L’opéra sud-africain prend son envol post-apartheid
©Crédit photo: Gianluigi Guercia/AFP

Depuis la fin de l’apartheid, l’opéra en Afrique du Sud connaît un essor remarquable, attirant de nouveaux talents issus des traditions chorales locales et séduisant un public de plus en plus diversifié.
L’opéra en Afrique du Sud a connu une ascension fulgurante depuis l’abolition des barrières raciales il y a une trentaine d’années. Comptant désormais de nombreuses grandes stars sur la scène internationale, comme la soprano Pretty Yende, l’opéra sud-africain puise ses talents dans les riches traditions chorales du pays.
L’Opéra du Cap, fondé par Angelo Gobbato cinq ans après l’élection de Nelson Mandela en 1994, est à la pointe de cet essor. Cette institution présente des interprétations locales pour séduire un public plus habitué aux chants polyphoniques a capella qu’à la musique classique occidentale. Lorsque Gobbato a monté Lucia di Lammermoor de Donizetti en 1999, tous les rôles principaux étaient tenus par des artistes étrangers. Vingt-cinq ans plus tard, la distribution de cet opéra, présenté pour fêter l’anniversaire de la compagnie, est entièrement sud-africaine et ne compte qu’un seul chanteur blanc.
La fin de l’apartheid a suscité un fort intérêt de la part d’étudiants noirs souhaitant se former à l’opéra, un phénomène inédit pour l’école d’opéra du Cap qui accueillait auparavant des étudiants métis et non-blancs, mais pas d’étudiants noirs. Ces nouveaux élèves, parmi lesquels figurait Pretty Yende, viennent souvent de chorales locales où ils ont appris la musique sans forcément savoir déchiffrer une partition ni posséder un bagage théorique.
Au fil des années, de plus en plus de chanteurs sud-africains sont tombés amoureux de l’opéra, et le public s’est diversifié en parallèle. Angelo Gobbato, qui se considère comme un grand-père pour ces jeunes talents, est infiniment fier d’avoir contribué à cette évolution dans son pays d’adoption.

Crédit photo: Gianluigi Guercia/AFP
Autrefois réservé à un public blanc, l’opéra est désormais rendu plus accessible par l’Opéra du Cap, comme l’explique la soprano métisse Britanny Smith. L’institution, ainsi que l’école d’opéra réputée de l’Université du Cap, s’emploie à dénicher les talents prometteurs dans les écoles primaires et les townships pauvres pour préparer les futures générations de solistes.
Les drames universels mis en scène par l’opéra résonnent avec le vécu des Sud-Africains, abordant des questions profondes, réelles et émotionnelles, ainsi que des thèmes politiques, sexuels, violents et mortels, selon le baryton Conroy Scott.
Les productions de classiques de l’opéra après l’apartheid ont donné naissance à une forme distinctement sud-africaine dans la représentation des personnages, avec des décors reconnaissables par le public. Le critique Wayne Muller cite en exemple La Bohème, située dans le quartier du Cap rasé sous l’apartheid, et Porgy and Bess de George Gershwin, où les protagonistes se déclarent leur amour dans un bidonville de Soweto.
L’opéra sud-africain, en plein essor depuis la fin de l’apartheid, attire de nouveaux talents issus des traditions chorales locales et séduit un public de plus en plus diversifié. Cette évolution remarquable témoigne de la richesse culturelle du pays et de sa capacité à s’approprier un art autrefois réservé à une élite blanche.
Avec AFP
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