Auteure, compositrice et interprète, Zaho de Sagazan a retenu l’attention de la France lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques avec Sous le ciel de Paris au sein du jardin des Tuileries. Elle avait aussi ébloui le public au Festival de Cannes en reprenant Modern Love de David Bowie durant la cérémonie d’ouverture.
À 24 ans seulement, en février 2024, Zaho de Sagazan remporte quatre prix aux Victoires de la musique pour son premier album, La Symphonie des éclairs, dans les catégories Chanson originale, Meilleur album, Révélation scène, et Révélation féminine. À la suite à ce moment exceptionnel, elle prononce un discours prenant et émouvant: «Je suis très sensible, comme vous pouvez le remarquer. Pendant très longtemps, j’ai considéré que ce n’était pas bien de l’être parce que cela me faisait défaut dans la vie et se traduisait en pleurs, en cris, en colère, en plein de choses pas très agréables. Et puis un jour j’ai découvert la musique et je me suis rendu compte qu’en pleurant sur mon piano, ça me faisait un bien fou, ça ne faisait de mal à personne et surtout ça faisait de jolies chansons. Je me suis rendu compte que ce que je pensais être mon plus grand défaut dans la vie était finalement ma plus grande qualité.» Elle conclut en affirmant: «Être sensible c’est être vivant. Et l’on n’est jamais trop vivant.»
Qu’est-ce qui la rend si spéciale? Sa force de rêver et de mettre ses rêves en action. Zaho de Sagazan ferme les yeux pour écrire dans le noir ses chansons au piano. Ce noir l’inspire et la pousse vers la lumière, celle des projecteurs de la scène mais aussi celle de la notoriété.
Et pourtant, elle garde les pieds sur terre. Elle se remet passionnément au travail et pousse ses limites en enchaînant les concerts, jonglant entre ombre et lumière.
Son hypersensibilité et ses émotions sont sublimées «au-dessus des nuages». Elle tisse ses notes et ses mots au rythme de sa tristesse ou de sa joie. Sur scène, elle est désinhibée. Elle se découvre une sensualité qu’elle dit ne pas connaître dans la vie quotidienne. Sa voix, puissante et harmonieuse, se déploie avec force. Sa démarche est féline, brute et unique. Dans sa mise à nu, elle est authentique et généreuse. Elle ne s’autocensure pas et va jusqu’au bout de son endurance.
À l’ouverture du Festival de Cannes, elle surprend le public par une prestation hors du commun. Sur une reprise de Modern Love de David Bowie, elle se défait de ses chaussures et se met à tourner, en chaussettes blanches, sur le tapis rouge sous les regards curieux des invités et celui admiratif de la présidente du jury, Greta Gerwig, vers qui elle se dirige, le sourire aux lèvres.
Zaho de Sagazan est un être libre. Sa liberté s’exprime dans ses notes, ses paroles, sa musique, son expression corporelle libérée, voire animale, et sa fidélité à ses proches et à son équipe. Ainsi, elle reste ancrée dans son essence et ne s’éloigne pas de l’essentiel. Son énergie est celle d’une femme puissante, qui ne redoute pas son énergie. Loin d’obéir aux cadres environnants, mais sans être non plus provocatrice, elle vibre et déploie son talent, en toute sincérité. Elle est toujours «en mouvement». L’artiste inspirante fait ainsi partie de ces «femmes sauvages» que la psychanalyste Clarissa Pinkola Estés décrirait dans son livre Femmes qui courent avec les loups: «ce qui bouge ne peut en général geler.»
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