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[audio mp3="https://icibeyrouth.com/wp-content/uploads/2024/08/On-assiste-a-une-course-effrenee-entre-guerre-et-mediation.mp3"][/audio]
On assiste à une course effrénée entre guerre et médiation.
En tenant compte des données sur le terrain, des positions de l'État israélien et de l'axe pro-iranien obstructionniste, ainsi que des appels des pays exhortant leurs ressortissants à quitter rapidement la région et à prendre des mesures de précaution maximales – en plus de la possibilité de fermeture de certaines ambassades à Beyrouth –, l'on peut dire que la région est sur le point de s'embraser. Les médiations sont à l’arrêt et l'escalade pointe à l’horizon.
Après les grands assassinats qui ont secoué les équilibres en faveur d'Israël, qui a porté trois coups durs à l'axe de la Moumanaa en assassinant l'adjoint aux affaires militaires du Hezbollah, Fouad Chokr, dans la banlieue sud de Beyrouth (fief du Hezbollah), puis le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, en Iran, et le commandant des Brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, le 13 juillet, le secrétaire général du Hezbollah est apparu lors des funérailles de Fouad Chokr en déclarant «qu'aucun mot ne sera prononcé en dehors du champ de bataille». La déclaration de M. Nasrallah s'est faite en réponse aux tentatives déployées par des médiateurs occidentaux pour convaincre le Hezbollah de réagir de manière rationnelle. Benjamin Netanyahou, de retour de Washington avec le feu vert du Congrès, compte mener à bien sa mission dans le temps imparti, c'est-à-dire avant les élections américaines et la mise en place du plan de paix au Moyen-Orient.
Partant, M. Netanyahou a exploité le missile «orphelin» tombé sur un terrain de football à Majdal Shams dans le Golan occupé, en tenant le Hezbollah pour responsable. Le Premier ministre israélien a également mené, avant et après l'incident de Majdal Shams, des opérations de sécurité et de renseignement, en détruisant des installations au port de Hodeïda au Yémen, en assassinant M. Haniyé en Iran et en menant une frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth. Les médiateurs ont cependant assuré au commandement hezbollahi que Beyrouth, son aéroport et sa banlieue sud sont des lignes rouges et demeurent hors de portée des représailles israéliennes.
Benjamin Netanyahou poussera-t-il la région vers la guerre en profitant des résultats de sa visite à Washington, ou les parties se conformeront-elles toujours aux règles d'engagement pour éviter le conflit?
Avant le retour de M. Netanyahou de Washington et après l'incident de Majdal Shams, les médiateurs occidentaux se sont dirigés vers Haret Hreik avec des propositions et des solutions potentielles pour éviter la guerre.
Selon des sources proches de la formation pro-iranienne, «Israël est prêt à négocier pour fixer les points frontaliers contestés avec le Liban dans le cadre d'un accord politique et sécuritaire et de nouveaux arrangements, étant donné que ce dernier refuse un retour à la situation d'avant le 7 octobre, au vu des nouvelles donnes qui ne peuvent être ignorées».
Le Hezbollah aurait rejeté les offres et informé les médiateurs «qu'aucune discussion ne sera engagée avant d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza. De plus, la résistance exercera son droit de venger M. Chokr». Les médiateurs ont intensifié leurs efforts pour éviter la dérive vers la guerre totale et ont transmis «des assurances que la réponse israélienne à l'incident de Majdal Shams est limitée et bien calculée».
Un responsable politique proche de Haret Hreik a déclaré «qu'Israël a fait fi des assurances des médiateurs», en particulier celles d'Amos Hochstein, l'envoyé spécial américain, qui a perdu son statut de «favori» auprès du président Nabih Berry, le «maître» (the boss) comme il se plaisait à l'appeler, après un appel avec lui et Walid Joumblatt. Le responsable précité a déclaré que ces appels étaient tendus. Amos Hochstein a tenté d'obtenir des garanties de la part du Hezbollah de ne pas réagir à la réponse israélienne et a proposé un retrait vers le sud du Litani en échange de l'annulation de l'attaque israélienne – une formule rejetée par la formation pro-iranienne.
Les positions de M. Hochstein ont conduit à des tensions dans les relations avec M. Berry et M. Joumblatt. Le premier a donc fait appel à son ami, le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, pour arranger les choses et normaliser les relations avec M. Berry, surtout après que Nasrallah a demandé «l'arrêt de toute communication avec M. Hochstein et l'a tenu pour responsable, conjointement avec Israël, du crime de la banlieue sud».
