HRW appelle l'Irak à exhumer les charniers de Daech
©Des experts creusent pour récupérer les corps de vitims dans le trou d'Alo Antar, une fosse naturelle transformée en charnier par les djihadistes du groupe État islamique (EI), à Tal Afar, à quelque 70 kilomètres (40 miles) à l'ouest de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 15 juillet 2024. (Zaid AL-OBEIDI / AFP)
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé mardi le gouvernement irakien à "intensifier les efforts" pour exhumer les victimes des conflits successifs ayant frappé le pays.

"Afin de faire progresser la justice et la justice pour les victimes et leurs familles, le gouvernement irakien doit intensifier ses efforts pour exhumer les tombes, identifier les victimes, rendre les dépouilles aux familles pour qu'elles soient enterrées correctement", précise HRW.

L'appel de l'ONG intervient au moment où la mission de l'UNITAD (l’équipe d’enquête spéciale des Nations unies chargée de concourir à amener Daech à répondre de ses crimes), qui avait apporté un soutien non négligeable à l'Etat irakien pour exhumer ces fosses communes, voit son mandat s'achever en septembre 2024.

En Irak, des centaines de milliers de victimes d'exécutions illégales, victimes des différents conflits ayant frappé le pays, restent enterrées dans des fosses communes, selon un rapport publié mardi par l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Y demeurent les corps de victimes des conflits successifs, depuis le génocide des Kurdes par Saddam Hussein en 1988 aux massacres commis par l'État islamique (Daech), entre 2014 et 2017. L'identification formelle des corps enfouis pourrait néanmoins permettre aux familles des victimes des réponses longtemps attendues et leur permettra d'entamer leur deuil.

HRW estime que ces fosses communes pourraient encore contenir les restes de 400 000 personnes. L'Irak étant l'un des pays avec le plus grand nombre de personnes disparues, estimées entre 250 000 et 1 million, beaucoup sont donc probablement enterrés dans ces fosses.

Processus complexe et délicat


«L'exhumation de ces sites est un processus complexe et délicat, mais nous sommes déterminés à le mener à bien pour offrir une certaine forme de réconfort aux familles endeuillées», Selon responsable de la sécurité irakienne interrogé par HRW.

Avec l'UNITAD, les autorités ont ainsi pu travailler en collaboration avec des experts médico-légaux, pour garantir que les exhumations soient effectuées de manière rigoureuse et respectueuse. La fin du mandat de la mission de l'ONU fait craindre à HRW que le gouvernement irakien ne soit pas en mesure de "combler le vide".

La découverte de ces fosses communes a ravivé les souvenirs traumatisants de la brutalité de Daech dans la région. De nombreuses familles ont fourni des échantillons d'ADN dans l'espoir de retrouver leurs proches disparus. Les autorités ont notamment déclaré que les dépouilles identifiées seraient rendues aux familles pour un enterrement digne.

HRW insiste sur le fait que ce processus est essentiel non seulement pour apporter une certaine forme de justice, mais aussi pour aider les communautés à guérir et à reconstruire après les horreurs infligées par Daech.

La province de Babil n'est pas la seule région d'Irak à abriter des fosses communes ; on en trouve également dans les provinces de Ninive, Kirkouk et Salaheddine, témoignant de l'ampleur des crimes commis par Daech pendant son règne.
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