibrations et de pollution atmosphérique sévère émanant de ces générateurs. Ces facteurs non seulement contribuent à l'inconfort psychologique et physique, mais ils présentent aussi de graves risques pour la santé, induisant des maladies chroniques et potentiellement mortelles.

L'étude a spécificquement noté des concentrations élevées de particules fines (PM2.5), avec des niveaux de pollution au moins trois fois plus élevés que les normes recommandées par l'Organisation mondiale de la Santé, à l'AUB, dans le quartier des affaires du centre-ville (Beirut Central District - BCD) et à l'université de soins infirmiers Makassed (NSMU).

«Nous ne pouvons pas vivre dans la peur d'un incendie simplement parce que les propriétaires des générateurs diesel ont décidé d’installer de “mini-usines” entre nos maisons, avec le consentement des personnes au pouvoir», a exprimé le Dr Saliba.

Les émissions de diesel provenant des générateurs ont été identifiées comme la principale source de pollution sur ces sites, représentant 5% des polluants au BCD – 42 % à l'AUB et 43% au NSMU. Il apparaît que les émissions de diesel à l'AUB ont doublé depuis la précédente étude menée en 2016-2017. Le risque estimé de cancer (ESR) a également dépassé le seuil de préoccupation toxicologique défini par l'EPA (Environmental Protection Agency), indiquant une augmentation de 53% par rapport aux données précédentes.

Le Dr Saliba a souligné la gravité de la situation, affirmant que l'utilisation de générateurs à diesel constitue une menace sur plusieurs plans. Au-delà de la pollution atmosphérique, cet usage met en danger la sécurité publique par le risque d'incendies, le bruit incessant et autres périls. Mme Saliba a de même évoqué le droit fondamental des citoyens de vivre dans un environnement sain, maintenant son engagement inébranlable pour cette cause, à titre de députée et de citoyenne concernée.


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L'avocat Choucri Haddad a, lui aussi, pris la parole lors de la conférence, soulignant les aspects juridiques de la crise. M. Haddad a critiqué la dépendance généralisée aux générateurs privés qui ont aggravé la pollution au Liban.

En citant les conclusions de l'étude du Dr Saliba et de nombreuses plaintes de citoyens, Maître Haddad a appelé à l'application immédiate des lois existantes relatives à la protection de l'air et de l'environnement. Il a exhorté les autorités concernées, telles que les ministères de l'Énergie et de l'Eau, de l'Environnement et de l'Intérieur, ainsi que les municipalités, à prendre des mesures décisives pour réguler le secteur des générateurs.

De plus, Me Haddad a annoncé son intention de déposer un avis public auprès du procureur général pour l’environnement afin de lancer des poursuites judiciaires pour freiner les violations et tenir les parties pour responsables. Il a encouragé les citoyens à déposer activement des plaintes, soulignant l'importance de l'engagement public dans la résolution de ce problème crucial.

Dans une enquête précédente menée par Ici Beyrouth, les propriétaires de générateurs à diesel ont revendiqué une aide financière du gouvernement libanais pour pouvoir se procurer des filtres pour leurs générateurs. Interrogée sur cette proposition, le Dr Saliba a répondu: «Ils gagnent assez d'argent. Le gouvernement ne peut pas financer une activité illégale. Ils sont légalement tenus d'ajouter des filtres, et ceux qui ne sont pas en mesure de le faire devraient éteindre leur générateur».
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