Malgré ces développements, le Hezbollah a campé sur ses positions, déclarant qu'il n'était absolument pas prêt à engager de dialogue ou de négociations sur les frontières terrestres ou d'autres arrangements sécuritaires avant l'arrêt de la guerre à Gaza. Le Hezbollah entend aussi venger M. Chokr en infligeant à Israël un lourd tribut pour le crime perpétré. À l'heure actuelle, l'objectif de la formation pro-iranienne est de faire obstacle à toute intention israélienne d’attaquer la banlieue, ignorant toutes les assurances, garanties et lignes rouges communiquées par les médiateurs.
Par conséquent, le Hezbollah ne voit plus l’intérêt des médiateurs, sachant qu'Israël a annulé leur rôle. Si les responsables israéliens traitent avec une telle légèreté les médiateurs représentant des capitales décisionnelles, comment se comporteront-ils avec eux dans le cadre des négociations et de la transition vers une réconciliation? Israël sera-t-il amené à se conformer pleinement aux décisions?
«Qui peut encore croire aux garanties d'Israël?», se demande le responsable politique proche de la banlieue sud.
Quelle sera la réponse de l'axe de la Moumanaa?
Un responsable proche de l'axe pro-iranien a déclaré que «l'axe de la Moumanaa compte sur l'effet de surprise et la réponse est en cours d'étude», comme précisé par Hassan Nasrallah lors de son dernier discours.
De nombreux scénarios sont envisagés: toutes les factions de la Moumanaa pourraient assener un coup dur à Israël depuis plusieurs fronts à la fois pour le désorienter, ternissant ainsi son image et celle de son armée en le rendant incapable de réagir... Sinon, une frappe militaire pourrait être lancée depuis le Yémen en direction d'Israël, avec une opération sécuritaire et de renseignement menée à l'intérieur de l'État hébreu.
Selon un expert militaire, les péripéties actuelles ne sont que le début de la voie vers la réconciliation. Benjamin Netanyahou a peu de temps pour achever sa mission visant à éradiquer le Hamas. Partant, et selon les données recueillies par les renseignements israéliens, il chercherait à éliminer les têtes du Hamas et du Hezbollah le plus vite possible, prélude à une réconciliation qui couvrira toute la région.
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On assiste à une course effrénée entre guerre et médiation.
En tenant compte des données sur le terrain, des positions de l'État israélien et de l'axe pro-iranien obstructionniste, ainsi que des appels des pays exhortant leurs ressortissants à quitter rapidement la région et à prendre des mesures de précaution maximales – en plus de la possibilité de fermeture de certaines ambassades à Beyrouth –, l'on peut dire que la région est sur le point de s'embraser. Les médiations sont à l’arrêt et l'escalade pointe à l’horizon.
Après les grands assassinats qui ont secoué les équilibres en faveur d'Israël, qui a porté trois coups durs à l'axe de la Moumanaa en assassinant l'adjoint aux affaires militaires du Hezbollah, Fouad Chokr, dans la banlieue sud de Beyrouth (fief du Hezbollah), puis le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, en Iran, et le commandant des Brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, le 13 juillet, le secrétaire général du Hezbollah est apparu lors des funérailles de Fouad Chokr en déclarant «qu'aucun mot ne sera prononcé en dehors du champ de bataille». La déclaration de M. Nasrallah s'est faite en réponse aux tentatives déployées par des médiateurs occidentaux pour convaincre le Hezbollah de réagir de manière rationnelle. Benjamin Netanyahou, de retour de Washington avec le feu vert du Congrès, compte mener à bien sa mission dans le temps imparti, c'est-à-dire avant les élections américaines et la mise en place du plan de paix au Moyen-Orient.
Partant, M. Netanyahou a exploité le missile «orphelin» tombé sur un terrain de football à Majdal Shams dans le Golan occupé, en tenant le Hezbollah pour responsable. Le Premier ministre israélien a également mené, avant et après l'incident de Majdal Shams, des opérations de sécurité et de renseignement, en détruisant des installations au port de Hodeïda au Yémen, en assassinant M. Haniyé en Iran et en menant une frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth. Les médiateurs ont cependant assuré au commandement hezbollahi que Beyrouth, son aéroport et sa banlieue sud sont des lignes rouges et demeurent hors de portée des représailles israéliennes.
