Samir Chamas: l'un des derniers Mohicans de l’âge d’or du cinéma

 
Quelques jours après avoir été transféré à l’Hôtel-Dieu, le grand comédien, journaliste et auteur Samir Chamas est décédé des suites de problèmes de santé. Originaire de Baalbeck (Hermel), de «la tribu» des Chamas, l’artiste polyvalent, né en 1942 et mort le 11 août 2024, était l’un des derniers Mohicans de l’âge d’or de la scène et de l’écran.
Samir Chamas, l’un des plus grands acteurs libanais, vient de tirer sa révérence. Artiste, journaliste et auteur, il a été l’un des premiers à collaborer avec le réalisateur Nizar Mikati et l’artiste Choucou dans l’édification du théâtre national. Il a joué au cinéma dans les films cultes des frères Rahbani, aux côtés de Fairouz, Safar Barlek en 1967 («Le Voyage de Barlek») et Bint el-Haress, en 1977 («La Fille du gardien»). Il a également participé à 27 films dont le film syrien Al-Sharidan («Les Deux Vagabonds») en 65 avec Duraid Lahham et des films égyptiens comme Thalath Nisa’a («Trois femmes») en 68, d’après le roman d’Ihsan Abdel Kouddouss, ainsi que Charih el-Dabab («La Rue du brouillard») tous les deux avec la vedette libanaise Sabah . En 2005, il a joué dans le film controversé Al-Bahithat an-alhurriya  («Des femmes en quête de liberté») réalisé par l’avant-gardiste Inès al-Deghaidy. Dans l’un de ces entretiens, Samir Chamas raconte qu’au cours de sa carrière, il devait signer un contrat portant sur une série de films égyptiens avec l’un des plus célèbres producteurs égyptiens, Ramsès Néguib. Cependant, des circonstances fâcheuses ont empêché la réalisation de ce grand projet, avec le décès brusque du producteur. En 2000, il joua avec la légende du cinéma arabe, Faten Hamama, dans Wajh el-qamar («Le Visage de la lune»), sans oublier sa prestation avec l'actrice chevronnée Samira Ahmed dans Imra’a min zaman el-hubb («Une femme du temps de l’amour») en 1998. Samir Chamas est rentré à Beyrouth pour jouer dans la série libanaise Un homme du passé, en 2004. Les spectateurs libanais et arabes l’associent surtout à Jad, le héros de la série à succès Al-Nahr («La Rivière»), d’après le scénario de Marwan el-Abed, diffusé en noir et blanc en 1974, sur Télé Liban. Nisrine, sa partenaire dans le feuilleton, (la star disparue Noha el-Khatib Saadé), rencontre un jeune homme (Jad) blessé par balle près de la rivière. Elle tombe amoureuse de lui et décide de l’aider coûte que coûte. À cette époque-là, les prénoms les plus en vogue furent Jad et Nisrine chez les nouveau-nés au Liban et dans les pays arabes. De même, le public se souvient de sa performance dans Ghouroub («Couchant»), avec Hind Abillamah et Mahmoud Saïd.

Il y a quelques mois le ministre de l'information Ziad Makari lui avait remis le trophée de Télé Liban.
«J’ai découvert sa maestria en l’écoutant imiter les personnages, les sons de la nature et des animaux», déclare Salah Tizani, alias Abou Salim, qui fut l’un des premiers à découvrir son talent, quand Samir Chamas résidait à Tripoli et qu’il avait rejoint les rangs des scouts «Al-Jarrah».
Samir Chamas était doué aussi pour l'écriture, qu'il a exercée d’abord dans le cadre de la presse puis en rédigeant des scénarios pour le petit écran et le septième art, ainsi que dans la rédaction de programmes télévisés et radiophoniques. En 2006, il a publié son premier roman de science-fiction, intitulé Aux confins de l'univers. Il avait rédigé plusieurs autres écrits littéraires qu'il avait l'intention de publier et attendait le moment propice pour le faire.
Cela faisait quinze ans qu’on ne l’avait plus vu dans les séries télévisées. Pourtant ce n’est pas la belle présence physique qui lui manquait, ni le charisme, ni la virtuosité, ni même le timbre remarquable de la voix. D’ailleurs, iI a dirigé de nombreux stages de diction, aidé justement par sa culture, son talent de l’élocution et la langue arabe littéraire, qu’il maîtrisait parfaitement. Pourquoi a-t-il préféré se consacrer à l'art du doublage pour les séries étrangères qui étaient en vogue? Lors d’un entretien, Samir Chamas relate un incident avec un producteur, dont il ne cite pas le nom, qui ne s’était pas acquitté des revenus du grand acteur, malgré le succès de la série. Samir Chamas lui a intenté un procès et a préféré se limiter au doublage de dizaines d'œuvres qui ont constitué pour lui une source de revenus stables. Marié à l'actrice Siham Abou al-Ezz, il avait un fils, Rabih, et une fille, Rima, qu’il considérait comme les véritables trésors de sa vie. Sa dernière apparition sur le petit écran a eu lieu récemment dans l’émission Album el-Assala L’Album de l’authenticité»), présentée par le journaliste Robert Franjieh. Dans cet épisode, il raconte ses débuts à Tripoli jusqu’à la conquête du cinéma égyptien. Le ministre de l'Information, Ziad Makari, lui a rendu hommage en lui remettant le trophée de Télé Liban.
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