Benjamin Netanyahou poussera-t-il la région vers la guerre en profitant des résultats de sa visite à Washington, ou les parties se conformeront-elles toujours aux règles d'engagement pour éviter le conflit?
Avant le retour de M. Netanyahou de Washington et après l'incident de Majdal Shams, les médiateurs occidentaux se sont dirigés vers Haret Hreik avec des propositions et des solutions potentielles pour éviter la guerre.
Selon des sources proches de la formation pro-iranienne, «Israël est prêt à négocier pour fixer les points frontaliers contestés avec le Liban dans le cadre d'un accord politique et sécuritaire et de nouveaux arrangements, étant donné que ce dernier refuse un retour à la situation d'avant le 7 octobre, au vu des nouvelles donnes qui ne peuvent être ignorées».
Le Hezbollah aurait rejeté les offres et informé les médiateurs «qu'aucune discussion ne sera engagée avant d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza. De plus, la résistance exercera son droit de venger M. Chokr». Les médiateurs ont intensifié leurs efforts pour éviter la dérive vers la guerre totale et ont transmis «des assurances que la réponse israélienne à l'incident de Majdal Shams est limitée et bien calculée».
Un responsable politique proche de Haret Hreik a déclaré «qu'Israël a fait fi des assurances des médiateurs», en particulier celles d'Amos Hochstein, l'envoyé spécial américain, qui a perdu son statut de «favori» auprès du président Nabih Berry, le «maître» (the boss) comme il se plaisait à l'appeler, après un appel avec lui et Walid Joumblatt. Le responsable précité a déclaré que ces appels étaient tendus. Amos Hochstein a tenté d'obtenir des garanties de la part du Hezbollah de ne pas réagir à la réponse israélienne et a proposé un retrait vers le sud du Litani en échange de l'annulation de l'attaque israélienne – une formule rejetée par la formation pro-iranienne.
Les positions de M. Hochstein ont conduit à des tensions dans les relations avec M. Berry et M. Joumblatt. Le premier a donc fait appel à son ami, le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, pour arranger les choses et normaliser les relations avec M. Berry, surtout après que Nasrallah a demandé «l'arrêt de toute communication avec M. Hochstein et l'a tenu pour responsable, conjointement avec Israël, du crime de la banlieue sud».
Malgré ces développements, le Hezbollah a campé sur ses positions, déclarant qu'il n'était absolument pas prêt à engager de dialogue ou de négociations sur les frontières terrestres ou d'autres arrangements sécuritaires avant l'arrêt de la guerre à Gaza. Le Hezbollah entend aussi venger M. Chokr en infligeant à Israël un lourd tribut pour le crime perpétré. À l'heure actuelle, l'objectif de la formation pro-iranienne est de faire obstacle à toute intention israélienne d’attaquer la banlieue, ignorant toutes les assurances, garanties et lignes rouges communiquées par les médiateurs.
Par conséquent, le Hezbollah ne voit plus l’intérêt des médiateurs, sachant qu'Israël a annulé leur rôle. Si les responsables israéliens traitent avec une telle légèreté les médiateurs représentant des capitales décisionnelles, comment se comporteront-ils avec eux dans le cadre des négociations et de la transition vers une réconciliation? Israël sera-t-il amené à se conformer pleinement aux décisions?
«Qui peut encore croire aux garanties d'Israël?», se demande le responsable politique proche de la banlieue sud.
Quelle sera la réponse de l'axe de la Moumanaa?
Un responsable proche de l'axe pro-iranien a déclaré que «l'axe de la Moumanaa compte sur l'effet de surprise et la réponse est en cours d'étude», comme précisé par Hassan Nasrallah lors de son dernier discours.
De nombreux scénarios sont envisagés: toutes les factions de la Moumanaa pourraient assener un coup dur à Israël depuis plusieurs fronts à la fois pour le désorienter, ternissant ainsi son image et celle de son armée en le rendant incapable de réagir... Sinon, une frappe militaire pourrait être lancée depuis le Yémen en direction d'Israël, avec une opération sécuritaire et de renseignement menée à l'intérieur de l'État hébreu.
Selon un expert militaire, les péripéties actuelles ne sont que le début de la voie vers la réconciliation. Benjamin Netanyahou a peu de temps pour achever sa mission visant à éradiquer le Hamas. Partant, et selon les données recueillies par les renseignements israéliens, il chercherait à éliminer les têtes du Hamas et du Hezbollah le plus vite possible, prélude à une réconciliation qui couvrira toute la région.
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